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Un championnat de F1 plus écologique en 2026 ?

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La Fédération Internationale Automobile (FIA) a annoncé du changement pour les moteurs de Formule 1 pour 2026, qui doit amener la discipline reine du sport auto vers plus de durabilité. Mais est-ce bien suffisant ?

Le nouveau règlement sur les moteurs des Formule 1 a été annoncé ce mercredi 17 août par la FIA. Il présente des nouvelles générations de monoplaces toujours aussi puissantes mais plus durables, pour 2026. Depuis 2020, la F1 souhaite en effet tendre vers la neutralité carbone, volonté très à la mode pour les organisations, dont celles du sport. La discipline en est pourtant très (très !) loin mais le nouveau règlement doit lui permettre de s’en rapprocher. Alors, greenwashing ou réelle stratégie environnementale ?

Passons outre tout de suite les volets sportif et financier, et intéressons-nous surtout à l’aspect écologique des prochaines générations de F1. D’après les organisateurs, les voitures « consommeront beaucoup moins d’énergie et ne produiront aucune émission nette de CO2 à l’échappement. » Dans les faits, les monoplaces ne brûleront en effet aucun nouveau carbone fossile. Le carburant proviendra de produits non-issus de l’agroalimentaire, de déchets municipaux ou du captage de carbone dans l’atmosphère. L’idée est toujours la même : utiliser la Formule 1 comme laboratoire pour les voitures de série, et donc encourager les fournisseurs de carburants, les plus gros pollueurs de la planète, à généraliser ces technologies dans le monde.

Des F1 moins gourmandes et plus efficientes

L’innovation technologique permettra aussi aux moteurs d’obtenir plus d’énergie de freinage, jusqu’ici gaspillée. « Le MGU-K (ou Kinetic Motor Generator Unit) triplera presque la quantité d’énergie électrique produite par les composants hybrides actuels » explique l’organisation. Concrètement, le système de récupération d’énergie (ERS) produira environ 350 kW contre 120 kW aujourd’hui. Autre point : la quantité de carburant utilisé lors d’un Grand-Prix. Le nouveau règlement ambitionne de la réduire. 160 litres de carburant étaient nécessaires en 2013, puis 100 litres en 2020. La F1 souhaite n’en utiliser que 70 d’ici 2026, sans pour autant perdre en puissance.

Enfin, la Formule 1 s’engage à recycler davantage les composants de ses voitures. Le recyclage des batteries sera obligatoire et certains matériaux en fin de vie, comme le cobalt, seront systématiquement recyclés.

Est-ce bien suffisant ?

Non. Rappelons dans un premier temps que les émissions provenant des monoplaces elles-mêmes ne représentent que 0,7% de l’empreinte carbone globale de la Formule 1. Avec ces nouveautés, le chiffre devrait logiquement être réduit… extrêmement faiblement ! Comme pour beaucoup d’organisations et marques sportives, la F1 ne s’occupe que de la vitrine – ici ses voitures – mais pas vraiment de l’arrière-boutique : le transport des équipes, du matériel, des voitures et des pilotes en avion à travers le monde, toute l’année.

La discipline doit absolument s’attaquer à ce problème de fond, qui représente près de la moitié de ses émissions globales (le reste concerne concerne le fonctionnement des usines, les sponsors et la diffusion télévisuelle). Pour réduire ce chiffre, le nombre de courses doit être réduit alors qu’il ne fait qu’augmenter d’année en année. En 2000, il y avait 17 GP. Leur nombre a été porté à 22 en 2022 et il devrait y en avoir 24 en 2023. Dès lors, difficile de réduire son empreinte carbone quand le nombre de déplacements en avion ne fait qu’augmenter… Autre solution pour réduire les émissions de CO2 liées à la logistique et aux transports : optimiser le calendrier. Cette année, le Grand-Prix de Miami s’est par exemple intercalé entre ceux d’Italie et d’Espagne, pourtant très proches géographiquement. De même pour les GP d’Aberzaïdjan et du Canada, pas vraiment à côté, calés entre plusieurs courses en Europe (Monaco et Grande-Bretagne notamment).

En somme, les changements moteur prévus en 2026 sont intéressants, bien sûr, mais ne règlent pas le réel problème du championnat du monde de Formule 1. La neutralité carbone semble être un mirage auquel s’est attachée la F1, car la compensation carbone ne suffira pas : il faut réduire. Pour avoir un championnat vraiment plus écologique en 2026, il faudra aussi et surtout réduire le nombre de courses et optimiser le calendrier selon les régions du monde, et la logistique qui va avec.

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Michaël Ferrisi
Michaël Ferrisi

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.