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Le Plan carbone de la LFP : réel engagement ou greenwashing ?

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La Ligue de Football Professionnel (LFP) a annoncé la mise en place d’un Plan carbone pour l’édition 2023 du Trophée des Champions, qui se jouera à Bangkok (Thaïlande). Engagement écologique ou greenwashing ?

La LFP a lancé début avril un Plan carbone, visant à contrebalancer l’organisation de son Trophée des Champions 2023 dans la capitale thaïlandaise, Bangkok. Ce plan est intégré dans la stratégie RSE de la Ligue, qui souhaite mettre en place des actions concrètes qui vont permettre la réduction de l’impact de ses activités sur l’environnement.

De quoi parle t-on ?

Chaque année, le Trophée des Champions oppose le champion de France de Ligue 1 au vainqueur de la Coupe de France. Ce match a pour objectif de faire rayonner le football professionnel français à l’international, d’où cette nouvelle délocalisation, en Thaïlande cette fois. Ce match à l’autre bout du monde pose question. C’est pourquoi la LFP a souhaité s’engager à minimiser l’empreinte carbone de cet événement.

Pour cela, l’organisation va mettre en place trois actions prioritaires afin de réduire l’impact de cet évènement : « la réduction du nombre de repérages réalisés en amont de l’événement, la rationalisation du nombre de personnes mobilisées lors de l’événement, et la préférence pour des vols réguliers et des compagnies aériennes engagées dans des programmes de contribution carbone. »

Ces 3 actions de réduction seront complétées par de la compensation, puisque 2720 tonnes eqCO2 sur trente ans doivent être séquestrés, par le biais du projet Saint-Paul. Il a pour but de reconstituer des forêts dans les Landes, celles qui ont été massivement touchées par les incendies de ces dernières années.

Un engagement en demi-teinte

Pour réaliser une stratégie RSE cohérente, il faut idéalement se baser sur un bilan carbone concret. En outre, il est nécessaire de réaliser le bilan des évènements précédents, afin de pouvoir mettre en place un plan d’actions de réduction pertinent. Cela permet notamment d’avoir une idée plus précise sur le montant des émissions à réellement compenser. On peut souligner l’idée qu’aujourd’hui, il est plus pertinent d’avoir une stratégie de contribution climatique et non de compensation carbone volontaire.

Toutefois, selon une étude réalisée par la LFP, environ 87% des émissions CO2 d’un match de football sont dûs aux déplacements des spectateurs. Ce chiffre représente une partie très conséquente de l’empreinte carbone d’un évènement de ce type. S’il n’est pas forcément très précis, il met néanmoins en lumière le fait que la mobilité est le secteur le plus impactant d’un évènement sportif. Comme nous le mentionnions précédemment, la LFP va mettre en place 3 mesures de réduction qui n’ont aucun lien avec les émissions émises par les spectateurs et va donc, dans l’idée, seulement agir sur les 13% restants de l’impact.

Plan carbone de la LFP : réduire avant de compenser

De plus, ce n’est pas en contribuant d’une certaine façon que la LFP peut se défaire de ses responsabilités vis-à-vis de sa stratégie RSE et de son impact écologique. En outre, la contribution ne doit venir seulement qu’en dernière étape d’une vraie stratégie de décarbonation : mesurer, réduire, contribuer.

Si le label français « Bas carbone » choisi par l’instance a plutôt bonne réputation, il faut tout de même mentionner le fait que ces projets de contribution qui n’ont pas encore vu le jour (projets ex-ante) sont un pari sur l’avenir, qui n’amènent aucune certitude sur leur réussite. Le projet financé évoqué par la Ligue devrait – si tout se passe bien – permettre la séquestration de 2720 tonnes eqCO2 sur 30 ans. Ce chiffre dépend de nombreux facteurs comme la bonne croissance des arbres ou les événements climatiques qui pourraient survenir dans les prochaines années (nouveaux incendies, tempêtes…).

Cet évènement organisé à 13 heures de vol est à rebours des enjeux de sobriété actuels. Il amène de l’incohérence vis-à-vis des fortes décisions récentes de la Ligue, qui allaient dans le bon sens. Visiblement, cette incohérence est assumée.

Avec Anaée Droubay – © Photo à la une : Adobe Stock

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Marc-Antoine Bock
Marc-Antoine Bock

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