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La mobilité, premier levier d’action pour décarboner le sport en Nouvelle-Aquitaine

La mobilité, premier levier d’action pour décarboner le sport en Nouvelle-Aquitaine
Une petite centaine de personne était réunie pour réfléchir ensemble sur les moyens de décarboner la mobilité dans le sport.
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Pour le colloque Mob’Sport, les acteurs du sport étaient réunis autour de la table. Objectif : trouver des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des transports lors des événements sportifs.

Comment décarboner le sport ? La région Nouvelle-Aquitaine mise sur la mobilité. Jeudi 19 juin avait lieu le premier colloque Mob’Sport à l’occasion du Congrès annuel de l’Union Sport & Cycle. Les collectivités, opérateurs de transports, ligues et clubs de sports étaient réunis pour faire un état des lieux des émissions de gaz à effet de serre (GES) lié aux transports dans la pratique d’activités sportives. On estime que le déplacement des spectateurs et des sportifs représente 60 % à 80 % du total des GES. L’objectif affiché est d’entamer une réflexion collective pour stimuler la collaboration des différents acteurs de la région. Le tout pour accélérer les actions existantes, mais surtout pour inventer celles de demain.

Pour ce faire, l’ambition de Mob’Sport est d’agir sur 3 axes. Premièrement sur les 48 structures professionnelles réparties dans 6 disciplines différentes. Deuxièmement, sur 10 ligues de sport de Nouvelle-Aquitaine, et 20 autres ligues d’autres régions françaises. Enfin troisièmement, en testant des actions inédites dans un grand événement sportif international déjà sélectionné : les Championnats du monde de cyclisme 2027 en Haute-Savoie. Pour tenir la feuille de route gouvernementale d’ici 2050, les émissions liées aux déplacements du sport devront avoir réduit de 66 %.

La Nouvelle-Aquitaine, une région sportive et complexe

Pour Phillipe Lafrique, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine, « il y a un potentiel considérable, mais on a besoin de fédérer l’action. Le dispositif Mob’Sport va nous y permettre. » La Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région de France avec 84 000 km² de superficie. En comptant des départements comme la Gironde et la Creuse, elle possède une grande diversité dans la démographie et l’urbanisme de ses territoires. « Aujourd’hui, le mode de transport le plus important, c’est clairement la voiture, déplore Stéphanie Poujade, directrice du CROS Nouvelle-Aquitaine. Plus on s’éloigne des zones urbaines, plus le temps d’accès aux équipements courants s’allonge. »

Pour Bernard Lataste, président de la ligue Nouvelle-Aquitaine d’escrime, comptant 65 clubs et 5 000 licenciés, c’est le cas. « On a 36 week-ends de déplacements par saison avec une forte concentration sur Bordeaux. Et 80 % à 90 % des trajets se font en voitures » explique-t-il. Avec un total de 17 000 clubs et 1,6 million de licenciés sur son territoire, la région a un rôle à jouer.

« On manque de chiffre sur la provenance des usagers et sur leurs moyens de déplacement. 

Pour identifier les leviers d’actions efficaces, les acteurs régionaux du sport doivent d’abord avoir des informations sur le public qui se rend aux événements sportifs. La métropole de Bordeaux organise en moyenne une dizaine d’événements d’envergures internationales par an. Cependant, elle possède des difficultés à adapter ses propositions de mobilité. « Une des grandes difficultés, c’est la connaissance du public. On manque de chiffre sur la provenance des usagers et sur leurs moyens de déplacement. Donc on a du mal à adapter le plan de mobilité. Parfois on déploie des moyens considérables pour seulement quelques milliers de personnes », explique Thibault Arassus, chef de projets grands événements à Bordeaux Métropole. « On mène des enquêtes pour essayer de qualifier ce qu’il se passe sur la Gironde et voir les potentielles nouvelles lignes de transports » poursuit Vincent De Brisson, directeur de la circulation et du stationnement à la métropole.

La problématique est similaire pour Bernard Lataste. Sa ligue manque de données et a besoin du soutien du programme Mob’Sport. « Le programme Mob’Sport va être utile pour faire un état des lieux de notre mobilité et pour trouver les bonnes solutions. Ce n’est pas toujours une question d’argent, mais aussi une question d’organisation ». Sur cette problématique, le club de hockey des Boxers de Bordeaux a pris les devants. « Cette année, on a choisi de mener une étude. Le point majeur identifié pour réduire notre impact, ce sont les trajets aujourd’hui » dit Thierry Parienty, son président. Le club, dont presque 80 % de ses spectateurs viennent de la métropole, a « la chance d’être en centre-ville. Avec le tramway et les parkings à vélo à proximité. » Mais ce n’est pas le cas des clubs situés en zones rurales pour qui le casse-tête est plus dur à résoudre.

Favoriser les transports en commun

Celle que tous les partenaires réunis autour de la table veulent éviter, c’est la voiture individuelle. En plus d’être polluante, elle prend aussi beaucoup d’espace. « Il faut que l’on travaille avec nos fédérations pour imaginer un autre mode de compétitions. Pour limiter les déplacements individuels et favoriser les déplacements collectifs » demande Phillipe Said, président du Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) Nouvelle-Aquitaine.

En attendant, des initiatives ont déjà été mises en place pour réduire la présence des voitures. « Il y a une volonté politique de faire payer les emplacements de stationnement individuel à 15 €. Avec ça, on a un effet rebond sur l’utilisation des transports en commun et du vélo » explique le chef de projets grands événements de la métropole bordelaise. Pour répondre à la demande, « des navettes de bus sont mises à disposition les soirs de match de rugby ou de football » poursuit-il.

Une initiative également mise en place avec Keolis. « Pour les grands événements, on peut mobiliser 30 rames de tramway et 50 bus. Le réseau ordinaire n’est pas taillé pour ça ! » s’exclame Aurélien Braud, le directeur marketing du transporteur. Une mesure qui ne fait pas tout puisque « si on met des moyens mais qu’on n’informe pas, ça ne fonctionne pas » dit-il.

Utiliser le train pour déplacer la campagne

Toutefois, si les solutions abondent au sein de la métropole bordelaise, la problématique est plus complexe à résoudre sur le reste du territoire. « Dans les zones rurales, les équipements sont plus limités et les distances à parcourir sont plus longues », obligeant donc les sportifs à prendre leurs voitures explique Stéphanie Poujade. Des fédérations comme celle d’escrime ont donc mis des solutions en place. En plus d’inciter au covoiturage et à l’utilisation de minibus, elle « essaye de faire des compétitions de proximité qui durent le moins longtemps possible. »

Dans ces zones rurales, moins desservies par les transports en communs, l’idée de prendre le train fait son chemin. Malheureusement, les contraintes liées aux compétitions empêchent souvent les clubs de l’utiliser. « C’est compliqué avec les TER parce que ça commence à une heure précise. Et la fin dépend de la performance des sportifs » constate Bernard Lataste. Même chose pour les clubs professionnels, comme les Boxers de Bordeaux. « On est obligé de prendre un bus couchette pour rentrer dans la nuit sur Toulouse, déplore le président du club. Si on joue à Paris, les trains s’arrête à 20 heures. Et nous on termine à 23 heures voire plus tard. On a peu de proximité avec les acteurs de la mobilité au niveau du territoire. »

Durant 2 heures, les acteurs du sport et de la mobilité bordelaise ont pu échanger ensemble. De quoi stimuler les collaborations pour demain. Il y a déjà des résultats probants grâce aux actions mises en œuvre, mais tous sont conscients qu’il reste beaucoup à faire. « Aujourd’hui, les solutions existent, mais il faut travailler ensemble pour les mettre en place. Et ça, c’est tout l’enjeu du Mob’Sport », résume Stéphanie Poujade, la directrice du CROS. Phillipe Said, son président, déplore lui que « la mobilité ne soit pas encore une priorité. Mais peut-être que l’année prochaine la salle sera pleine parce qu’on aura réussi à mobiliser tout le monde. » Les moyens sont mis, les volontés sont là, il ne reste plus qu’à transformer l’essai.

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