L’industrie du textile est l’une des plus polluantes et représente 8% des émissions mondiales de CO2. La production des tenues des athlètes et des volontaires est donc un aspect important de l’empreinte carbone des Jeux de Paris. Entre Made In France et entreprises de l’ESS, Ecolosport revient sur les partenariats entre Paris 2024 et Decathlon et le Coq Sportif.
Découvrez les articles de la série « En Jeux »
1 – Le défi de la mobilité pour décarboner Paris 2024
2 – Baignade dans la Seine : où en est-on ?
3 – Et s’il faisait 40 degrés pendant les Jeux ?
4 – Quel impact écologique pour la flamme olympique ?
5 – Offres végétariennes, provenance, emballages : la Food Vision de Paris 2024
6 – Avec Le Coq Sportif et Decathlon, Paris 2024 veut du Made in France
7 – Paris 2024 navigue entre sponsoring responsable et greenwashing
Le Coq Sportif habille des athlètes français en 100% Made In France
Chargé d’habiller les athlètes français – hors football, handball, basketball et athlétisme -, Le Coq Sportif s’est aussi pris à l’enjeu de l’éco-conception. Les chiffres sont simples : 100% des tenues des athlètes français, soit 150 000 pièces, sont produites en France.
Cela est le fruit d’une stratégie de relocalisation entamée dans les années 2010 par le groupe. L’usine, basée à Romilly-Sur-Seine dans l’Aube, a été agrandie en relocalisant une partie de la production qui avait été déplacée en Asie, créant environ 650 emplois en France. Pour rester dans les clous au niveau du prix, l’entreprise mise sur une bonne gestion des stocks pour éviter les invendus, quitte à être juste sur la livraison des tenues.
> Lire aussi : La relocalisation des acteurs sportifs en France
Cette lutte contre les invendus, qui représentent 50% de la pollution dans l’industrie textile, démontre un des aspects de la stratégie globale du groupe. Comme l’explique leur PDG Marc-Henri-Beausire, Le Coq Sportif a investi dans des machines moins énergivores et moins consommatrices d’eau. 4 ans plus tôt, l’équipementier français avait par exemple lancé sa première gamme de sneakers conçue avec des matières végétales, pour éviter l’utilisation de plastique issu d’énergies fossiles.
Un partenariat éco-responsable entre le COJOP et Decathlon ?
Decathlon est une entreprise qui s’active déjà à réduire son impact sur l’environnement. L’objectif de l’entreprise française est de baisser de 20% son empreinte carbone globale d’ici 2026 (en valeur absolue). L’objectif environnemental de Paris 2024 est « l’une des caractéristiques importantes de ces Jeux-là qui ont compté dans notre décision (pour accepter le partenariat). La partie empreinte carbone était importante » nous précise Virginie Sainte-Rose, responsable du partenariat entre Décathlon et Paris 2024.
Dans le cadre réglementaire du partenariat, des impératifs ont été imposés par le COJOP au sujet de l’empreinte carbone de la production des produits. « Concernant les volontaires et les porteurs de flamme, on est allé un peu au-delà de ce que nous demandait Paris 2024 » précise Virginie Sainte-Rose. Alors que le COJOP souhaitait 30% de Made In France sur le contrat d’équipements des volontaires et relayeurs, Décathlon a produit sur le territoire 53% du million de produits conçus pour les volontaires.
Made In France, entreprises de l’ESS : des efforts surtout pour les volontaires
En rentrant davantage dans le détail de la production, Decathlon nous dit avoir avoir insisté sur la production vertueuse des tenues de 45 000 volontaires, cette dernière étant la plus volumineuse du contrat.
Pour ce qui est des 53% d’équipements faits en France, l’entreprise « a dû faire appel à un cabinet de sourcing pour trouver des fournisseurs capables de produire ce dont on avait besoin en volume et surtout en qualité ». Au final, deux fournisseurs « classiques » en font partie, et les deux autres sont des entreprises de l’ESS. Résilience, basée à Roubaix, fait travailler des personnes en situation de handicap ou d’insertion professionnelle. Quant à Fil Rouge, basée à Marseille, elle embauche des personnes éloignées de l’emploi. « C’est aussi eux qu’il faut mettre en avant », nous confie Virginie Sainte-Rose, tout en rappelant « qu’il faut avoir en tête que le Made In France est un sujet complexe », avec des capacités de production plus limitées, des compétences différentes et des prix plus élevés.
Pour les 47% d’équipements restants, produits au Vietnam à base de polyester recyclé, Decathlon a tenté de diminuer leur impact environnemental en privilégiant systématiquement le bateau à l’avion.
Pour le reste de la production, les engagements sont moins poussés même si la tenue des relayeurs de la flamme est éco-designée, et que 20% des 130 références de produits dérivés ou sous licence sont Made In France. Virginie Sainte-Rose argumente : « La responsabilité du producteur est de proposer du Made In France, mais il y a aussi la responsabilité du consommateur de l’acheter ou de ne pas l’acheter, en gardant en tête ce contexte d’inflation ». Acheter français, tout le monde ne peut pas encore se le permettre.