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Alan Brazo, rugbyman pro et doctorant en océanologie

Alan Brazo USAP Perpignan Oceanologie Ecolosport
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Rugbyman professionnel à Perpignan pour l’USAP, Alan Brazo (29 ans) est aussi doctorant en océanologie, où il étudie la sauvegarde d’une espèce en particulier, le poisson corb. Ecolosport s’est entretenu avec ce 3ème ligne, aussi engagé sur un terrain que sous l’eau.

Alan, quand est-ce que vous avez commencé à vous passionner pour les milieux marins ?

Alan Brazo : J’étais d’abord intéressé par les milieux aquatiques, pas forcément marins, car j’ai grandi à Castres et je n’avais pas un rapport proche à la mer. Mon grand-père m’a transmis sa passion pour la pêche. Très jeune, je passais mon temps libre au bord des lacs et des rivières. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours porté un grand intérêt au milieu aquatique. J’étais intrigué, je voulais comprendre comment cela se passait, donc je lisais beaucoup sur ça.

Intéressé au point d’en faire vos études, en parallèle de votre carrière de rugbyman ! Après une licence Sciences de la terre et de l’environnement et un master en géo-science marine et environnement aquatique, vous vous êtes lancés dans une thèse en océanologie. Expliquez-nous…

Alan Brazo : Je viens d’une formation générale. Quand j’étais petit, je ne me disais pas que je voulais devenir chercheur en biologie. Au fur et à mesure, je me suis tourné vers la biologie marine et l’océanologie. Au cours de mes études, j’ai intégré un centre de recherches lors d’un stage en Master 2, en partenariat avec la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls. Ce stage s’est bien passé et a soulevé des problématiques. En en discutant avec le directeur, il trouvait intéressant de transformer ces problématiques en sujet de thèse.

Aujourd’hui, je travaille donc sur l’amélioration des connaissances sur le corb, une espèce de poissons en Méditerranée menacée et donc protégée depuis quelques années. Un moratoire a été mis en place pour protéger les dernières populations présentes dans les réserves marines. L’idée derrière cette thèse est de donner des directives aux réserves et parcs marins et d’améliorer les connaissances sur son cycle de vie, sa reproduction, les juvéniles, pour mieux protéger cette espèce.

Pour quelle raison cette espèce de poissons est menacée aujourd’hui ?

Alan Brazo : Comme tous les poissons menacés aujourd’hui, il est bon à manger. Cette espèce est considérée comme le « poisson-trophée » ou le poisson noble des côtes. Il a un comportement peu craintif et même curieux et vit donc dans des zones peu profondes. Tous ces facteurs font que c’est une proie assez facile pour la chasse sous-marine. Il y en a donc eu de moins en moins… On n’en trouve quasiment plus que dans les réserves aujourd’hui.

Alan Brazo USAP Perpignan Oceanologie Ecolosport
3ème ligne de l’USAP, Alan Brazo est aussi doctorant en océanologie – © USAP
Est-il difficile de mener ce double projet de rugbyman professionnel et de doctorant ?

Alan Brazo : La première partie de la thèse, très méthodologique, était très intéressante. Ensuite, il y a eu la partie « terrain » où nous avons mis en place notre système de suivi pour l’amélioration des connaissances sur le corb. Cette partie était plus difficile, car les sorties étaient surtout de nuit, et les caler entre deux grosses journées d’entrainement était compliqué. Il y avait beaucoup de fatigue physique et mentale. Aujourd’hui, je suis dans la partie rédactionnelle, où je me retrouve beaucoup plus seul. C’est facilitant car je peux travailler sur mon temps libre chez moi, mais c’est aussi plus difficile en termes de motivation… Je préfère être avec mes collègues dans un laboratoire !

Une fois que vous rangerez les crampons, quel est donc votre projet ? Enseignant-chercheur ?

Alan Brazo : Je ne sais pas encore. Mon objectif principal est de terminer et valider au plus vite ce doctorat. J’ai publié mes premiers articles scientifiques, d’ailleurs. L’enseignement me plait bien, j’ai donné mes premiers cours à l’université et cela m’a plu, mais je ne sais pas si j’en ferai mon métier. Il y a aussi la recherche, mais je pense me destiner plutôt à un travail de terrain, plonger et être sous l’eau. Je compte garder l’aspect scientifique évidemment.

La Méditerranée est la mer la plus polluée au monde aujourd’hui. Vous vous sentez dans l’obligation d’agir pour protéger les milieux marins et leur biodiversité ?

Alan Brazo : Je l’ai toujours pris en compte, mais je ne me proclame pas écologiste. Je suis passionné de pêche, donc il y a un impact, par exemple… Mais par mes études et les plongées que j’ai pu faire, j’ai pu être au coeur de ce milieu et en voir sa beauté et sa fragilité. On n’est pas Zorro, on ne va pas supprimer demain toutes les pollutions. De nombreuses choses, assez simples, peuvent néanmoins être évitées et j’essaye d’y sensibiliser mon entourage. À travers mon club, ou en dehors, j’essaye de participer à des opérations de ramassage de déchets. Cela ne coûte rien mais a un grand impact. La pollution plastique, touche les milieux marins mais pas que. Les microparticules font partie de la chaine alimentaire, et donc de nous. Je suis sensible à tout cela bien sûr, mais je ne suis pas un extrémiste.

Alan Brazo USAP Perpignan Oceanologie Ecolosport

Vous êtes aussi un passionné de pêche et vous le montrez sur les réseaux sociaux… Parlez-nous de cette autre passion…

Alan Brazo : Je suis un passionné de pêche et mon cursus universitaire m’a permis de mieux comprendre le cycle de vie des poissons et les écosystèmes. Beaucoup opposent la pêche à l’écologie et, sur le papier, ils ont peut-être raison. Mais j’essaye de sensibiliser et d’expliquer par exemple à mon entourage les différences entre les pêches à la ligne et au filet. La première est plus sélective, on peut choisir l’espèce que l’on veut pêcher, choisir sa taille et choisir de les relâcher. Il faut prendre conscience des différents modes de pêche. On ne peut pas demander aux pêcheurs professionnels de ne faire que de la pêche à la ligne mais il y a des moyens de mieux pêcher, avec des mailles de capture qui vont permettre aux plus petits poissons d’être lâchés et de se reproduire, avec des fermetures par espèce… Les pêcheurs ont un rôle important dans la mise en place de ces mesures de gestion.

Les réserves marines sont les exemples les plus frappants. La réglementation y est plus stricte : mailles, quotas, fenêtres de capture… Sur le long terme, ça fonctionne ! Je connais bien la réserve de Cerbère-Banyuls, je peux vous dire que la différence entre les poissons qu’il y a dans cette réserve et ceux qui sont à l’extérieur est flagrante. Les quelques pêcheurs qui ont le droit de venir dans la réserve sont les plus heureux car il y a une bonne quantité de poissons. On doit prendre conscience de tout cela, et les réserves et parcs, qui doivent être de plus en plus nombreux d’ici 2030, nous aident à mieux comprendre.

Quand on laisse un peu de repos à la nature, elle reprend ses droits. Dans les années 80, des comptages ont été faits, et 8 mérous avaient été comptabilisés. Aujourd’hui, on est sur une échelle de 400 à 500 mérous. Cela s’applique aussi au thon rouge, par exemple. C’est long, ça prend 40 ans, mais quand on diminue les menaces, la biodiversité marine renait. Si des mesures sont prises, je ne suis pas pessimiste pour l’avenir, cela peut s’améliorer !

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Michaël Ferrisi
Michaël Ferrisi

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.