La Ligue de Football Professionnel (LFP) a dévoilé ce mardi 11 février les grandes lignes de son ambition environnementale à compter de la saison 2025/2026, avec une évolution de sa Licence club pour une homogénéisation des mesures ESG et carbone de ses clubs.
C’est une première prise de parole attendue, et souhaitée. La Ligue de Football Professionnel a convié la presse, ce mardi 11 février, à la présentation de sa stratégie environnementale à partir de la saison 2025/2026. La mobilisation de la LFP ne date pourtant pas d’aujourd’hui. Souvent confrontée aux polémiques sur l’impact écologique du football français, la Ligue travaille depuis quelques années sur sa responsabilité environnementale : partenariat avec le WWF en 2019, enquête sur les mobilités avec EcoAct en 2021, participation au Plan de sobriété énergétique en 2023, lancement de l’éco-conditionnalité de sa Licence Club la même année et, plus récemment, participation aux travaux du Shift Project, qui vont aussi animer cette semaine.
Si le sujet ne date pas donc d’aujourd’hui, la Ligue semble vouloir accélérer. “Mener ces actions est une bonne chose, mais encore faut-il avoir un thermomètre pour savoir si ce qu’on applique est efficace ou pas” avance avec justesse Arnaud Rouger, Directeur général de la LFP. “La question de la mesure est un élément très important, elle permet d’abord de structurer les actions, puis ensuite de s’assurer si ce qu’on a mis en place est efficace ou pas, et donc de s’adapter.”
La Licence Club de la LFP évolue
Mesurer, donc. Et inciter. C’était l’éco-conditionnalité des droits TV liés à la Licence Club. Jusqu’à la fin de la saison, 10% des points de cette licence étaient liés à des enjeux environnementaux, parmi lesquels la réalisation d’un bilan carbone, la réduction de la consommation énergétique, la mise en place de gobelets réutilisables neutres, le recyclage et la valorisation des déchets ou encore la signature de la Charte des 15 engagements du Ministère des Sports. Cette Licence Club représente plusieurs millions d’euros de droits TV débloqués pour un club de Ligue 1, plusieurs centaines de milliers d’euros pour un club de Ligue 2. L’incitation est donc conséquente car les enjeux financiers majeurs.
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L’évolution des critères de la Licence Club est une priorité pour la LFP. Cette transformation vise à intégrer des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans l’évaluation des clubs, afin d’accompagner leur transition vers des modèles plus responsables. Ainsi, la Ligue regroupe certains critères comme la consommation électrique et d’eau, la production de déchets, leur recyclage et la Charte des 15 engagements dans un seul et même gros poste, évaluant surtout la capacité des clubs à remonter les données dans un cadre méthodologique bien précis.
Cette remontée de données va permettre à la LFP de “structurer une stratégie à moyen ou long terme”, selon Jérôme Belaygue, Directeur de la Communication et de la RSE de la Ligue. Côté carbone aussi, le critère évolue. L’idée : adosser au bilan carbone effectué la mise en place d’une stratégie bas carbone. Ces deux critères – reporting ESG et protocole carbone – sont les deux éléments centraux de la stratégie de la LFP.
La mise en place d’une plateforme de reporting avec Zei
La LFP va ainsi déployer, avec Zei, une plateforme qui centralisera et harmonisera la collecte des données des 36 clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 sur les sujets d’énergie, d’eau ou encore de déchets. L’objectif est double. Il s’agit à la fois d’offrir aux clubs un outil intuitif et efficace pour suivre leurs performances ESG, mais aussi de permettre à la Ligue d’établir un état des lieux global du football professionnel français sur ces enjeux. Une phase de test a été menée avec plusieurs clubs (AS Monaco, PSG, Olympique de Marseille, Olympique Lyonnais, AS Saint-Etienne, FC Annecy, RC Lens, Montpellier HSC) et les premiers retours semblent encourageants. Les premières données remonteront sur la plateforme dès la fin de la saison en cours, leur consolidation interviendra en fin d’année 2025.
Les enjeux sont multiples. Pour les clubs, il s’agit d’identifier plus facilement les postes performants ou non et d’axer leur stratégie de réduction en conséquence. Les données issues de Zei seront intégrées dans l’évaluation de la Licence Club. Pour la Ligue, il s’agit de collecter le plus de datas possibles, avec une méthodologie commune pour un meilleur traitement de ces données, et d’avoir une vue d’ensemble sur l’impact environnemental du football professionnel français.
Une méthodologie de calcul et de bilan carbone commune à tous les clubs avec Sami
Incités par la Licence Club, 25 des 36 clubs de la LFP ont réalisé un bilan carbone ces 2 dernières années, avec des méthodologies différentes et donc pas cumulables. Un vrai problème pour la Ligue, incapable d’avoir une vue globale. L’objectif était donc d’établir une méthodologie standardisée pour réaliser les bilans carbone des clubs, en tenant compte des spécificités du football professionnel et des diversités de chaque club. “Nous sommes très fiers que la méthodologie soit en open source et donc disponible pour tous les acteurs du sport français” se réjouit Jérôme Belaygue.
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Cette méthodologie commune a été développée avec l’entreprise Sami et elle est harmonisée avec celle de l’UEFA. Elle suit trois étapes : la formation des référents RSE et leur accompagnement dans la prise en main du protocole carbone, la réalisation du premier bilan selon la méthodologie définie entre juillet et décembre 2025, et la consolidation des données afin d’établir une trajectoire collective et des objectifs de réduction chiffrés.
Le gros chantier sera forcément lié aux transports. 75% à 80% de l’empreinte carbone d’un événement sportif – et d’un match de Ligue 1 – est lié aux déplacements des spectateurs, prestataires et équipes. 33 des 36 clubs proposent une plateforme de covoiturage à leurs supporters aujourd’hui, et 26 ont déployé une offre de transports en commun ou de mobilités douces. Côté équipes, seulement 25% des déplacements se font en train ou en bus, le reste se faisant en avion. Sur le sujet des mobilités et de la décarbonation de ses matchs, la LFP travaille étroitement et “en sous-marin” avec Mob’Sport.
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La saison prochaine marquera donc le début d’un nouveau cycle pour la LFP et l’ensemble du football professionnel français, autour de la mesure. Mesurer pour structurer, mesurer pour réduire. Pour embarquer l’écosystème du football professionnel français, et pour une meilleure gestion des ressources.