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Série « Revert » (1/3) – V. Fraisse : « Optimiser l’impact environnemental de Roland Garros »

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L’édition 2022 de Roland Garros a démarré le 22 mai dernier. L’occasion pour Ecolosport de faire une série de 3 articles sur l’engagement environnemental du tennis français. Voici la série « Revert ».

Série « Revert » (1/3) – Ecolosport s’est entretenu avec Viviane Fraisse, responsable RSE de la Fédération Française de Tennis, qui organise Roland Garros. Elle évoque les engagements pris par la FFT et le rôle des tennis(wo)men.

ROland Garros est l’un des tournois les plus importants dans le monde du tennis. Pouvez-vous nous parler de la stratégie de développement durable de Roland Garros ?

Viviane Fraisse : Nous avions commencé par une charte environnementale en 2008, puis nous avons basculé vers une stratégie globale de développement durable pour Roland Garros en 2014 et avons certifié le tournoi ISO 20121 dès cette même année. Cette certification vient valider l’intégration dans notre organisation et notre management d’événement des critères de développement durable. Il y a des critères d’inclusion, de solidarité et des critères environnementaux. Très rapidement, nous avons voulu optimiser notre impact environnemental. Nous nous devons de sensibiliser et d’éduquer au développement durable. Nous travaillons notamment avec les joueurs qui sont nos ambassadeurs. Nous croyons beaucoup au fort pouvoir que peuvent avoir les athlètes de haut-niveau, avec leur valeur de modèle, pour sensibiliser et faire passer nos messages. On essaye d’être le plus qualitatif possible.

Quatre thématiques de réduction et de biodiversité ont aussi été identifiées. D’abord l’alimentation. Nous avons une charte d’alimentation durable depuis 2016, avec la Fondation GoodPlanet, avec des objectifs très précis pour nos restaurateurs et traiteurs : localité, végétalisation, saisonnalité, etc. Nous luttons contre le gaspillage alimentaire en donnant les invendus via Le Chaînon Manquant. Nous proposons aussi des produits identifiés meilleurs pour le climat.

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©Amelie Laurin / FFT

Autre volet : le transport. Nous sommes pleinement conscients de l’impact des transports sur le bilan carbone, que nous effectuons chaque année. Pour pouvoir réduire son empreinte carbone, il faut mesurer. 94% de notre impact est lié aux transports. Sur ces 94%, il y en a 93 qui sont liés aux transports des étrangers qui viennent à Paris, dont on a une difficile maitrise. Mais il est bon de le savoir. Nous travaillons aussi sur notre flotte officielle de véhicules, que nous voulons 100% électrique avec notre nouveau partenaire (Renault, ndlr). Nous avons aussi un plan vélo. Nous souhaitons que les spectateurs viennent à deux-roues, avec un parking amélioré et gardienné, ou en transports en commun.

Nous avons aussi la volonté de travailler sur les déchets. Nous voulons avoir une meilleure traçabilité du devenir des déchets. C’est un gros enjeu. Nous les avons bien réduits, nous voulons maintenant mieux trier, tout en ayant en tête que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Le volume de déchets pendant l’événement est d’ailleurs beaucoup plus petit que celui de la phase montage et démontage, mais il est plus visible. Nous essayons aussi de préserver les ressources. Nous avons innové il y a deux ans avec le recyclage des eaux grises, qui permet d’alimenter les espaces sanitaires. Nous avons ainsi économisé 30.000 litres d’eau. Sur l’énergie, notre contrat nous permet d’être alimentés en électricité d’origine 100% renouvelable. L’ambition est d’aller vers de l’autoconsommation, avec des panneaux photovoltaïques sur site.

Enfin, la biodiversité. Nous ne sommes pas dans une politique de compensation de nos impacts. Nous mesurons, nous réduisons et nous éco-contribuons au plan climat de la Région Sud. Depuis 2020, nous incitons nos partenaires – qui sont force de proposition et d’activation – à éco-contribuer à un projet de reboisement de forêts, labellisé bas carbone. Il y aura aussi une consigne sur les gourdes et du don en caisses pour financer ce projet.

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©Christophe Guibbaud / FFT
La stratégie développée pour Roland Garros est-elle à l’image de ce que la FFT a développé ces dernières années ? La fédération semble avoir mise en place une politique de développement durable depuis de nombreuses années, avec de nombreux enjeux et objectifs…

Viviane Fraisse : En 2008, nous avons signé une charte éco-responsable avec l’ADEME et le Ministère de l’Environnement. Nous avons une réelle stratégie depuis 2014. Le déclic a eu lieu suite à une enquête dans un magazine environnemental expliquant que le tennis était le 5e sport le plus polluant. On ne s’y attendait pas du tout. En cause : le nombre de balles utilisées et le fait qu’elles n’étaient pas recyclées.

Nous avons donc lancé l’opération Balle Jaune, qui vise à recycler les balles de tennis usagées pour en faire des sols sportifs à des fins solidaires. Nous en collectons 1,3 millions par an. C’est bien mais nous sommes loin du nombre global de balles mises sur le marché chaque année. Ecologic va nous aider à financer cette opération, dans le cadre de la filière REP, qui s’applique désormais aux articles de sport et loisirs. Nous cherchons aussi des exutoires pour les boites de balles et pour le cordage.

Les Internationaux de Strasbourg sont reconnus pour être un événement particulièrement axé sur l’éco-responsabilité. Quel est le rôle de la FFT dans cet engagement ? 

Viviane Fraisse : Quand le tournoi de Strasbourg a été relancé, il a tout de suite eu cette démarche éco-responsable. C’est leur marque de fabrique, ils sont moteur. Depuis 2010, ils se disent : « On sera éco-responsable. » Avec Roland Garros, un tournoi international massif, il est plus difficile de se dire « nous voulons une flotte 100% électrique » du jour au lendemain, ou de trier ses sponsors sur le volet. Tout est plus long. Nous nous inspirons les uns et les autres, nous échangeons nos bonnes pratiques, sur le gaspillage alimentaire par exemple, ou sur les achats.

La politique d’achats responsables est si importante ! Tout se passe sur les achats de prestations ou de produits, quels sont les critères que vous y mettez et quels sont leur poids. C’est l’enjeu numéro 1. Paris 2024 le dit suffisamment, ils ont d’ailleurs une direction spécifique consacrée à ça.

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©Pauline Ballet / FFT
La FFT est aussi signataire de la nouvelle Charte des 15 engagements du Ministère des Sports. Que vous apporte cette Charte et pourquoi l’avoir signée ?

Viviane Fraisse : Plus que signé, nous avons participé à sa rédaction. Les objectifs chiffrés de cette Charte nous ont bien aidé, justement sur les achats, auprès des prestataires ou des partenaires. Ça change tout, même. Si vous avez un objectif de recycler à 80% les déchets, il est plus simple d’y arriver en connaissant ce chiffre et en ayant signé la Charte. Ce document est très intéressant pour embarquer les parties prenantes.

La Fédération peut-elle s’appuyer sur ses tennis(wo)men pour sensibiliser le public ? Y a t-il des joueurs et joueuses sensibles ou engagé(e)s pour la protection de l’environnement ? 

Viviane Fraisse : Sur l’environnement, ils se sentent souvent moins légitimes, parce qu’ils savent que les gens vont leur dire : « vous passez votre vie à prendre l’avion », « vous avez vu votre train de vie », etc. Et en même temps, nous sommes attendus. L’ONU et son programme Sports for Climate Action nous disent d’utiliser nos ambassadeurs. Il ne faut plus se poser la question de la légitimité : nous devons sensibiliser ! Nous les encourageons à le faire, à participer à nos actions de sensibilisation. Beaucoup d’entre eux nous aident dans les messages que nous portons vis-à-vis du climat, de l’alimentation, ou des déchets. Ils sont de plus en plus à se manifester ou à être sensibles à ces sujets quand nous les sollicitons. Djokovic, Wawrinka, Anderson, Cornet, il y en a quelques un(e)s qui s’engagent de plus en plus et qui sont davantage réceptifs. Là où il n’y aucune crainte quand ils s’expriment sur les sujets sociaux et sociétaux, il y a la peur du matraquage sur les sujets environnementaux.

Si je caricature un peu, je préfère que Federer parcourt la planète pour que tous ses fans le voient jouer plutôt que l’inverse, que ses fans du monde entier viennent le voir jouer en Suisse ou en Europe… Il y a certainement des améliorations à faire sur les déplacements, les calendriers, le nombre de compétitions… Mais le sport a une utilité sociétale importante, à travers notamment les émotions qu’il procure. Nous devons changer cette approche.

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Michaël Ferrisi
Michaël Ferrisi

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.