En France, plus de 6 millions de français sont abonnés à une salle de sport, ce qui en fait le troisième marché de fitness en Europe (après l’Allemagne et le Royaume-Uni). Dans le même temps, l’énergie développée en moyenne par nos paires de jambes est de l’ordre de 100W et celle de nos bras de 10W. De ce constat est apparu le concept de “fitness utile”. Et si faire du sport pouvait aussi être producteur d’énergie ?
Le concept de “fitness utile” a été remis au goût du jour grâce à l’expérience Biosphère Urbaine. À travers “Johnny’s Fitness Club”, des ingénieurs ont conçu des machines utilisant l’énergie humaine dépensée pour faire fonctionner des appareils qui normalement consomment de l’électricité. L’énergie autrefois gâchée est alors rendue utile. S’appuyant sur la low-tech, ils ont construit un rameur à lessiver unique en son genre. C’est une “machine 100% issue du réemploi & 100% human powered”, n’utilisant que l’énergie mécanique plutôt que l’énergie électrique, réduisant la consommation d’eau de 2 à 4 fois par rapport à une machine classique et permettant de faire de l’exercice physique de manière utile et agréable pendant une quarantaine de minutes.
Au-delà de cette approche conviviale, cela vise notamment à questionner notre consommation d’énergie au quotidien. Au cours d’une année, un Français consomme en moyenne 66 000 kWh. Pour se rendre compte de ce que cela représente, une équipe de la Stockholm Academy of Dramatic Arts a réalisé une expérience : faire griller une tranche de pain uniquement à l’aide de l’énergie déployée par un cycliste olympique. Le résultat : après un effort très intense, la tranche n’a doré que partiellement. Tout cela démontre que produire de l’énergie est quelque chose de précieux et que sa production nécessite des efforts intenses.
Néanmoins, un projet artistique nommé “Human Power Plant” permet de porter une analyse critique sur cette nouvelle source “d’énergie renouvelable” et l’approche collective. À travers une salle de fitness capable de produire de quoi s’éclairer, se chauffer et traîner sur Internet pour un immeuble étudiant de 22 étages, ce projet démontre une réelle prise de conscience de la possibilité d’un monde où “rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme”, pour reprendre la formule apocryphe d’Antoine Lavoisier.
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Le fitness utile peut couvrir les besoins en énergie des salles
Des salles de fitness se sont déjà emparées de ce concept en les intégrant à leurs équipements. C’est l’exemple de Green Microgym aux États-Unis, qui a généré 36% de son électricité en 2009. Ces systèmes pourraient être mis en place facilement dans les salles de sport sans changer quoi que ce soit aux habitudes des sportifs. À l’échelle mondiale, si toutes les machines de musculation étaient remplacées par des appareils générateurs d’énergie, le secteur du fitness pourrait fournir l’équivalent de la consommation d’une ville de 700 000 habitants, selon une estimation de Technogym. Et en moyenne, une salle disposant d’une trentaine d’appareils pourrait produire environ 25% de ses besoins en énergie. Cela permettrait donc des économies à la fois pour l’environnement et pour le portefeuille.
Il ne faudra pas se contenter de cette solution. En produisant l’énergie directement via notre corps, nous changeons notre approche à sa production et à sa consommation. C’est consommer moins mais mieux. Cependant, il ne faut pas oublier que la transition vers un monde durable et vertueux ne se fera que par la complémentarité et la diversité des techniques et sources d’énergies renouvelables.
