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Maël Besson (WWF France) : « Le sport de demain est un sport qui s’engage dans la défense de l’environnement »

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Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien pour la protection de l’environnement. Le WWF France souhaite, depuis quelques années, s’allier au sport pour accentuer son action. Entretien avec Maël Besson, responsable sport du WWF France, sur les enjeux du sport et ce qu’il devrait être demain.

Maël, rentrons tout de suite dans le vif du sujet : est-ce que le sport professionnel est à la hauteur des enjeux environnementaux actuels ?

Les émissions de gaz à effet de serre mondiales continuent d’augmenter. Chaque année, 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans nos océans, et plusieurs millions d’hectares de forêts disparaissent. Malheureusement, nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux environnementaux et des défis de notre siècle. Quand on regarde les engagements pris lors des Accords de Paris, nous sommes loin de la trajectoire qu’il faut avoir pour espérer contenir le dérèglement climatique et les hausses de températures. Pour autant, de nombreuses choses sont faites.

Le sport a un impact sur l’environnement, mais il peut aussi contribuer à la transformation écologique de notre société. Le sport est un fait de société beaucoup plus large, qui a toujours influencé nos comportements, nos comportements d’achat, la politique, etc. Il faut avoir une vision un peu plus large. Le sport a un impact – il ne faut pas faire fi de cela – mais peut aussi apporter sur ces enjeux environnementaux. « ‘

Que peut faire justement le WWF pour aider les organisateurs d’événements ou d’équipements sportifs à améliorer leur éco-responsabilité et avoir moins d’impact sur le climat ? On pense notamment à la charte des 15 engagements éco-responsables

Notre premier objectif est d’utiliser le sport comme influenceur culturel et structurel. Au WWF, nous voulons trouver des alliés pour influencer et accélérer la transition écologique de notre société. Clairement, le sport de haut niveau a un rôle d’influence très important. Ce que nous cherchons dans le sport, c’est toucher un public plus éloigné du sujet écologique que le public que nous touchons habituellement avec nos outils de communication traditionnels, et de trouver des alliés à la défense de l’environnement : des sportifs de haut niveau, des organisateurs d’évènements, des sponsors.

La Charte des 15 engagements éco-responsables est un bon exemple. Quand Rolland Garros ou Paris 2024 s’engagent, au travers de cette charte, à mettre en place un certain nombre de critères éco-responsables dans leur appel d’offres de restauration par exemple, cela influence forcément le marché et les restaurateurs qui répondent à cet appel d’offres. Ces événements sont des clients-références pour ces restaurateurs, donc l’influence va au-delà du sport. C’est ce que nous cherchons : comment peut-on aider le sport à avoir moins d’impact et un héritage plus positif, et comment le sport peut nous aider à transformer des secteurs non sportifs, à mettre la pression sur les politiques et à atteindre les objectifs que nous avons, au WWF.

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Maël Besson (tout à droite) est le responsable Sport du WWF

L’écologie a souvent été délaissé par les organisations sportives, qui agissent par contre énormément sur les sujets sociaux ou de solidarité. C’est en train de changer ?

Oui, ça évolue dans le bon sens. Le sujet de protection de l’environnement devient incontournable pour la plupart des acteurs du sport. C’est incontestable. Aujourd’hui, il y a de moins en moins d’acteurs qui n’intègrent pas ces sujets-là.

Oui, culturellement et intrinsèquement, le sport a toujours été énormément tourné sur le social, et s’approprie de plus en plus la dimension environnementale. C’est à l’image de la préoccupation générale des citoyens. D’ailleurs certains gestes ou impacts environnementaux deviennent de moins en moins acceptables dans le spectacle sportif. Une victoire a moins de valeur si elle se fait au détriment du règlement sportif ou sans respect de l’adversaire. Nous constatons désormais qu’une victoire a de moins en moins de valeur si elle se fait aussi au détriment de l’environnement.

Plus concrètement, si à la rentrée, un club ou un événement souhaite accélérer sur les sujets environnementaux, quelles actions sont les plus rapides et les plus efficaces à mettre en place ?

Cela dépend de quel impact environnemental on parle. Concernant les émissions de gaz à effet de serre, les transports dans l’organisation d’un évènement sportif ou dans la pratique sportive sont très souvent le plus gros poste. Réduire le recours à l’avion, privilégier les transports en commun et la mobilité douce est un axe incontournable.

Concernant la déforestation et la perte de biodiversité, travailler sur l’offre alimentaire dans les stades et les événements est certainement un des principaux axes de progression. L’objectif est d’avoir une offre alimentaire qui génère peu ou pas de déforestation importée, par exemple, parce qu’il a fallu cultiver du soja pour nourrir les élevages qui servent à produire la viande ou les produits animaux. Concernant l’impact sur les sols, forcément, la question de l’utilisation de produits phytosanitaires va arriver très vite.

Qu’on soit fabricant de matériel sportif, organisateur d’événements ou gestionnaire d’un stade, on ne parle pas des mêmes types d’impact. À mon sens, la première étape est d’identifier et de mesurer les plus gros postes d’impacts environnementaux de l’activité, pour ensuite proposer un plan d’actions qui soit cohérent et qui permet réellement de réduire l’impact environnemental.

« Le sport sera malheureusement impacté. Pour sa propre survie, il doit être un des défenseurs du climat. »

Maël Besson, responsable sport du WWF

Les fans et spectateurs ont aussi leur part. Quels actions peuvent-ils réaliser pour être plus éco-responsables quand ils se rendent à un événement sportif ?

Quand un spectateur se rend au stade, spontanément, les trois axes qui me viennent sont effectivement les suivants : son mode de transport, son alimentation, et sa production de déchets.

Nous revenons à des conseils assez classiques : se rendre sur le lieu de l’événement en transport en commun ou en covoiturage – en tout cas utiliser un transport qui utilise le moins de pétrole et qui est donc moins émetteur de gaz à effet de serre -, sur le lieu de l’événement, éviter de consommer du plastique à usage unique, et avoir une alimentation à faible impact environnemental.

Le spectateur peut aussi avoir un rôle auprès de l’organisateur. Il peut demander ou pousser le club qu’il supporte, ou même son entourage, à avoir des pratiques plus éco-responsables. Si les supporters d’un club sont sensibles aux enjeux environnementaux, cela incitera les gestionnaires qui les accueillent ou le club en question à se préoccuper davantage du sujet.

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Roland Garros fut l’un des tout premier événement sportif français de dimension internationale à devenir éco-responsable.

Selon vous, comment sera l’événement sportif de demain et d’après-demain ?

Le sport de demain est un sport qui s’engage dans la défense de l’environnement. Le sport sera lui aussi impacté par un certain nombre de dérèglements, notamment climatiques. La hausse des températures va réduire le nombre de jours de pratique, car il y aura davantage d’épisodes caniculaires, qui amplifient les pics de pollution, qui empêchent le bon entretien des stades et des terrains engazonnés. Le dérèglement climatique va avoir un impact sur la montée des eaux et donc sur le sport en littoral.

Le sport sera malheureusement impacté. Pour sa propre survie, il doit être un des défenseurs du climat. On en revient au rôle d’allié et d’influence du sport pour accélérer la transition écologique de notre société.

Il y a des sportifs engagés, d’autres convaincus mais silencieux, et d’autres pas du tout concerné par ces enjeux, ou pas encore… À quel point le rôle du sportif est important dans la sensibilisation des acteurs du sport et du grand public ?

Je ne l’apprends à personne : les athlètes sont pris comme exemple. Il y a un effet de mimétisme qu’on peut avoir auprès du sportif que l’on admire. Quand un sportif que l’on suit a tel ou tel comportement, cela nous influence forcément. Les personnalités médiatiques comme les champions et plus largement, à travers la publicité, les marques de sport, participent à construire nos normes sociales et nos idéaux de pratique sportive.

A partir de là, elles peuvent avoir un impact positif ou négatif. Par exemple, est-il encore acceptable de promouvoir des chaussures de running avec des images de pratiques dans le désert ? Cela construit un idéal de pratique peu compatible avec les enjeux du dérèglement climatique. Par ailleurs, quand Xavier Thévenard, multi-vainqueur de l’UTMB, déclare qu’il ne veut plus prendre l’avion pour réaliser ses performances, il rehausse positivement la « normalité » des comportements. Les sportifs sont forcément des modèles. Oui, ils ont un rôle à jouer !

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