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Antoine Miche (FEF) : « Sans planète viable, il n’y a pas de loisirs et donc pas de football »

Antoine Miche Football Ecologie France Ecolosport
© TBS Alumni
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Créé il y a plus de deux ans, Football Ecologie France s’est imposé dans le monde du ballon rond. Antoine Miche, son Président, nous parle de l’association, de ses missions et de ses projets. Il porte aussi un oeil intéressant sur l’état du football et de l’écologie.

Pour ceux qui ne connaissent pas Football Ecologie France (FEF), pouvez-vous présenter l’association et ses missions ?

Antoine Miche : Football Ecologie France est une association d’intérêt général à but non-lucratif qui rassemble des citoyens passionnés de football et d’écologie, qui sont experts dans ces domaines-là et qui, partout en France, accompagnent les clubs de football et les collectivités sur la façon dont on peut inclure l’écologie dans le quotidien d’un club de foot. Cela passe par des actions de terrain, par de la réflexion sur l’évolution des infrastructures, de la politique sportive de la ville ou des événements organisés par chaque club pour qu’ils deviennent plus éco-responsables.

En plus de deux ans, l’association compte plus de 30 antennes en France, 400 bénévoles, 5 salariés et 150 adhérents – qui sont des clubs, des collectivités ou des entreprises qui délivrent des solutions liées à l’écologie et au sport.

Quel bilan tirez-vous de l’année 2021 pour Football Ecologie France ?

Antoine Miche : Il s’est passé beaucoup de choses en 2021 ! D’abord, nous avons fortement déployé notre serious game : la Fresque Ecologique du Football, un atelier ludique et collaboratif qui permet en deux heures de comprendre ce que signifie l’écologie dans l’univers du football. Nous parlons beaucoup des solutions à la fin de ce jeu, et cela permet d’activer les participants à créer un plan d’actions dans leur club. Nous pouvons ensuite intervenir dans ces clubs tout au long de la saison, sur des événements spécifiques. Cette fresque a été un succès !

Nous avons aussi sorti le livre blanc sur l’éco-supporterisme, qui a permis de faire le point sur la place de l’éco-responsabilité dans le football et de montrer des bonnes pratiques. Au delà d’avoir des citoyens – qui sont des experts – en interne et qui vont accompagner des clubs, on a aussi cette capacité à faire rayonner ces bonnes pratiques. Le livre blanc a bien fonctionné et nous a permis de sortir dans la foulée une infographie, qui résume la façon dont les Français voient le football, la transition écologique et le lien entre ces deux domaines.

Antoine Miche Football Ecologie France Ecolosport
© Football Ecologie France

Nous avons aussi eu quelques événements plus classiques. Nous avons participé au World Clean Up Day. Nous avons aussi fait une tournée estivale qui s’appelle Foot Lab avec l’agence SPK et Intersport, il y a eu beaucoup de choses… Globalement, nous essayons de nouer des partenariats qui nous aident à déployer les solutions sur le terrain. Je pense à la Métropole et la Ville de Lyon, la Fondation EDF, l’ANESTAPS, la MAIF et l’ADEME… Ces partenariats nous permettent aussi d’inciter les territoires à s’engager sur le sujet. Plus récemment, nous avons beaucoup participé à la Semaine Olympique et Paralympique 2022

Justement, quels sont vos projets pour l’année 2022 ?

Antoine Miche : 2022 est une année particulière, car il y a la Coupe du Monde au Qatar, un événement très décrié, que je considère comme hors-sol et qui a été créé à une époque où les enjeux écologiques n’étaient pas pris en considération. Nous nous retrouvons avec une Coupe du Monde qui, d’un point de vue social et environnemental, est vraiment inacceptable. Nous allons faire en sorte que cet événement soit un sujet de discussion et de médiatisation.

Notre ADN est de présenter des solutions pour que le football devienne éco-responsable et que l’on fasse passer à l’action les personnes concernées par cela – individus, clubs, décideurs et professionnels du football. Nous allons avoir toute une série de temps de communication et d’outils qui vont jalonner l’année. Nous allons refaire une consultation nationale citoyenne sur le football et la transition écologique. Nous allons organiser dans plusieurs villes en France des événements « pré-Qatar », avec des tables rondes, des ateliers de découverte de la Fresque Ecologique du Football, que nous allons continuer à déployer. Avant cela, nous allons aussi lancé de nouveaux outils comme un e-learning et un guide opérationnel de l’éco-supporter.

Êtes-vous optimiste sur la mutation du football amateur et professionnel vers une pratique et une organisation plus responsable ?

Antoine Miche : Sur le football amateur, je suis assez positif car il s’agit de personnes qui vivent au quotidien les choses et qui savent que faire du sport, ce n’est pas seulement ça. Ils savent que dans un club, on est très enclin à parler d’éducation, de savoir-être, de cohésion sociale. Nous ne sommes pas seulement dans la performance mais aussi dans la socialisation. Les clubs amateurs sont très présents sur ces sujets-là et de plus en plus sur la question de l’écologie. Je n’ai pas d’inquiétude particulière à ce sujet.

Sur le football professionnel, il y a encore une forme de déconnexion avec la réalité de la société en général, et pourtant, ce sont les clubs que nous voyons tous les jours à la télévision, qui ont un niveau d’influence extrême. C’est aussi le cas des joueurs très connus. Je pense que le foot professionnel a besoin d’être plus présent sur ces sujets-là. Nous pouvons leur apporter des solutions. Ce qui a été inventé pour le football amateur peut très bien se diffuser dans le monde professionnel. Il y a quelques événements, quelques actions qui ont été organisées, certains clubs ont signé des chartes ou des engagements. C’est intéressant, c’est une forme de fil rouge, mais ces sujets ne sont pas intégrés à la stratégie des clubs. Nous invitons les organisations du football à le faire ! Tout sujet qui n’est pas dans la stratégie d’une organisation n’existe pas. Cela veut dire qu’il n’y a pas de feuille de route, qu’il n’y a pas de moyens dédiés, qu’il n’y a pas eu de travail avec ses parties prenantes…

Football Ecologie France Ecolosport
© Football Ecologie France
Ces clubs sont souvent d’abord dans une logique financière. Comment les convaincre que ce sujet est prioritaire ?

Antoine Miche : Ce qu’ils devraient comprendre, c’est que s’il n’y a pas de société et de planète viable, il n’y a pas de loisirs et donc pas de football. Quand une société dépérit, on ne peut pas imaginer croitre normalement. Leur premier actif, c’est une société stable et une planète sur laquelle on peut jouer au football. Ils doivent réfléchir à cela. Il faut se dire que la base pour l’avenir est plus intéressante si on préserve la planète et si on contribue à cela. Ce n’est pas forcément dans la tête des dirigeants. S’ils comprennent ça, ils vont intégrer ce sujet dans leur stratégie.

Football Ecologie France a remis au goût du jour l’ÉCO-SUPPORTERISME. Pensez-vous que les fans des clubs sont prêts à bousculer leurs habitudes et à supporter leur équipe en étant plus éco-responsable ?

Antoine Miche : On pourrait se dire que les supporters n’ont pas grand chose à faire de ces sujets-là quand ils supportent leur club. La réalité, c’est que chaque supporter est un citoyen. Les citoyens sont de plus en plus actifs au sujet des enjeux environnementaux et écologiques. Nous voyons de plus en plus de gens nous rejoindre, en tant que bénévole par exemple, qui ont envie que leur activité passionnelle devienne aussi éco-responsable.

Chez FEF, nous sommes nombreux à travailler autour du football, à le pratiquer ou à le regarder. Nous avons tous envie d’avoir un raccord entre nos vies citoyenne et passionnelle. C’est ce que nous avons constaté dans notre consultation en 2020, et c’est ce que nous voyons au quotidien aussi. Les gens qui nous rejoignent sont des fans de football, qui ont compris l’enjeu écologique et qui veulent que chacun devienne éco-supporter. Cela nécessite de changer sa pratique, sa façon de s’alimenter, d’aller au match et aussi de soutenir un club. Si un club s’engage dans cette voie, il faut qu’il soit soutenu par ses supporters, qu’ils se disent que l’engagement est sincère, efficace et durable et qu’ils vont suivre ce mouvement.

© Photo à la une : TBS Alumni

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Michaël Ferrisi
Michaël Ferrisi

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