Votre tente est abîmée, trouée ou n’est plus imperméable ? Ne la jetez pas ! 909 Upcycling, jeune marque stéphanoise conçoit des vêtements outdoor à partir de toiles de tente usagées.
« Rien ne se perd, tout se transforme », telle est la célèbre maxime de l’économie circulaire. Alors que la consommation de masse et la fast fashion dans le secteur sportif ne cessent de croître, des petites structures mettent en œuvre leur ingéniosité à bon escient pour montrer que d’autres chemins plus sobres et moins impactants sur l’environnement et les humains sont possibles. C’est le cas de la marque stéphanoise 909 Upcycling, qui transforme notamment des tentes usagées en vêtements.
Le textile, une industrie très polluante
9,5 kgs. C’est la quantité de vêtements et de chaussures qu’un français achète en moyenne chaque année, selon l’ADEME. Dans le même temps, les Européens jetteraient annuellement 11 kgs de textile. Des produits qui, en fin de vie, sont, majoritairement exportés vers des pays comme le Chili ou le Ghana, véritables poubelles de la fast fashion et où poussent d’immenses déchetteries à ciel ouvert. Le poids carbone de l’industrie textile mondiale représente 4 milliards de tonnes de CO2eq, soit 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, toujours selon l’ADEME. Et le monde du sport n’échappe pas à cette logique de surconsommation. 70 millions de barils de pétrole sont nécessaires chaque année pour produire les fibres de polyester destinées aux textiles sportifs. Une multitude d’articles de sport et de loisirs finissent encore à l’enfouissement ou à l’incinération, et les tentes en font partie.
Pour remédier à cette gabegie et ces différents constats, Romain Coll et Léo Moja ont décidé de transformer l’existant et d’offrir une nouvelle vie aux matières oubliées.
Des vestes imperméables à base de toiles de tente usagées
Comme beaucoup d’initiatives éco-responsables, 909 Upcycling a vu le jour grâce à la crise COVID. Comme nous l’explique Léo Moja, l’un des fondateurs. « Notre histoire démarre en 2020 avec une vieille toile de tente oubliée dans un coin du garage et un drap. La marque renouvelle le regard porté sur les choses délaissées, un peu comme l’œil averti d’un fin collectionneur dans un débarras poussiéreux. Le nombre 909, évocateur, rappelle que chaque vêtement de la collection a une mission, être neuf sans neuf. »
Suite à plusieurs mois de recherches, le choix de Léo et son associé Romain Coll se portera sur la récupération de toiles de tente pour fabriquer des vestes coupe-vent imperméables et robustes. “On les capte auprès de plusieurs acteurs comme les particuliers, les événements, les fabricants de tentes civiles ou militaires, les distributeurs, les scouts, etc…” nous précise Léo.“De plus, les particuliers sont invités à ne plus jeter leurs vieilles tentes à la déchéterie mais à nous les expédier par Relais Colis directement à notre atelier situé à Saint-Étienne. Nous leur remboursons les frais d’expédition sur justificatif en bon d’achat à faire valoir sur notre collection made in tent.”
Après une première étape du côté de la Haute-Savoie où elle sont désassemblées, le tissu imperméable des tentes est ensuite retiré, lavé puis une nouvelle fois trié par grammage, couleur et taille avant d’être expédié dans les ateliers de Saint-Étienne. « La mission de 909 est de surcycler ou recycler des textiles en équipements outdoor premium » peut-on lire sur le site internet. Ici, aucune volonté de viser un chiffre d’affaires exponentiel. Chaque produit est unique et en nombre limité, la qualité plutôt que la quantité. Enfin, depuis cette année, 100% de la production est réalisée en France.
Une gamme qui s’étoffe
Après la veste softshell, 909 a désormais élargi son catalogue produits en proposant des sacs de voyages, des houses d’ordinateurs, des t-shirts ainsi que des pantalons et shorts de sport. L’état d’esprit reste inchangé puisque l’upcycling et le nombre de pièces limitées sont toujours au cœur du projet. En plus des toiles de tente, des chutes de tissus sont également récupérées et recyclées. En complément, pour certaines pièces, les deux amis ont fait le choix de la filière biologique pour le coton, mais toujours dans une volonté de revalorisation de stock « mort ». Pour aller encore plus loin dans la démarche, les t-shirts sont, par exemple, fabriqués en France par un partenaire employant des personnes en situation de handicap. Enfin, la plupart des produits sont en stock limité, voire en pré-commande.
Durabilité, qualité, circuit-court, revalorisation, sobriété… À travers ses piliers 909 Upcycling montre clairement la voie à une industrie textile qui nécessite de se réinventer en profondeur plutôt que de continuer sa fuite en avant au nom du Business As Usual.
