En 2025, Ecolosport publiera chaque mois les portraits de 12 climatosportifs, ces athlètes qui veulent allier performance sportive et engagement environnemental. C’est au tour de Manon Guyonnet, climatosportive depuis les débuts et en charge du pôle plaidoyer, d’être mise en lumière par la journaliste et athlète Azaïs Perronin.
Derrière son large sourire et le délicat plissement de ses yeux, Manon Guyonnet cache une détermination chevillée au corps. Son engagement est à son image : lucide, collectif et joyeux. À 23 ans, la jeune femme termine un master en gouvernance de la transition écologique à Sciences Po Bordeaux, qu’elle a effectué en alternance à l’Office Français de la Biodiversité, s’investit au sein de plusieurs associations environnementales – dont les Climatosportifs – et fait du sport l’une de ses passions et voie de transmission.
Il faut remonter à son enfance pour trouver les racines de son engagement. Pendant quatorze années passées à l’étranger – en Afrique, en Norvège et au Moyen-Orient – Manon a été confrontée, très tôt, aux effets du changement climatique. “Voir des espaces verdoyants qui disparaissent, des gens qui souffrent des conditions climatiques qui deviennent extrêmes, la problématique des déchets au Gabon, je pense que ces expériences ont vraiment fait le lit de mon engagement”, se remémore-t-elle, précisant avec le recul qu’il n’est pas indispensable de voyager loin pour prendre conscience de l’urgence climatique.
Son retour en France, en classe de seconde, s’accompagne d’une période difficile : Manon est hospitalisée pour des troubles du comportement alimentaire graves. Une épreuve synonyme de tournant dans sa vie. “Je me suis dit que si vivre impliquait de polluer, de consommer des ressources, alors autant que ce soit pour une cause juste”. L’écologie devient dès lors sa boussole, sa manière de guérir et d’agir à la fois. Elle s’informe, s’engage dans des associations locales puis nationales, assiste à des conférences, et oriente peu à peu son parcours vers l’action.
Le sport, chez elle, n’est pas une affaire de performance mais de réconciliation. “Quand tu souffres de TCA, tu en arrives à détester ton corps. Le sport m’a aidée à le remercier, à lui redonner une place.” Yoga, danse, puis course à pied… elle privilégie une pratique douce, non compétitive. “La compétition n’est pas un terrain sain pour moi”, confie-t-elle. Prendre soin de son corps comme du vivant, Manon fait des ponts entre ses aspirations. À Sciences Po, elle explore les interconnexions entre sport et écologie dans ses travaux de recherche. Quand elle découvre l’existence des Climatosportifs, lors de leur soirée de lancement à l’Académie du Climat, c’est une évidence : “ça m’a beaucoup touchée, je me suis dit qu’il fallait que j’intègre l’association”.
Dès son arrivée, elle propose de contribuer à l’élaboration de la stratégie de plaidoyer. Aujourd’hui responsable du pôle, elle travaille à définir les valeurs et les messages du collectif. “Le sport est une formidable porte d’entrée pour parler de sujets difficiles. Il rassemble et permet de faire collectif quand l’écologie est parfois vécue comme une agression liberticide”, observe-t-elle. Lucide face au backlash écologique, Manon refuse pourtant le fatalisme. “J’ai besoin d’optimisme pour avancer, sinon je suis paralysée”, admet-elle. L’action devient son antidote à l’éco-anxiété. Et c’est peut-être là que réside sa force : dans cette capacité à transformer les blessures en élans, les angoisses en engagements.
