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Projet Horizons : un tour de France à la voile pour sensibiliser à la réduction des déchets

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Vanessa et Yorick avaient un rêve : celui de partir naviguer en famille. Après la naissance de leurs deux enfants, ils ont donc vendu leur maison et ont acheté une régate, Carmina, qui s’avéra être l’ancien bastion d’une association à but écologique. Ils décident alors de coupler leur objectif de vivre en mer à celui de se battre pour une cause qui leur est chère. Entretien.

Comment vous est venue l’idée et l’envie de réaliser un Tour de France à la Voile pour sensibiliser à la réduction des déchets ?

Vanessa : L’histoire commence par un projet familial datant d’il y a 7 ans. Nous souhaitions partir en famille avec nos enfants faire un tour en voilier. Nous avions envie de prendre du temps pour nous et de prendre du recul par rapport à une société qui prend beaucoup de place. Au fur et à mesure ce souhait a grandi, nous voulions le partager et mettre à profit le temps que nous aurions pour une cause. Nous avons appris à naviguer, nous avons acheté le fameux bateau dans lequel nous souhaitions vivre. Le destin nous a peut-être envoyé ce bateau car il avait déjà une histoire… celle d’une association s’intitulant Projet Horizons : Naviguer et partager. Elle avait été créée en 2017 par 2 jeunes qui étaient partis faire un transatlantique et qui souhaitaient partager leur aventure avec des écoles par le biais de projets pédagogiques. Beaucoup de valeurs y étaient partagées : le sport, l’écologie, le dépassement de soi, etc. Lorsque nous avons acheté ce bateau, s’est posée la question de savoir si nous reprendrions l’association. Nous nous sommes dit que cela pourrait être une belle aventure et l’occasion de partager notre projet avec d’autres personnes.

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Le projet du tour de France en tant que tel, au-delà d’aller vivre en voilier pendant un an, a vu le jour ensuite. J’étais enceinte à l’époque, nous avons laissé passer cette période puis nous avons préparé le voyage. Nous avons commencé à nous plonger dans les informations administratives, à nous intéresser à la gestion d’une association. Il y a eu les confinements, puis nous avons vendu notre maison. En juin 2020, nous avons commencé notre périple et nous avons pu nous investir à 100% dans l’association. Il s’avère que lors de nos balades en famille, nous tombions constamment sur des déchets. Cela a commencé à nous intéresser car nous étions sensibilisés à cette problématique. De plus, c’était un sujet qui nous concernait car au sein du bateau, nous devions faire attention à nos déchets, plus qu’à la maison. Ainsi, lors d’une assemblée générale, nous avons donc décidé collectivement que nous ferions ce Tour de France en sensibilisant sur notre chemin la population sur la gestion des déchets. Nous souhaitions faire une ville par département limitrophe à la mer. Nous ferions 4 jours d’animations par escale. Fédérer, comprendre et sensibiliser, ce sont les 3 mots de notre association. Nous avons achevé notre tour de France en voile cet été, qui a été écourté pour des raisons personnelles. Nous nous installons à Caen et souhaitons faire prospérer l’association.

Cela a été une épreuve importante, un défi. Pour moi déjà personnellement, en tant que femme, maman, navigatrice et gérante d’une association.

POURQUOI AVOIR CHOISI LA CAUSE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? ET PAR LE BIAIS DE LA NAVIGATION EN MER ?

Vanessa : La navigation, par passion. L’environnement, c’est plus global. J’ai eu une prise de conscience en tant que maman lors de la naissance de mes enfants. C’est une sensibilisation qui a grandi et qui s’est réellement amplifiée lorsque l’on a fait nos 1er ramassages de déchets, en discutant avec les gens et en s’intéressant plus en profondeur à l’impact de l’humain sur l’environnement.

Quelles actions de sensibilisation AVEZ-vous MIS en place ?
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Vanessa : Au delà des ramassage de déchets et des forums le week-end, ainsi que des études sur ce que nous ramassions, qui touchait plus un public adulte, nous faisions des sensibilisations au sein des écoles par le biais d’un escape game, qui s’inscrit dans un programme de 3h00. Ce sont 800 élèves du CE1 au CM2, entre mars et août 2021, qui ont été sensibilisés par ce biais. Tout d’abord, nous présentions notre association et nos jours d’escales, puis nous passions sur le jeu qui dure 2 heures. Je leur racontais une histoire au départ : un capitaine, qui a inventé une machine permettant la revalorisation du plastique, à cacher les clés dans son bureau, pour qu’on ne les retrouve pas. Mais dans 2h, il faut absolument présenter la machine au « Recyclage Awards », il faut donc vite résoudre les énigmes pour retrouver le trousseau ! Il y a une énigme sur les poubelles de tri, une sur la réduction des déchets et une sur les écogestes. Les écoles sont friandes de ces actions de sensibilisation organisées par des associations. En effet, c’est dans le programme scolaire aujourd’hui de parler du tri des déchets, donc cela permet de faire une piqure de rappel.

Ce que je souhaite, c’est que l’association éveille la curiosité des autres. Je n’ai pas envie de leur apporter des solutions. Une personne trouvera toujours plus de conviction en lui qu’à travers le discours de quelqu’un d’autre.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous AVEZ FAIT FACE ? ÉTAIT-ce compliqué de gérer une vie de famille sur un bateau ?

Vanessa : Cela a été une épreuve importante, un défi. Pour moi déjà personnellement, en tant que femme, maman, navigatrice et gérante d’une association. Je n’étais pas sûre physiquement d’y arriver. Sans mon mari, j’aurais eu beaucoup de mal. En tant que maman, il y a eu des moments difficiles car mes deux enfants ont parfois eu le mal de mer. En plus de cela, certaines personnes pensent que l’on veut inculquer des belles valeurs de réduction de déchets sans que nous le fassions vraiment. Ce qui est faux, évidemment, nous sommes réellement impliqués. Cela a été compliqué, mais nous avons tenu bon. Il y a des sujets qui ont pâti au niveau de l’association, notamment sur la communication. Nous avons du retard sur nos réseaux sociaux… Mais nous gérons les priorités, en évitant de prendre trop de retard partout. De plus, une semaine par ville, nous nous sommes rendu compte que cela était trop serré comme timing. Nous avons rencontré de tas de personnes merveilleuses, nous aurions aimé rester plus longtemps auprès d’eux !

Comment avez-vous réussi à concilier UNE VIE PLUS MINIMALISTE ET LA GESTION DE DEUX ENFANTS EN BAS ÂGE ?

Vanessa : Les enfants en bas âge, avec du recul, c’est le moment le plus facile ! Quelques parents qui souhaitaient s’investir nous ont parlé de leurs adolescents, qui sont en train de se construire et qui ont en général plus de mal à se plier à ces contraintes. Pour l’instant je ne le vis pas, on verra bien ! Pour le bateau, la difficulté c’était que la place était restreinte, pour les jeux des enfants notamment. Mais finalement, les enfants ont de l’imagination et s’amusent avec un rien ! Mon conseil pour concilier vie minimaliste et vie familiale, ce serait de faire attention à nos ressources. Je ne dis pas qu’il ne faut plus rien avoir, plus rien acheter. Mais tu n’es pas obligé de l’acheter neuf et quand tu ne veux plus t’en servir, tu peux le revendre ou le donner, au lieu de le jeter. Aujourd’hui, dans les comportements collectifs, nous consommons en illimité. Comme si nos ressources étaient illimitées. Or, la planète nous arrête… Il faut apprendre à se restreindre, n’utiliser que ce dont nous avons besoin. Mais c’est très difficile, pour moi la première !

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Cependant, ce que je souhaite, c’est que l’association éveille la curiosité des autres. Je n’ai pas envie de leur apporter des solutions. Une personne trouvera toujours plus de conviction en lui qu’à travers le discours de quelqu’un d’autre. Il faut que cela vienne des gens.

Que peut-on faire en tant qu’adhérent ou bénévole dans votre association pour vous aider et/ou agir ?

Vanessa : C’était compliqué pendant le Tour de France de répondre à cette question, étant donné que nous étions nomades. Nous faisions des appels d’aide humaine lorsque nous arrivions dans une ville, c’était éphémère. Maintenant que nous sommes installés à Caen, cela va être plus facile. Nous avons énormément besoin de soutien pour communiquer, nous recherchons une personne pour nous aider sur ce point. Cela étant, toute personne qui a envie de s’investir est la bienvenue ! Nous pouvons avoir besoin d’aide pour les ramassages de déchets, mais aussi les sensibilisations dans les écoles, ou du montage/démontage. Je voulais organiser des tables rondes dans différentes villes, mais je ne peux pas le faire toute seule. Il est envisageable évidemment pour nous de former des personnes qui voudraient le faire ! On a besoin de bras, ça c’est sûr. Nous sommes également preneurs d’idées nouvelles pour le projet associatif sur les années à venir, ainsi que des aides financières, c’est primordial pour une association.

Nous souhaitons impliquer tout le monde, c’est le souhait de l’association : les entreprises, les collectivités, les associations. Pour moi toute personne à un regard différent et c’est très important de faire le lien entre ces différentes visions. J’ai le sentiment qu’il y a des blocages liés à ce manque de lien. Des gens œuvrent pour la même chose mais ne passent pas par le même chemin pour y arriver. Il faudrait trouver des consensus, se dire que nous sommes ensemble. Nous ne prenons pas tous le même chemin, mais nous tendons tous vers la même direction.

Quel bilan pour ce Tour de France ?

Vanessa : Nous sommes contents car nous avons réussi, dans la plupart des villes, à créer du lien entre des personnes : des élus avec des entreprises par exemple, des associations, la communauté de communes, des syndicats de propreté et bien d’autres qui ne se connaissaient que de loin. D’un point de vue personnel, je suis sortie grandie car nous avons écouté les gens, tout en prenant du recul en naviguant entre chaque escale. Voir les gens s’investir, c’était tellement positif. Nous avons énormément donné, nous étions à 100%, mais ce qui nous a été rendu par les gens, c’était inespéré. Comment dire merci ? Il n’y a même pas de mots. Je souhaite à toute personne de vivre ce genre d’échanges, d’aller auprès des autres.

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