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Phenix, le nouvel équipementier éco-responsable et accessible

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Olivier Guigonis et Paul-Emmanuel Guinard, les deux co-fondateurs de Phénix (Crédits : La Tribune Côte d'Azur)
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Le textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, avec 1,7 milliard de tonnes de CO2 émis par an. Un constat qui a alarmé Olivier Guigonis et Paul-Emmanuel Guinard, les co-fondateurs de Phenix, le premier équipement sportif éco-responsable aux prix accessibles ! Interview avec Olivier Guigonis.

Phenix se veut être le premier équipementier éco-responsable du sport amateur. Quel est le concept de Phenix et comment vous est venue l’idée ?

L’idée a germé il y a bien longtemps… elle a 5 ans ! Mais le confinement a été le déclencheur… Nous créons des équipements de sport à partir de polyester recyclé. Nous récupérons des bouteilles de plastique dans les océans, qui deviennent des granules qui, une fois fondues, deviennent des fils qui servent à fabriquer nos équipements. Le procédé n’est pas révolutionnaire, il existait déjà. Ce qui nous différencie, c’est que nous récupérons les maillots en fin de saison ou de compétition pour les remettre nous-même dans le circuit de recyclage. Ainsi, nous ne donnons pas qu’une deuxième vie au produit mais aussi une troisième vie !

Vous parlez d’un modèle durable et circulaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous travaillons avec l’entreprise espagnole Antex, qui recycle les matières textiles, pour voir ce que nous pouvons faire de nos maillots après cette troisième vie. On peut en refaire du textile, mais pas de sport car la fibre est trop broyée. Nous pourrions en faire du plastique, que nous pourrions ensuite revendre à des entreprises industrielles dans l’aéronautique ou l’automobile. Renault utilise d’ailleurs ce système pour faire les sièges de leur Zoé. Nous sommes donc dans ce type de discussions, mais rien n’est signé. Nous travaillons aussi à créer des ballons, des protège-tibias ou des cônes à partir de nos maillots de sport. Le plus important est que notre textile en fin de vie soit recyclé.

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Associé à ce modèle circulaire, il y a une réflexion économique et philosophique. Nous ne vendons pas de maillots de sport, nous vendons son usage ! Chez Phenix, nous disons aux clubs : « vous n’achetez pas un maillot, vous achetez l’équipement dont vous avez besoin pour faire du sport ». En effet, les clubs amateurs n’achètent pas un maillot comme un fan achète un maillot de son club favori. Ce n’est pas le même usage. Nous fournissons donc l’équipement aux clubs de sport, et nous les renouvelons. Les clubs ne sont pas obligés de payer en une fois, mais peuvent étaler cette charge à l’usage sans aucun frais supplémentaire. Nous récupérons ensuite les maillots tous les ans ou tous les 2 ans et nous renouvelons ainsi notre parc de maillots, à l’instar des parcs automobiles.

Quels retours avez-vous des clubs amateurs sur votre projet et les produits ?

Nous avons de super retours, plus que ce que nous pensions. Nous avons lancé notre projet le 1er juin. En un mois, nous traitons déjà plus de 20 demandes, qui sont toutes entrantes. Il y a du football, du rugby, du running et du badminton : il y a un véritable intérêt des clubs, car nous répondons à des critères contemporains. Être éco-responsable relève presque de l’obligation aujourd’hui. Les clubs intéressés sont extrêmement engagés. Nous ne sommes jamais dans une discussion de prix, en tout cas ce n’est jamais le critère principal.

Le sport amateur est votre axe principal. S’insérer dans le sport professionnel est un objectif ?

Cela fait partie des projets futurs. Des clubs de différents sports nous ont déjà contactés. Avec les clubs professionnels, il est beaucoup question d’économie. Signer avec un club pro pour dire que nous avons signé avec un club pro ne nous intéresse pas. Notre objectif est de travailler avec ces clubs sur l’activation : que fait-on sur l’éco-responsabilisté, que fait-on pour l’environnement… Les clubs professionnels sont vecteurs d’image, pour l’industrie du sport, les fans et les enfants. De toute manière, nous signerons avec des clubs qui seront engagés dans cette démarche.

Comment faire changer les mentalités quand, dans le football professionnel par exemple, on voit les joueurs changer de maillot à chaque mi-temps ? Les clubs sont-ils assez matures pour ça ?

Les clubs, je ne sais pas. Ce qui est clair et net, c’est que le public est mature ! Il attend du changement, nous venons de le voir lors des dernières élections municipales. Je ne sais pas si le public a bien conscience, par exemple, que les joueurs de foot changent de maillot à la mi-temps. C’est au sport professionnel et amateur de prendre conscience des réalités et de jouer pleinement son rôle sociétal. Il faut aussi revenir à l’essence même du sport, c’est-à-dire les associations sportives. Le sport éduque nos enfants, c’est une vertu sociétale très importante. Les clubs doivent se rendre compte que c’est un enjeu de société et doivent proposer des actions.

Chez Phenix, nous croyons beaucoup à cette démarche alternative et nous voulons qu’elle soit crédible. La question du prix revient forcément. Nous voulons permettre l’accessibilité du produit éco-responsable, nous ne voulons pas être une marque premium, une marque plus chère que le dernier maillot Nike. Nous ne sommes ni les moins chers, ni les plus chers, nous sommes dans le prix du marché. Notre offre se veut crédible. Le modèle économique a été construit de sorte à ce que nos produits soient accessibles. C’est notre première démarche. Bien sûr, on ne pourra pas être aussi peu cher que Joma ou Nike qui fabriquent leurs maillots au Bangladesh, mais on ne veut pas être plus cher non plus. Les mentalités ont changé et si nous leur disons que nos maillots éco-responsables ne sont pas plus chers que les maillots Puma, les clubs seront alors enclins à faire cette démarche.

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