Engagée depuis 2010 pour le développement économique de la filière outdoor, la promotion des pratiques sportives et la préservation des espaces naturels, l’association Outdoor Sports Valley s’allie cette année avec l’ONG Protect Our Winters afin de créer l’Ordinary Project, une académie pour former athlètes et marques.
« Je suis un joueur de tennis, que voulez-vous que je fasse ? », répondait Rafael Nadal lors d’une conférence de presse au Rolex Paris Masters 2020, quand le média Courts lui demandait comment les joueurs de tennis professionnels pouvaient changer leurs pratiques pour s’adapter au problème du réchauffement climatique . Montrer l’exemple à son public est un premier pas. C’est le but de l’Ordinary Project, une académie lancée par l’association Outdoor Sports Valley (OSV) et l’ONG Protect Our Winters (POW). Le projet, annoncé lors de l’évènement ChangeNow le 24 avril dernier à Paris, démarrera en octobre 2025, à l’occasion d’un bootcamp (ou camp d’entraînement) de 3 jours.
Pendant moins de 12 mois, cette académie sera composée, au maximum, de 15 duos, formés d’athlètes et de leur sponsor. OSV soutient vouloir “réinventer le sponsoring“, en permettant à des athlètes encore novices sur le sujet de suivre un accompagnement formateur sur les responsabilités sociétales. Ultra-médiatisés, les sportifs sont régulièrement des sources d’inspiration, encore plus depuis le succès des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Grâce à cette visibilité, OSV espère placer sous les projecteurs des sujets allant des enjeux des limites planétaires aux inégalités sociales.
Ordinary Project : un collectif engagé
D’octobre 2025 à juin 2026, les athlètes suivront donc une formation sur les responsabilités sociétales et environnementales, accompagnés par leur sponsor. Soucieux de ne pas mettre en difficulté les athlètes, ils pourront suivre les différents modules via une plateforme en ligne dédiée. Mais entre deux entraînements, ils s’engagent à suivre 5 heures de cours par mois, afin d’être prêts, avec leur partenaire financier, “à s’engager ensemble“. En besoin d’exemples et d’inspirations, ils seront soutenus par des pairs déjà reconnus dans le milieu pour leur engagement écologique. Selon Céline Brunel, directrice exécutive d’OSV, à travers la politique d’accompagnement et de soutien de l’association, celle-ci aidera les athlètes à répondre à la question : “Comment je mets en lumière les actions de mon sponsor, comment je sensibilise ma communauté ?“.
Consciente des (fâcheuses) habitudes des marques à tendre vers le greenwashing, la directrice souligne la vigilance des structures sur ce point-là. Parfois mal renseignées, elle rappelle l’importance pour les organisations de “se former et s’informer”, afin de ne pas tomber dans les travers de l’éco-blanchiment.
Tous les sports sont acceptés au sein de l’Ordinary Project. De fait, pour Céline Brunel, “c’est l’engagement collectif qui fera bouger les choses“, et de souligner l’importance d’activer “tous les leviers” nécessaires à la sensibilisation globale du public. Et pour élargir la portée des marques engagées, trouver son porte-parole : des athlètes assez novices, sensibles aux questions sociétales et environnementales, mais pas assez pour avoir déjà partagé les bons messages. Le sensibiliser lui ou elle, pour qu’il ou elle sensibilise à son tour.
Le sport de haut-niveau ne demande comme seul outil le physique de l’athlète – ou presque, on caricature – et peut donc s’arrêter du jour au lendemain. C’est pourquoi OSV et POW souhaitent aussi préparer ces acteurs à leur “vie d’après“, leur donner des éléments pour leur prochaine carrière. En prenant compte du fait que certains sont “réfractaires au changement”, Céline Brunel soutient ne pas vouloir uniquement mettre en lumière les grands exploits, environnementaux cette fois. “La prise de parole n’est pas simple, tout n’est pas parfait“, et les deux associations féliciteront les petit efforts autant que les grands. Certaines structures ont déjà entrepris plusieurs actions éco-responsables, mais celles-ci ne sont connues qu’en interne. Pourtant, ces questions sont sensibles aux coureurs, aux skieurs et à tous les autres sportifs pratiquant un sport outdoor, les confrontant – de plein fouet – aux effets du changement climatique.
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La montagne et ses athlètes en première ligne
Si certains athlètes ou acteurs des sports outdoor sont encore silencieux face à la crise écologique, ils seront tous impactés prochainement, d’autant plus si leur pratique se fait en milieu enneigé. Pour cause, “en première ligne du réchauffement climatique” se trouve la montagne, qui ne peut survivre dans sa forme actuelle dans un monde qui se réchauffe. Les glaces reculent, les roches s’effondrent, et la neige disparait. Les conséquences sont multiples, et continueront de croître si des changements structurels ne sont pas appliqués.
Définissant souvent la nature comme leur “terrain de jeux“, les athlètes sont, eux aussi, en première ligne du changement climatique. Et s’ils veulent toujours pouvoir pratiquer dans de bonnes conditions, il est nécessaire d’agir en conséquence et de se diriger vers un engagement durable plus large. Sans parler de méthode radicale, OSV et POW appellent, en excluant néanmoins le terme, à un soulèvement écologique de la part des athlètes et des marques.