Fraichement élue à Besançon lors des dernières élections municipales, la maire EELV Anne Vignot et son équipe municipale veulent développer l’éco-tourisme et encourager le sport responsable. Entretien.
La Métropole de Besançon souhaite développer l’éco-tourisme et la pratique du sport outdoor, et ainsi devenir une destination sportive et responsable. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet et cette ambition ?
Nous avons la chance d’avoir un paysage assez contrasté. Nous sommes au pied d’une des premières marches du Jura, avec des reliefs intéressants qui donnent une dimension paysagère et des terrains pour sportifs qui sont très divers. C’est notre atout et c’est ce qui fait que la ville de Besançon a toujours été considérée comme une ville verte. L’articulation entre le milieu naturel et le milieu urbain est très fort. Nous avons un territoire et une agglomération qui présentent aussi un contraste très fort entre un milieu rural, agricole, forestier et une ville urbaine qui concentre énormément de patrimoine batimentaire.
Vous avez remporté les élections en juin dernier, vous avez fait partie de cette vague verte, observée pendant les dernières Municipales. Qu’est-ce que votre mandat de maire « écolo » et présidente de la Métropole peut apporter au sport bisontin ?
Sans doute le fait d’amplifier le rapport à la nature. Je vous le disais tout à l’heure, nous un avons un support physique très intéressant. Nous avons aussi une culture locale, un rapport au vivre-à-l’extérieur important : aimer faire du vélo, du ski quand il y a de la neige, de faire des randonnées, des balades pour aller chercher les champignons. Nous avons cette culture.
Quand, en plus de cela, vous êtes écologiste, vous êtes sur une autre approche. Celle de dire qu’il faut protéger notre nature, ce patrimoine-là. La biodiversité – et dans notre secteur aussi – est en difficulté sinon en danger. Comment faire pour pratiquer du sport sur ce monde extérieur tout en le respectant et en le protégeant ? C’est ce nouvel assemblage qui fait la marque de ce nouveau mandat.
À l’inverse, que peut apporter le sport à la ville de Besançon et à ses environs ?
Il faut faire du sport un atout pour Besançon. Cette culture et ce milieu du sport ont tous les ingrédients pour le bien-vivre ensemble et le bien-vivre individuel. Cette dimension donne au sport toute sa place à Besançon.
Nous avons la chance d’avoir une université qui mène un travail de recherche sur l’activité sportive. Nous avons des équipes qui ont beaucoup travaillé sur la performance sportive et sur la façon d’améliorer la performance sportive. Ils travaillent aussi sur les Jeux Olympiques. Nous avons cette partie « réception » sur la place du sport dans la ville et dans la vie de société.
À Besançon, se développe assez naturellement un projet autour du sport sur notre territoire. C’est un élément structurant. Ce projet a la chance d’être en liaison avec l’ensemble des produits naturels proposés par la Métropole de Besançon. Quand vous venez faire du sport sur ce territoire, vous pouvez venir faire du sport de haut niveau, mais aussi du sport familial – et c’est une dimension extrêmement importante. Nous avons donc la possibilité de proposer des séjours spécialisés dans l’éco-tourisme.
C’est-à-dire ?
Prenons un exemple. Vous habitez à Lyon, Strasbourg, Paris ou Marseille, vous avez envie de tout poser (sic), de vous déplacer à vélo, de vous arrêter dans une ferme et de vous installer dans un gîte. C’est ce que nous sommes en train de construire sur notre territoire.
Vous parliez de sport de haut niveau un peu plus tôt. C’est aussi une vitrine pour Besançon… Quel est votre rôle et celui de votre municipalité dans la transition écologique de vos clubs professionnels – et notamment de handball ? Comment la ville ou la Métropole de Besançon peut accompagner ces clubs dans cette transition ?
Il faut travailler sur la partie évènementielle. Quand on provoque des rassemblements, c’est aussi le cas dans le monde culturel, il faut les accompagner avec des gestes beaucoup plus responsables. Le tri et les écocups se sont déjà beaucoup développés.
Je mettrais l’accent sur quelque chose qui me semble très important. Quand il a été question d’envisager Grandes Heures Nature, en proposant une diversité d’activités sportives, nous voulions le faire en respectant les secteurs préservés. Si nous amenons des sportifs dans ces milieux-là, il faut que ce soit compatible avec ces enjeux d’éco-tourisme. Nous avons travaillé avec une équipe d’experts. Notre logique était de ne pas proposer une activité sportive qui était néfaste pour le milieu naturel, mais de proposer des activités en rapport à la nature, qui donnaient un sens particulier à ce qu’est une forêt, une prairie, une falaise, etc.
Pour revenir aux sports de haut niveau comme le handball, nous voulons inciter les clubs au tri sélectif par exemple, car ces clubs et leurs joueurs sont des modèles et des exemples pour la jeunesse et les supporters au sens large. Un travail a été mené sur ces sujets, mais qui mérite d’être accentué. On ne change pas les pratiques aussi facilement… L’idée est donc de travailler le zéro déchet, mais aussi le zéro carbone.
Est-ce que les différentes associations sportives de la ville ou de la métropole verront l’attribution de leur subvention liée à des contreparties éco-responsables et écologiques ?
Les clubs de sport entrent dans ce nouvel élan qui consiste à lier sport et nature sur notre territoire. Nous les avons mis en contact avec des associations environnementalistes, pour découvrir les interactions qu’il peut y avoir. Avant de mettre en place une écoconditionnalité, il faut que chaque club découvre l’impact que leur activité peut avoir sur l’environnement.
J’ai un exemple. L’année dernière, il a été nécessaire que nous abattions énormément d’arbres. Une partie de cette forêt, en dépérissement du fait de la sécheresse, était donc interdite. Comment envisager la pratique sportive dans la forêt dans ces conditions ? Tout notre travail consiste à gérer les interactions entre les secteurs d’activité – comme le sport – et la nature.
Je discutais un jour avec un maître de conférence spécialisé dans le sport. Il me racontait qu’il s’était rendu compte que les étudiants de sa section qui couraient dans les forêts avaient besoin qu’on les accompagne dans la compréhension du milieu dans lequel ils étaient. Certains – ça tend à changer – prennent ces forêts pour un décor, et pas comme un système dans lequel ils interagissent. Nous travaillons sur ces sujets pour préserver notre environnement.
J’aimerais également dire un mot sur le Raid Handi-Forts, qui mène une expérience chaque année. C’est un trail avec des étapes sportives différentes. Chaque équipe est composé de 6 sportifs dont 2 en situation de handicap, l’un moteur et l’autre plutôt psychique. Toutes les étapes sont réalisées ensemble. À travers le sport, les liens se renforcent énormément entre ces sportifs de niveaux différents qui appréhendent ces épreuves et les efforts de manière très différente. Cela amène une nouvelle dimension à la pratique.