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Coupe du Monde des clubs de football (2/2) – Matchs interrompus : un avant-goût du football de demain

Coupe du Monde des clubs de football (2/2) : avec 6 matchs interrompus, un avant-goût du football de demain
Bradley Barcola, sous le maillot du PSG. - © FIFA via Getty Images
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Quand la météo siffle la fin du jeu… Orages violents, chaleurs accablantes, et même tornades… Depuis le début de la compétition, les conditions climatiques perturbent le déroulement des matchs. À un an de la Coupe du monde 2026, les inquiétudes grandissent.

Notre dossier sur la Coupe du Monde des clubs de football

> Épisode 1 (1er juillet) : Quand trop de foot tue le foot
> Épisode 2 (2 juillet) : 6 matchs interrompus, un avant-goût du football de demain

Depuis le début de la Coupe du Monde des clubs, ce ne sont pas moins de 6 matchs qui ont été retardés ou interrompus à cause d’événements climatiques. Mais au-delà des orages et des tornades menaçant ces rencontres, les joueurs se plaignent également de la chaleur étouffante, qui fait souffrir les organismes et dégrade la qualité des pelouses. “Nos remplaçants ont regardé la première mi-temps depuis l’intérieur des vestiaires pour éviter le soleil brûlant” a écrit le Borussia Dortmund sur ses réseaux sociaux lors de leur victoire 4-3 contre les Mamelodi Sundowns. À un an de la Coupe du monde 2026 organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique, cette grande répétition inquiète. À quoi faut-il s’attendre ? Comment s’adapter ?

Coupe du Monde des clubs : “Les orages violents sont fréquents”

Les orages sont la cause majeure de tous ces arrêts. Ils sont parfois accompagnés de pluies diluviennes et de tornades. Le règlement impose une interruption du match disputé de 30 minutes dès qu’un coup de tonnerre retentit dans un rayon de 16 kilomètres autour du stade. Un protocole calqué sur les règles du championnat américain, plus exigeant qu’en Europe.

Toutefois, les événements climatiques sont courants pendant cette période. “Les orages violents sont fréquents au printemps et en début d’été, en particulier entre avril et juillet, indique Davide Faranda, directeur de recherche au CNRS en sciences du climat dans les colonnes de L’Équipe. “Pour qu’un orage se développe, il faut qu’il y ait de l’air chaud et humide, et les conditions sont donc réunies”, explique Camille Risi, chercheuse en météorologie dans Le Parisien.

À un an de la Coupe du monde des nations, organisée sur le continent, ces problématiques climatiques qui empiètent sur la pratique sportive inquiètent. Une étude publiée le 28 novembre dans la revue Nature montre même que sur les 16 stades où se dérouleront les matchs, 10 risquent d’exposer les participants à un stress thermique extrême. Les chercheurs ont pris en compte les conditions de température, d’humidité et de vent des 15 dernières années sur la même période que la Coupe du Monde. Pour les stades d’Arlington (USA), de Houston (USA) et de Monterrey (Mexique), il est question de températures moyennes avoisinant les 49,5° en pleine journée !

> Lire aussi : Coupe du Monde 2026 – Risques de stress hydrique et de déshydratation : une étude tire la sonnette d’alarme

Il faudra donc s’attendre à une sécheresse très forte, à des orages puissants et temporaires, et à des tornades, dans une mesure similaire, si ce n’est pire. “Les scientifiques internationaux savent que la fréquence et l’intensité des phénomènes est de plus en plus importante. Ça a tendance à s’accélérer de manière exponentielle. Les mêmes problématiques se poseront en 2026”, explique Antoine Miche, le président de Football Écologie France (FEF).

“Les gens ont plutôt tendance à forcer les choses”

Si le facteur économique a poussé tous les acteurs à prendre part à cette nouvelle compétition, nombreux n’en veulent pas. À commencer par les joueurs à qui cette compétition peut ajouter jusqu’à 7 matchs. Par exemple, si le Paris Saint-Germain va au bout de la Coupe du monde des clubs, le club parisien aura disputé pas moins de 60 matchs cette saison. “La FIFA a tendance à augmenter le nombre de compétitions existantes, et le nombre de matchs. À l’avenir, c’est plutôt l’inverse qu’il faudrait faire”, indique Antoine Miche.

Avec la nouvelle formule de la Ligue des Champions qui ajoute des matchs ou encore le Mondial 2022 au Qatar, il est clair que les problématiques climatiques et physiologiques ne stoppent pas les organisateurs des compétitions. “Aujourd’hui, les gens ont plutôt tendance à forcer les choses. Même pendant ces périodes très chaudes, où il est risqué de faire des événements sportifs, et bien, on les fait ! Et on essaye de pallier à ça avec des toits dans les stades, des pauses fraîches”, explique le fondateur et président de FEF.

Cependant, jouer sous de telles chaleurs peut être dangereux pour les athlètes. Comme le rappelle l’étude du WWF à propos de l’impact du dérèglement climatique sur la pratique sportive, la température optimale pour jouer au football se situe autour de 23 °C. Cette même étude démontre qu’il est fortement déconseillé de faire des efforts intenses quand le thermomètre dépasse les 32 °C. Le corps surchauffe alors et peine à se refroidir.

Changer la période et le lieu des compétitions pour s’adapter

Pour permettre à tous, joueurs comme supporters, de supporter la chaleur, Mike Tipton, chercheur de l’université de Portsmouth, propose que la finale de la Coupe du monde des clubs soit disputée à 9h00 du matin. “D’un point de vue thermo-physiologique, pour des raisons de santé et de performance, je chercherais à commencer les matchs le plus tôt possible”, détaille-t-il. Pour s’adapter au réchauffement climatique, les matchs pourraient maintenant se disputer le matin.

Un changement qui signerait la fin des “soirées” football, et donc des matchs en semaine, faute de supporters disponibles, les stades seraient vides. Ce moment de la journée étant un temps d’audience très important, il semble peu probable que les matchs se disputent à l’aurore. En revanche, pour rafraîchir les conditions de jeu, une solution pourrait être de jouer sur les lieux de compétitions. “Il y a une réflexion à avoir autour du lieu d’accueil de ces événements internationaux, dit Antoine Miche. Est-ce que c’est l’hémisphère nord ou l’hémisphère sud ? Parce que d’un côté, c’est l’hiver, et de l’autre, c’est l’été. Peut-être qu’un événement comme celui-là en juin, juillet serait plus pertinent dans l’hémisphère sud, si on souhaite avoir moins de phénomènes climatiques comme ceux-là.”

La question se pose alors d’arrêter l’organisation de compétitions dans certains pays trop impactés par les conséquences du changement climatique. Si cela peut éviter des phénomènes catastrophes, le climat reste aléatoire. Et avec des compétitions dont l’attribution se fait des années à l’avance, il est impossible de savoir précisément les conditions de pratique. “Il peut y avoir une interdiction de périodes dans certains pays. Des pays qui savent que chez eux, l’été, il fait 45 degrés pendant 2 mois, ils peuvent ne pas recevoir d’événements.”

Toutefois, cela pose des problèmes de discrimination. Pour un pays qui accueille une grande compétition sportive, c’est un moyen de rayonner et de booster son économie. L’en empêcher créerait inévitablement une inégalité. Néanmoins, cette situation a peu de chances d’arriver. “La FIFA, l’UEFA, etc. sont des organismes privés et font globalement ce qu’ils veulent. Si ces événements sportifs étaient organisés par des autorités publiques, on aurait des réflexions assez différentes, et pas uniquement économiques” poursuit Antoine Miche.

Les organisateurs de compétitions préféreront décaler l’événement sportif plutôt que de se mettre des pays à dos. Comme cela a pu être le cas avec la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Le cas échéant, changer les règles

Alors, une dernière piste d’adaptation reste… d’adapter les règles. Dans un premier temps, des compétitions. “Il y aura beaucoup plus de temps de chaleur sur une année. Donc ça va réduire les temps possibles pour faire du sport. Les terrains vont être abîmés et il y aura des temps de reconstruction. Quand le terrain est cramé pendant l’été et est inondé l’hiver, on ne peut pas reprendre dès le lendemain dessus”, indique Antoine Miche. On peut s’attendre à observer une hausse de la fréquence des matchs sur une période plus courte de l’année. À l’avenir, une saison se disputera peut-être de septembre à novembre, puis de février à mai.

Dans un second temps, des matchs. Pour s’adapter à la chaleur, et à l’enchaînement de match plus rapproché, les matchs pourraient être plus courts et fragmentés. “À mon avis, il y a des sports qui vont arrêter d’avoir des prolongations. Parce qu’en football ça rajoute deux fois 15 minutes. Peut-être qu’il n’y aura plus une mi-temps, mais trois arrêts, imagine le président de FEF. Peut-être que les matchs ne feront plus que 70 minutes. Mais comme il faut du spectacle, peut-être que les buts inscrits depuis l’extérieur de la surface vaudraient 3 buts”.

Les sports d’extérieurs sont les plus impactés par les événements climatiques. Et le football, se pratiquant sur une surface végétale, reste dépendant des événements climatiques. “Il n’y a pas 36 moyens de s’adapter, soupire Maël Besson, spécialiste des questions d’écologie dans le sport et fondateur de l’agence Sport 1.5, dans Le Parisien. J’ai peur qu’on arrive à un moment donné où on se retrouve face à des années tellement intenses en termes d’aléas climatiques que le sport devienne secondaire, comme c’était le cas lors du Covid.”

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