En février 2021, nous avions eu l’occasion d’échanger avec le navigateur Paul Meilhat au sujet de sa collaboration avec Surfrider Foundation Europe. Lors de cet entretien, le vainqueur de la Route du Rhum 2018 nous avait glissé qu’il avait profité de la pause engendrée par la crise sanitaire pour développer un projet à destination d’enfants, combinant découverte de la voile et sensibilisation à la protection de l’environnement. Quatre mois plus tard, ce programme écologique et sociétal nommé L’échappée bleue est prêt à prendre le large.
Comment s’est construit le projet L’échappée bleue ?
Paul Meilhat : Avec Surfrider Foundation Europe, on a défini un cadre logique qui fonctionne grâce à ses trois piliers : le premier, c’est la découverte de la voile pour des jeunes qui n’y viendraient pas spontanément ; le deuxième, c’est le partage de nos connaissances environnementales et, par le biais de la passion, laisser ces jeunes enfants prendre conscience de l’environnement qui les entoure et nourrir leur lien à l’eau ; le troisième, au-delà de la sensibilisation des enfants aux urgences environnementales, c’est de dynamiser tout un écosystème fait de moniteurs de voile et d’éducateurs qui se battent pour proposer de la voile dans des territoires où c’est loin d’être naturel.
Pourquoi t’être lancé dans ce programme ?
Paul Meilhat : Ayant grandi en région parisienne et donc assez loin de la mer, je voulais faire découvrir la voile à des enfants qui n’ont pas la chance de partir en vacances.
À cela s’ajoute le fait que la pratique d’un sport en plein air nous permet de voir la nature d’un œil différent. Pour ma part, c’est le fait d’être tout le temps sur l’eau qui a fait grandir en moi cette forte sensibilité à l’écologie. Je souhaite donc transmettre ce message à travers ma discipline, une activité qui présente l’avantage de pouvoir s’effectuer dans de nombreux endroits : lacs, rivières, canaux, océan, mer…
Quel est son contenu ?
Paul Meilhat : Nous voulions proposer plus qu’un simple baptême de voile en permettant aux jeunes de suivre dix séances d’apprentissage puis de partir pratiquer en mer sur une journée. Les contenus sont travaillés, en majorité, avec des centres sociaux car c’est au sein de ces établissements que se trouve principalement le public ciblé. Concernant la mise à disposition du matériel, nous passons par des clubs adhérents de la Fédération Française de Voile.
Pour ce qui est de l’aspect protection de l’environnement, nous allons utiliser les contenus pédagogiques développés par Surfrider Foundation Europe avec leur équipe animation, et également travailler avec les bénévoles de l’ONG pour proposer le programme Gardien de la Côte en l’adaptant aux problématiques de pollution locales (déchets, pollution des eaux, urbanisation et artificialisation du littoral…)
Ces actions devant rester ludiques, elles seront essentiellement sous forme de jeu du type enquête policière pour comprendre d’où viennent les déchets par exemple.
Quelle est la moyenne d’âge des participants ?
Paul Meilhat : Les enfants seront âgés d’une dizaine d’années, pour qu’ils assimilent au mieux les contenus pédagogiques proposés par Surfrider Foundation Europe. Encore une fois, nous voulons faire d’une pierre deux coups en proposant une action sociétale et en sensibilisant ce public aux problèmes de pollution qui vont de la terre vers la mer. Comme je l’ai déjà dit, les discours seront adaptés au contexte local mais le message principal sera axé sur la nécessaire réduction des déchets et l’impact du plastique à usage unique. Il faut comprendre qu’aujourd’hui, 80% des détritus que l’on retrouve au large proviennent de la terre.
Quand aura lieu la première échappée Bleue ?
Paul Meilhat : Initialement, nous aurions dû débuter lors des vacances de Printemps à Bordeaux et à Pau, mais le 3ème confinement ayant entraîné la fermeture des centres sociaux, nous avons dû revoir nos plans.
Pour cette grande première, nous avons donc passé le nombre de séances de 10 à 2. En Gironde, elles auront lieu le 2 juin à Bordeaux et le 9 juin sur le bassin d’Arcachon. Quant aux Palois, nous les initierons les 8 et 9 juillet avec une sortie en mer à Anglet.
Ensuite, nous nous rendrons à Lanester en Bretagne, puis à Montélimar. Pour ces deux étapes, nous reviendrons à un format normal.
D’autres dates ou étapes sont-elles déjà prévues ?
Paul Meilhat : Oui, nous avons déjà planifié trois opérations en région parisienne (Créteil, Sevran et Valenton), une autre à St-Aubin-les-Elbeufs, vers Rouen, et une cinquième au Havre.
À noter que pour ces 5 étapes, la dernière journée s’articulera autour de rencontres avec des skippers à l’occasion de la Transat Jacques Vabre, course à laquelle je vais participer avec Charlie Dalin sur Apiva.
Photo à la une : © L’Échappée Bleue