Média positif et engagé pour un sport durable

Tour de France. Guillaume Martin-Guyonnet : “Je n’ai pas la nature d’un révolutionnaire”

Guillaume Martin-Guyonnet (Tour de France) : "Je n'ai pas la nature d'un révolutionnaire"
Le grimpeur normand va retrouver un terrain qui lui réussi avec les Pyrénées puis les Alpes. © Équipe cycliste Groupama FDJ / Nicolas Gotz
Twitter
LinkedIn
Facebook
WhatsApp
Email

De passage à Toulouse pour la 11e étape du Tour de France, Guillaume Martin-Guyonnet, coureur pour la formation Groupama-FDJ, raconte à Ecolosport son rapport au sport et à l’écologie. Entretien.

Comment adapter la pratique du cyclisme au changement climatique ? Comment peut-on rester légitime en tant qu’athlète professionnel ? Voilà quelque unes des nombreuses questions que se pose le coureur français de Groupama-FDJ, Guillaume Martin-Guyonnet. À 32 ans, il a pris la route de son 9e Tour de France. Depuis longtemps engagé en faveur de l’écologie, il explique sa vision et la nature de ses engagements. Rencontre entre selle et sagesse avec le grimpeur et philosophe normand.

Ecolosport : D’où vient votre engagement écologique ?

Guillaume Martin-Guyonnet : J’ai grandi à la campagne, et puis après, mon épouse est quelqu’un d’engagée. Ces sujets-là ont émergé peu à peu. Et évidemment, on n’est pas coupé du monde, de ce qu’il se passe, même si on est des sportifs. Donc je me suis fait ma propre conscience par rapport à ça au fil des ans, et au fil des discussions avec ma compagne, par exemple, qui est mobilisée sur le sujet. Donc, je dirais que ça s’est affiné comme ça, au fil du temps.

Comment vivez-vous votre condition de sportif de haut niveau dans un monde en surchauffe ?

Parfois, oui, on se demande un peu ce qu’on fait là quand on entend des alertes canicule, qu’on dit aux gens de rester chez eux, pour leur santé, de ne pas sortir. Et puis on fait des épreuves à haute intensité en plein air, sous la canicule. On se sent parfois un petit peu en décalage par rapport à ce qu’il se passe. D’autant plus en faisant du sport, quelque chose qui ne semble pas essentiel. Moi je plaide pour qu’il y ait une prise en considération de ces enjeux écologiques au sein du sport. Ça ne veut pas dire arrêter le sport, ça veut dire l’adapter.

Vous courrez en grande majorité en France, est-ce une volonté de votre part ?

C’est mon employeur qui décide du programme de course. Donc si on décide de m’envoyer au tour des Émirats arabes unis, je n’ai pas forcément mon mot à dire. Après je peux avoir des préférences, et généralement elles sont écoutées. C’est vrai que cette année, je n’ai pas fait de courses très lointaines, mais ça ne veut pas dire que ça n’est pas arrivé par le passé. Et quand c’est le cas, j’essaie de le faire de manière sensée.

Je prends un exemple. J’avais fait pendant deux années la Japan Cup, une course au Japon qui était à la toute fin de la saison. C’était une course d’un jour et mon équipe faisait l’aller-retour pour trois jours. J’en ai profité pour rester en vacances là-bas les trois semaines parce que c’est un voyage qui me faisait rêver aussi. J’ai un peu mutualisé les occasions de voyage pour en limiter leur nombre. J’essaie, quand je suis obligé de prendre l’avion pour aller loin, de le faire de manière sensée.

Dans quelle mesure les équipes prennent leur part dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Je pense qu’il y a vraiment une diversité au sein des équipes. Il y a des équipes qui sont sponsorisées par des marques de l’industrie pétrochimique par exemple. Soit il y a un peu de greenwashing, soit ils se moquent totalement de ces questions-là. Il y a quand même des engagements divers au sein des équipes, aussi dans le fonctionnement au quotidien. Par exemple dans le choix de privilégier le train à l’avion sur les déplacements ou d’autres sortes de choses.

Est-ce que la prise de conscience écologique a eu lieu dans le cyclisme ?

Il y a la mise en place de certains protocoles, notamment lorsqu’il y a des conditions météos extrêmes, avec parfois des courses qui sont interrompues, ou dont on ne donne pas le départ quand il fait trop chaud ou trop froid. Cela reste quand même assez rare. Il y a aussi un sujet qui pour l’instant n’est pas tellement mis sur la table, c’est l’adaptation du calendrier aux changements climatiques. Je prends l’exemple de la Vuelta l’an dernier, où on est parti d’Andalousie mi-août, on a fait une semaine à quasiment 40 degrés. Est-ce qu’à l’avenir, ça sera possible ? Est-ce qu’on ne sera pas obligé de décaler cette course un peu plus tard dans la saison ? Ce sont des questions qui peuvent se poser à l’année, en tout cas, je pense.

Moi, à titre personnel, j’envoie mes petits mails aux personnes en charge des réservations pour dire que je préfère tel plan de voyage à tel autre. Mais bon, je viens d’arriver dans l’équipe Groupama-FDJ et je n’ai pas la nature d’un révolutionnaire, ou de quelqu’un qui va tout bouleverser, ou d’un porte-parole d’une cause. Après, je pense que chacun aujourd’hui est conscient du sujet et devrait en tirer les conséquences.

Dans quelle mesure cherchez-vous à utiliser votre image et votre notoriété pour mettre votre engagement écologique sur le devant de la scène ?

En vous répondant par exemple ! (rires) C’est vrai que lorsqu’on m’interroge sur le sujet, je prends le temps de répondre. Ça revient à ce que je disais précédemment, je ne suis pas énormément proactif sur le sujet parce que je ne me sens pas forcément légitime non plus. Mais quand j’ai une opportunité de m’exprimer sur le sujet, j’essaie de le faire en partant du principe que j’ai la chance d’avoir accès à cette visibilité médiatique et donc autant utiliser cette chance.

> Lire aussi : Comment le Tour de France veut décarboner son événement

Twitter
LinkedIn
Facebook
WhatsApp
Email

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.

Ne ratez plus rien et recevez le meilleur de l'actualité sport et écologie dans votre boite mail !
3s
Ne ratez plus rien et recevez le meilleur de l'actualité sport et écologie dans votre boite mail !