L’ONG WWF France vient de publier un rapport sur l’impact alarmant du dérèglement climatique sur la pratique sportive, les équipements et les sites de pratique, et propose des recommandations pour que les acteurs du sport s’emparent du sujet dès maintenant.

Canicules, incendies, accélération de la fonte des neiges et des glaciers et multiplication des sécheresses, et élévation du niveau de la mer, les effets déjà bien ressentis du dérèglement climatique s’accentuent… Le sport et ses 36 millions de pratiquant(e)s n’échapperont évidemment pas à ces conséquences désastreuses. Et l’ONG WWF France alerte.

« D’après les scientifiques et les rapports du GIEC, plusieurs avenirs climatiques sont encore possibles en fonction de l’ambition et des décisions à venir pour changer de modèle : celui d’un monde vivable si le dérèglement climatique est contenu nettement en dessous de 2°C – avec le besoin de s’adapter à ces effets dès maintenant – ou celui d’un monde à 3, 4, 5°C, voire plus, intenable pour l’avenir de l’humanité » explique le WWF France en préambule d’un rapport réalisé dans le but d’anticiper et d’alerter sur le contexte climatique futur auquel les sportifs devront faire face. Avec le soutien financier du Ministère des Sports, l’ONG a analysé dans ce rapport deux scenarii d’évolution climatique : un scénario à +2°C de température mondiale moyenne et un scénario à +4°C.

Le sport largement touché par le dérèglement climatique

Sans surprise, le sport va subir les effets de ce dérèglement, comme toutes les autres activités humaines. Avec l’augmentation des vagues de chaleur, la santé de la population et des sportif(ve)s sera mis à rude épreuve. « Une pratique sportive au-dessus de 32°C est d’ailleurs déconseillée », explique le WWF. « Dans ces conditions, le réchauffement climatique pourrait faire perdre jusqu’à 24 jours de pratique sportive dans un monde à +2°C, et jusqu’à 2 mois dans un monde à +4°C, désorganisant les pratiques individuelles, celles encadrées par les clubs, les établissements scolaires, etc. »

Isabelle Autissier, présidente d’honneur du WWF France s’est exprimée : « Le dérèglement climatique nous frappe de plus en plus à mesure que la terre se réchauffe. Nous, sportifs, en subissons également les conséquences de plein fouet : quelle skieuse sans neige ? Quel régatier dans des mers couvertes d’algues toxiques ? Le climat influe sur les performances, mais également sur la pratique du sport en elle-même : en France, un monde à +4°C ferait perdre jusqu’à 2 mois d’activité sportive par an. Mais il signe aussi la fin des performances sportives : comment imaginer battre de nouveaux records dans ces conditions ? Dans ce contexte préoccupant, nous autres, sportifs, devons montrer l’exemple et rendre les espoirs de changements crédibles et atteignables. Les acteurs du sport doivent s’engager dans l’action climatique et la préservation de l’environnement. Nous avons tous un rôle à jouer ! »

Si les activités et leurs pratiquant(e)s seront touchés par le dérèglement climatique, ce ne seront pas les seules conséquences. Les équipements et sites de pratique sportive vont aussi les subir de plein fouet, les stades gazonnés et les sites d’activités nautiques par exemple. « Dans un scénario à +4°C, la relocalisation de presque un quart des clubs situés sur les littoraux français deviendrait potentiellement incontournable d’ici la fin du siècle. Ce chiffre s’élèverait même à un club sur trois, si on ne considère que la façade méditerranéenne. » Concernant les stades, les épisodes de sécheresse viendrait mettre à mal les pelouses. « Une hausse de la température moyenne planétaire de +2°C (1°C supplémentaire par rapport à aujourd’hui) pourra entraîner 5 à 20 jours de vagues de chaleur supplémentaires pour presque la moitié des stades français. Si plusieurs solutions peuvent être adoptées pour limiter le stress hydrique des pelouses (arrosage, ventilation avec brumisation…), elles ne sont malheureusement pas toujours viables et souhaitables » explique le WWF.

Les salles de sport ou les activités de sports d’hiver seront aussi menacées. Les premières par un confort thermique largement amoindri qui nécessitera de lourds travaux et une gestion plus coûteuse des équipements, et une accessibilité à la baisse. Les secondes par un enneigement toujours en baisse, de manière inégale, et qui va peser sur l’économie des stations.

Les recommandations du WWF France

Le rapport est accompagné de recommandations faites par l’ONG française. Afin d’engager le monde du sport à devenir des défenseurs du climat et de la biodiversité, le WWF France recommande par exemple que l’ensemble des activités du monde du sport soient alignées avec les objectifs de réduction de l’impact sur le climat (Accord de Paris) et la biodiversité, et que le secteur du sport se mobilise pleinement pour la protection de l’environnement à l’instar des mobilisations contre les discriminations dans le sport.

Sur le premier point, le WWF précise : « Les instances sportives doivent intégrer des exigences environnementales dans tous les aspects du sport, que cela soit dans l’organisation des événements sportifs, l’attribution de financements, les cahiers des charges de construction et le soutien à la rénovation des équipements sportifs ou encore dans l’évolution des règlements sportifs. Elles doivent également accompagner la transition écologique du sport en donnant les outils nécessaires pour évaluer et réduire l’impact des activités sportives sur l’environnement ; de mesurer et anticiper les conséquences du dérèglement climatique, et d’anticiper les adaptations nécessaires. »

Sur le second point, l’ONG appelle à plus de sensibilisation de la part des organisations sportives : « Les fédérations peuvent faire évoluer les comportements en incluant mieux l’éducation à l’environnement et au développement durable dans les contenus pédagogiques de leurs programmes éducatifs. Les grands événements et organisations sportives peuvent imposer des exigences environnementales à leurs partenaires, leurs fournisseurs et leurs sponsors, mais aussi recommander des comportements vertueux à leurs publics et bannir les sponsors prônant des produits néfastes pour l’environnement. »