Retraité des terrains de tennis depuis 8 ans, Paul-Henri Mathieu s’est lancé dans la conception de vêtements de sport Made in France. Sa marque, Franc Jeu, propose une collection durable de trois articles, conçus à 90 % en matières recyclés dans l’usine Henitex, près de Lyon.
Tandis que la consommation de vêtements de sport en France est estimée à 6,7 milliards d’euros en 2025, le Made In France ne concernerait que 15% des articles. Franc Jeu, marque française éco-conçue, a dès le départ posé l’impératif, en accord avec les valeurs de ses créateurs Paul-Henri Mathieu et Thomas Huriez, président de la marque 1083, d’une production sur le sol français. Malgré le défi que pose une production française, le projet a vu le jour en 2024 grâce à un financement participatif, et les premières commandes ont été livrées en septembre dernier. Trois produits sont proposés à la vente : un tee-shirt unisexe, une brassière et un legging de sport.
Franc Jeu : un défi technologique et écologique
La conception seamless, c’est-à-dire sans couture, est la technologie choisie pour le projet. Paul-Henri Mathieu nous explique : “On est en sans couture, pour utiliser le moins de fils, et donc de déchets, possibles”. Cette volonté de concevoir un produit responsable se retrouve aussi dans le choix du matériau : le polyamide recyclé. Par rapport au polyester, couramment utilisé dans l’habillement sportif, le polyamide se présente comme plus résistant, mais aussi plus cher. C’est un compromis assumé par la marque qui fait le choix de la durabilité dans le temps pour sa collection.
La jeune marque est néanmoins confrontée à certaines difficultés, dues au choix d’une production française. “J’aurais souhaité pouvoir concevoir des produits avec des matières naturelles, mais aujourd’hui ce n’est pas vraiment adapté au sport, et pas adapté non plus aux machines” argumente l’ex-tennisman professionnel. Malgré les difficultés techniques de la conception, Franc Jeu s’est établie sur le territoire français, gage d’un engagement éthique. “On achète le produit mais on achète aussi les valeurs avec lesquelles on se retrouve à travers la marque” appuie le créateur de Franc Jeu.
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Avec un système de consigne sur les vêtements, l’engagement de la marque ne s’arrête pas à la conception. En renvoyant leurs produits usés, les acheteurs donnent une seconde vie aux vêtements qui pourront, dans un second temps, être utilisés pour recréer du fil, et donc de nouveaux vêtements. Ce cycle vertueux va à contre-courant du modèle de consommation effrénée actuel, pour privilégier la qualité du produit. Théo Pierron, assistant chef de projet, parle “de produits minimalistes, que l’on peut utiliser pour pratiquer différents sports.” Polyvalence et qualité sont deux engagements que promeut la marque, afin de proposer une consommation réfléchie.

D’une carrière de sportif professionnel à une marque de textile engagée
“Pendant ma carrière, je n’étais pas forcément sensible à tout ce qui était éco-responsable, que ce soit dans le milieu du textile ou ailleurs”, se confie Paul-Henri Mathieu. “En étant sportif de haut-niveau, on ne fait pas vraiment attention à ça, parce qu’on est pris dans une machine à laver où on fait des tournois semaines après semaines”. C’est suite à sa rencontre avec Thomas Huriez, concepteur de la marque 1083, que le tennisman prend conscience de son schéma de consommation pas forcément très responsable. En plus d’avoir été le point de départ de l’aventure Franc Jeu, cette rencontre est dans la vie personnelle de Paul-Henri Mathieu une véritable “porte d’entrée dans un monde plus responsable”, l’amenant à repenser sa manière de consommer du textile mais aussi son alimentation et les transports.
Convaincu qu’“à travers le sport, on peut toucher beaucoup plus de monde”, Paul-Henri Mathieu s’engage aujourd’hui avec Franc Jeu pour une consommation de textile plus responsable. L’entreprenariat durable est un véritable défi que Franc Jeu s’engage à relever en rappelant l’essentiel : “Il est vrai que nous nous sommes rajoutés beaucoup de contraintes. Mais c’est pour la bonne cause !”