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Et si l’EPS devenait aussi un cours d’écologie ?

Et si l’EPS devenait aussi un cours d’écologie ?
Faire du canoë-kayak en EPS pour mieux comprendre et protéger nos cours d'eau ? - © Adobe Stock
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Depuis plusieurs années, la question écologique s’invite dans tous les domaines de la société. L’école n’échappe pas à cette nécessité, et les disciplines traditionnellement éloignées de ces enjeux sont désormais appelées à se réinventer. L’éducation physique et sportive (EPS), en particulier, pourrait jouer un rôle majeur dans la sensibilisation des élèves à leur environnement. Et si courir, grimper, ou encore jouer en plein air devenait aussi l’occasion d’apprendre à mieux comprendre et protéger le vivant ?

Et si nos collégiens et lycéens était éduqué à l’environnement pendant leur cours d’éducation physique et sportive (EPS) ? L’idée d’un potentiel écologique de l’EPS est défendue par plusieurs chercheurs, dont Léa Gottsmann et Nicolas Terré : “En EPS, l’étude de l’activité des élèves, détachée des situations dans lesquelles ils agissent, laisse dans l’ombre une grande partie de ce qui s’apprend.” L’enjeu est donc de dépasser une vision technique de la discipline pour replacer les pratiques sportives dans leur cadre naturel. Les élèves doivent passer “d’une perception de l’environnement comme un ensemble d’obstacles extérieurs auxquels ils doivent résister à une perception plus fine des ressources offertes par l’environnement et au sentiment de lui appartenir.”

Cette transformation passe par une évolution de la relation entre le corps et son milieu. Comme l’écrivent Gottsmann et Terré : “Quiconque aborde une nouvelle pratique physique et sportive a le réflexe de s’opposer à l’environnement, initialement perçu comme un ensemble de perturbations auxquelles il faut résister. Mais il devient peu à peu un champ de ressources que les élèves adoptent, dans le sens où leur expérience évolue graduellement de la confrontation et l’évitement vers le partenariat et l’approche.”

Les sensations, même désagréables comme la peur, sont elles aussi formatrices et peuvent permettre ensuite de s’engager ou renoncer. Ainsi, l’efficacité sportive ne se réduit pas à la maîtrise technique, mais inclut une forme de symbiose avec le milieu. L’EPS devient alors une expérience sensible de l’environnement, où l’apprentissage du corps rejoint celui de l’écologie.

Comprendre son environnement… pour mieux le protéger

Mais comprendre son environnement ne suffit pas : il faut aussi apprendre à le protéger. Le rapport Jean Jouzel (2020) recommande notamment que 100% des étudiants sortant de l’enseignement supérieur en formation initiale, aient été formés aux enjeux, voies et moyens de la transition écologique.

L’enseignement supérieur a commencé cette transition, comme le souligne Maxime Plard, professeur agrégé d’EPS à l’Université du Littoral : “En l’espace de 3 ou 4 ans, il y a eu une bascule assez nette, avec de plus en plus de contenus autour de l’écologie, qui sont maintenant présents dans les maquettes, qui trouvent une place beaucoup plus importante que ça ne l’était auparavant.” Dans ses formations, la nature est un terrain de jeu privilégié : escalade, trail, course d’orientation, kayak. L’idée est que “chaque enseignement puisse, à un moment donné, questionner la thématique.”

Au-delà de l’université, la réflexion gagne aussi les collèges et lycées. Certains établissements E3D (écoles et établissements en démarche de développement durable) expérimentent déjà cette intégration. Pour Plard, l’essentiel est de ne pas se limiter à quelques séances : “Pour que la sensibilisation soit efficace, il faut que ce ne soit pas simplement un cycle de 15-20 heures, une fois, durant le parcours des élèves. Il faudrait que ça puisse devenir quelque chose de systématique.”

Des chercheurs québécois, comme Tegwen Gadais et Paquito Bernard, insistent également sur la responsabilité des enseignants : “Nous croyons qu’il est du devoir des enseignants de faire leur part pour inclure les enjeux des changements climatiques dans les cours d’EPS et préparer les générations futures.” La crise sanitaire a, elle aussi, révélé le potentiel éducatif de l’enseignement en plein air : “La crise sanitaire traversée en 2020 a permis de revaloriser l’enseignement extérieur comme une véritable solution à l’apprentissage, mais aussi et peut-être, comme une véritable solution durable pour offrir des alternatives d’enseignement et de remise au centre de la protection de l’environnement.”

De nombreuses pistes concrètes existent : promouvoir les pratiques à faible empreinte carbone, sensibiliser à l’environnement dès le plus jeune âge, développer des projets transdisciplinaires (recyclage, alimentation, effets des vagues de chaleur sur le corps…). Le collectif EPS et Écologie propose par exemple d’intégrer l’observation du vivant dans les cours : reconnaître les espèces, réaliser des herbiers, ou utiliser la course d’orientation pour identifier des arbres et plantes.

Comme le rappelle Maxime Plard : “Nous, en tout cas, ce sont des outils qu’on exploite avec nos étudiants ou avec les groupes de collégiens et lycéens que l’on accueille. On garde l’activité qui est la course d’orientation, mais c’est juste le support, le média ou le contenu qui évolue autour de ces préoccupations-là. C’est-à-dire qu’on peut s’orienter par rapport à des espèces naturelles qu’on va identifier, qu’on va prélever. Le fait d’être en milieu naturel, ça peut aussi être un moment pour sensibiliser sur l’impact de nos déplacements, du piétinement. Pour moi, on est plutôt sur une tendance qui va dans ce sens.”

Vers une éducation du corps… et du vivant

Plus qu’une simple discipline sportive, l’EPS pourrait devenir une véritable éducation écologique. Comme l’affirmait déjà Louise Chawla en 2015 : “Plus un enfant est sensibilisé en jeune âge à la nature, plus il aura tendance à la protéger par la suite.”

En intégrant la conscience environnementale dans les pratiques corporelles, l’école a donc une occasion unique de former non seulement des citoyens et sportifs actifs, mais aussi des gardiens du vivant. Apprendre à courir ou grimper pourrait bien être une première étape vers l’apprentissage de la responsabilité écologique.

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