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La relocalisation des acteurs sportifs en France

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Relocalisation Made in France

Le Coq Sportif, Rossignol, Rebond… Les marques et équipementiers sportifs produisent de plus en plus en France. Une relocalisation bienvenue pour la planète et certainement accélérée par la crise sanitaire que nous venons de traverser. Où en est le Made in France ? Quels sont les freins et les opportunités pour ces marques ?

Parfois décriées comme étant un phénomène de mode suivant la tendance du Made in France, les relocalisations sont encouragées par les pouvoirs publics depuis plus de 10 ans. Les fermetures des frontières et la pénurie de matières premières liées à la crise sanitaire ont donné plus de crédit et d’intérêt au retour de la production en France. Ainsi, après les crédits d’impôts en 2007, le gouvernement français a mis en place des aides à la réindustrialisation et une prime à la relocalisation, en 2010. L’objectif ? Renforcer l’industrie et l’économie française en développant l’activité et la création d’emplois.

Ces financements ont en parti bénéficié aux acteurs sportifs comme Rossignol et Le Coq Sportif. En effet, en 2010, Rossignol a relocalisé une partie de sa production de ski en Haute-Savoie, précédemment sous-traitée à Taïwan. Dans le même temps, Le Coq Sportif a ouvert un centre de Recherche & Développement à Romilly-sur-Seine (Aube), avant de poursuivre avec l’ouverture d’un centre de production en 2012.

Ces initiatives sont par ailleurs toujours encouragées par le gouvernement à travers le plan de relance économique France Relance, lancé en 2020. Centré autour de l’écologie, la compétitivité et la cohésion, les entreprises en relocalisation mettent ainsi en place des initiatives visant non seulement à redémarrer l’activité économique en France, mais également à s’ancrer dans une démarche écologique. C’est notamment le cas de l’entreprise Le Coq Sportif, qui a entreprit l’extension de son site industriel français en ajoutant 3.000m2 d’ici décembre 2022 avec une toiture en panneaux solaires pour son autonomie énergétique.

De nombreux freins existent encore

Ces relocalisations peuvent s’avérer difficiles au premier abord. Après ses implantations réussies en 2010 et 2012 à Romilly-sur-Seine, Le Coq Sportif a tenté à deux reprises de produire des baskets lifestyle en France, d’abord en Drôme en 2015, puis en Loire-Atlantique deux ans après, en vain.

Le Coq Sportif Ecolosport
© Le Coq Sportif

Selon Sébastien Dahan, le directeur du marketing opérationnel de le marque tricolore, « ce fût un fiasco. Nous avons mis neuf mois pour fabriquer 60 paires. Les opérateurs n’étaient pas polyvalents, et fabriquer une chaussure de ville à la chaîne n’a rien à voir avec la fabrication d’une basket. »

Quels sont donc ces freins à prendre en compte pour se réinstaller sur le sol français ? Le manque de diversité des produits fabriqués en France d’abord, mais aussi un prix plus élevé pour les consommateurs, le manque de main d’œuvre qualifiée dans certains secteurs aussi, et une image négative de la France à l’international en termes d’attractivité, avec un taux de syndicalisation élevé et des mouvements sociaux récurrents.

Une réussite basée sur les innovations technologiques

Pour palier certains freins, les entreprises misent sur les innovations technologiques, à l’image du groupe Chamatex. Ce dernier a inauguré en septembre 2021 une nouvelle unité de production automatisée en Ardèche, nommée Advanced Shoe Factory (ASF) 4.0, pour produire et assembler jusqu’à 500.000 chaussures de sport par an. Elles seront notamment vendues par Salomon, Millet et Babolat, toutes actionnaires de l’infrastructure.

Chamatex Damien Trimphe Radio France
© Damien Triomphe/Radio France

« Les moyens de production sont ultra-innovants pour l’industrie de la chaussure dont les fabrications sont habituellement très manuelles », explique Lucie André, directrice opérationnelle d’ASF 4.0. « Plusieurs machines ont d’ailleurs fait l’objet de dépôt de brevet. »

Outre le développement économique et l’aspect écologique, les entreprises ont recours à la relocalisation pour beaucoup d’autres raisons : raccourcir les délais de livraisons, être proche des marchés de consommation pour mieux répondre à la demande, avoir une meilleure gestion des commandes, réduire la dépendance vis-à-vis des producteurs étrangers, miser sur le haut-de-gamme et la qualité française, bénéficier de l’image du Made in France, être en accord avec ses valeurs et engagements, ou encore bénéficier d’un environnement plus propice pour l’accès aux financements.

Vers une complémentarité des chaines de production ?

Cependant, certaines entreprises reconnaissent la présence de savoir-faire ainsi que la production de certaines matières premières essentielles hors territoire national. C’est notamment le cas de Rebond, que nous vous présentions en janvier dernier.

L’entreprise nantaise produit en partie au Pendjab – entre l’Inde et le Pakistan – des ballons certifié FairTrade, avec des encres normées pour la sécurité de tous. Cette année, en partenariat avec le Paris Saint Germain, 50 ballons ont été produits à Gétigné en Loire-Atlantique, en recyclant des maillots, pour les 50 ans du club. Ainsi, une production 100% française a été mise en place avec un assemblage en Loire-Atlantique et des matériaux en provenance de l’Ain.

Rebond Ballon Red Star Ecolosport

L’entreprise mise ainsi sur la complémentarité des chaines de production, en France et au Pendjab. Cette dernière est reconnue pour son savoir-faire dans la production de ballons, véritable source de développement social et économique dans la région, tandis que la France bénéficie de connaissances poussées en production de textile et chaussures.

La relocalisation des acteurs sportifs semble être un phénomène toujours aussi complexe, nécessitant notamment des financements, de l’innovation et une modification de la fiscalité. Encore à ses débuts mais en progression, de belles réussites comme celle de Rossignol montrent cependant le champ des possibles.

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