En 2025, Ecolosport publiera chaque mois les portraits de 12 climatosportifs, ces athlètes qui veulent allier performance sportive et engagement environnemental. C’est au tour de Mathéo Gabon, sprinter et co-fondateur de l’association, d’être mis en lumière par la journaliste et athlète Azaïs Perronin.

Mathéo Gabon maîtrise le temps, sur la piste comme dans la vie. Si chaque année, le sprinter grapille quelques centièmes sur 200m, pour le reste, il s’applique à ralentir, pour vivre au rythme d’une nature qui lui est chère. A 28 ans, Mathéo a pris un tournant dans sa vie en quittant la région parisienne, son travail d’ingénieur et son club d’athlétisme pour rejoindre la Guadeloupe de ses parents et se sentir aligné grâce à un nouveau rythme de vie. 

Mathéo a grandi à Noisy-le-Grand, près de Paris. Des années durant lesquelles le sport et l’écologie ont rapidement intégré sa vie. Le respect de la nature s’impose à lui à travers ses voyages en Guadeloupe. “Là-bas, je voyais la mer, la rivière, la mangrove, la montagne… Mes yeux étaient constamment rivés sur un bout de nature, plus que quand tu habites entre deux morceaux de béton en Île-de-France”, relate-t-il. A Noisy-le-Grand, il reconnait être très tôt catégorisé comme l’écolo-bobo : “je me souviens d’une fois où un pote a jeté un déchet plastique et a dit : “non, mais de toute façon, je sais que Mathéo va le ramasser parce qu’il déteste quand il y a des déchets par terre””.

Pour ce qui est du sport, Mathéo a commencé très tôt l’athlétisme, “j’avais peut-être 6-7 ans”, se remémore le spécialiste du demi-tour de piste. En grandissant, l’athlète s’est mis à briller sur les stades, en s’illustrant sur une dizaine de championnats de France, et il a étoffé ses connaissances environnementales. Aujourd’hui il lie sa pratique sportive avec son engagement pour l’écologie, en communiquant notamment sur son profil, rare, d’athlète vegan. 

En cofondant l’association Les Climatosportifs, Mathéo Gabon espérait “faire en sorte que les enjeux environnementaux puissent s’intégrer aux passions sportives des gens”. Il milite pour une refonte de la culture de la performance. “Comment réussir à corréler performance et prendre soin ?”, interroge-t-il. Pour lui, la quête de résultats ne peut plus ignorer la santé mentale, le respect du corps et du monde qui nous entoure. Il appelle à ralentir, à s’interroger sur le sens de l’investissement total dans une performance parfois déconnectée des réalités humaines et écologiques.Installé à Pointe-à-Pitre depuis quelques mois avec sa compagne Charlotte Polifonte, Matheo vit en cohérence avec ses valeurs. “Dans l’idée qu’on a de l’écologie, de cette sobriété, de cette lenteur, je la trouve beaucoup plus palpable en Guadeloupe”, précise-t-il. Comme un retour à l’essentiel, Mathéo renoue avec une nature à portée de main. “Je réalise des choses que je rêvais de faire : cueillir des fruits à même l’arbre, récolter du moringa et ensuite aller les cuisiner chez moi, faire du thé à partir de plantes qu’on a cueillies le jour même”, se réjouit-il.

Mais ce nouveau départ n’est pas exempt de défis. En Guadeloupe, les problématiques environnementales et sanitaires sont nombreuses. “Il y a des enjeux autour de la pollution au chlordécone, de la malnutrition, de l’indépendance et de l’autonomie alimentaire”, énumère-t-il. Autant de sujets qui alimentent sa réflexion, le découragent parfois mais renforcent, immanquablement, son envie d’agir.

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