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Rallye Dakar : la stratégie écologique s’enlise…

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© Crédits : Getty Images
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Le Rallye Dakar souhaite réduire son impact écologique avec des véhicules hybrides et hydrogène, mais aussi en équipant le bivouac en énergie renouvelable. Mais pour le moment, bien peu d’actions ont été mises en place…

Depuis près de 45 ans, le Rallye Dakar sillonne les déserts européens, africains, sud-américains et désormais persiques. Si la compétition automobile a su se réinventer pour s’adapter à l’arrivée de nouveaux véhicules tout terrain et proposer toujours plus de spectacle, un an après le lancement de la stratégie Dakar Future pour la transition écologique, bien peu d’actions ont été mises en place.

Comme bon nombre d’autre compétitions automobiles, à commencer par le WRC, certaines équipes du Rallye Dakar se sont tournées vers les technologies hybrides afin de réduire leurs émissions de CO2 et pour obtenir de meilleures performances. Sur cette édition 2022, c’est surtout Audi qui a su se démarquer en remportant plusieurs spéciales et en annonçant réduire de 40% les émissions de carbone de ses véhicules, qui consomment environ 300 litres de carburant par spéciale – exactement comme les autres équipes… Le Rallye Dakar pourrait même devenir électrique un jour. L’Extreme E est la preuve qu’une course en milieu hostile est faisable. Mais si les équipes mettent en avant le côté écologique de leurs véhicules à batterie, il est bien difficile de se brancher à une prise secteur au cœur du désert saoudien. De ce fait, pour charger les véhicules hybrides il faut se tourner vers des groupes électrogènes fonctionnant… aux énergies fossiles !

Le multiple champion français Sébastien Loeb a fait part de son opinion quant aux véhicules hybrides sur le Dakar : « Est-ce que c’est écologique ? Je n’en sais rien (…), il y a quand même un moteur thermique qui tourne à bloc en permanence pour charger la batterie. »

De nombreuses équipes essaient depuis l’année dernière de développer et/ou adapter la technologie hydrogène à leurs véhicules. Cela pourrait permettre de parcourir les centaines de kilomètres des spéciales en ne rejetant que de l’eau dans l’atmosphère. Mais encore une fois, le problème vient de la source de l’énergie primaire : l’électrolyse permettant d’extraire l’hydrogène consomme aujourd’hui plus d’énergie que la combustion de l’hydrogène n’en produit, encore plus si le générateur placé au milieu du désert est alimenté par du pétrole. Le Rallye Dakar se donne jusqu’à 2030 pour développer des technologies à faibles émissions. Finalement, la meilleure solution pourrait se trouver dans les biocarburants, utilisés notamment en WRC ou en Formule 1.

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Déchets et transports en question…

La transition énergétique du Dakar dépend surtout de sa capacité à alimenter le camp en électricité, de préférence d’origine renouvelable, évidemment. En effet, toute la vie sur le camp pour les 3.500 personnes de la caravane (pilotes, mécaniciens, infirmiers, presse) dépend de générateurs alimentés en essence et diesel. Les organisateurs se donnent 2 ans pour régler ce problème et équiper ce grand bivouac en panneaux solaires, la solution qui semble la plus adéquate étant donné l’environnement ensoleillé des déserts.

En plus de l’énergie, la question de la gestion des déchets se pose, au milieu du désert. Si l’utilisation de plastique à usage unique a fortement augmenté à cause des mesures sanitaires dues à la Covid, les organisateurs auraient pu se tourner vers des ustensiles et autres accessoires en carton, bambou et biodégradables.

Comme pour tout grand événement sportif, le transport est la problématique difficile à résoudre, a fortiori quand on est fortement encré dans le monde du pétrole comme le Dakar. Aujourd’hui, la plupart des déplacements entre les étapes sont réalisés avec des camions qui transportent le camp et les véhicules. Le personnel voyage encore beaucoup trop en avion, d’après David Castera, le Directeur du Dakar. A ces mobilités, se rajoutent les nombreux hélicoptères mis à disposition des journalistes et des services de santé. Bien que nécessaires pour les seconds, ils contribuent également à augmenter l’impact carbone du rallye.

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De nombreuses solutions pour rendre le Dakar plus écologique semblent se présenter, mais bien peu d’entre elles semblent être utilisées par les organisateurs. Nous le savons, l’adaptation permet la survie. S’il ne se modernise pas rapidement, le Rallye Dakar pourrait en pâtir, la compétition pourrait rapidement être refusée dans certains endroits du monde désireux de ne pas être associés à une image polluante. Les équipes et constructeurs pourraient aussi se désengager. Reste aux organisateurs et aux pays d’accueil de mettre en place les mesures les plus efficaces pour réduire l’impact environnemental de cette compétition tout-terrain.

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Florent Montoya
Florent Montoya

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