C’est l’événement sportif du week-end, et les fans s’en réjouissent ! La saison 2020 de Formule 1 démarre ce week-end, en Autriche. Une saison pour le moment raccourcie et principalement européenne. Pour un impact écologique moindre ?
Comment la Formule 1, compétition reine du sport automobile, peut-elle être plus compatible avec les enjeux environnementaux qui sont les nôtres aujourd’hui ? Par essence, le sport auto – et à fortiori la F1 – n’est évidemment pas éco-friendly. Selon l’organisateur Formula One, une saison de Formule 1 produit près de 256.000 tonnes de Co2, soit l’équivalent de l’empreinte carbone de 25.000 ménages.
La volonté d’être neutre en carbone en 2030
Comment concilier une saison de Formule 1 et sa trop lourde logistique – environ 45% de l’empreinte carbone totale de la F1 ! – avec la protection de l’environnement ? De l’aveu de la F1, la transition écologique est l’un de ses plus grands défis. Un grand plan écologique a d’ailleurs vu le jour en novembre dernier. Assez ambitieux, il prévoit la neutralité carbone dans 10 ans. Pour y arriver, de nombreuses mesures devraient être mis en place : matériaux durables, déchets recyclés, incitation des fans à la mobilité douce et circuits mieux intégrés à la nature pour 2025 ; voitures à zéro émission carbone, logistique et déplacements optimisés et très réduits, bureaux et usines à énergies renouvelables, et compensations pour 2030.
Souvent focalisées sur la partie course, carburants et voitures, les remarques des pilotes sur le thème de l’environnement sont globalement timides. Les émissions provenant des monoplaces elles-mêmes ne représentent que 0,7% de l’empreinte carbone globale de la Formule 1. C’est très faible, et pourtant, c’est ce point qui est principalement abordé par les pilotes. « La F1 est une opportunité pour développer des formules moteur, des technologies etc. Cela nous aidera, ça aidera la mobilité et les transports à l’avenir, pour que ce soit plus efficient » avançait Sébastien Vettel il y a quelques mois. Kimi Räikönnen : « Nous ne sommes sûrement pas les mieux placés pour en parler car, finalement, nous brûlons du carburant pour quoi ? Pour être premier, deuxième ? ». Romain Grosjean poursuit : « Aller dans tous les pays en avion, transporter des objets volumineux par avion, brûler des pneus et du carburant, ce n’est pas très écologique. (…) Il nous faut faire attention, car la Formule 1 est complètement à l’opposé. »
Les déplacement sont justement au coeur de la réfléxion écologique de la FIA pour la Formule 1. La réorganisation des calendriers des prochaines saisons est centrale.
Lewis Hamilton, également leader sur l’écologie
S’il y a un pilote qui s’est récemment distingué, c’est bien Lewis Hamilton. Sextuple champion du monde, le Britannique de Mercedes est également leader sur le thème de l’écologie. Paradoxal ? Un peu, car Hamilton était surtout connu pour son train de vie dispendieux. Mais c’est fini, assure-t-il. « Cela m’a pris 32 ans pour comprendre l’impact que j’ai sur le monde et réaliser ce que je peux faire chaque jour pour l’améliorer » confiait-il en octobre dernier.
Concrètement, Lewis Hamilton a ainsi revendu son jet privé, arrêté de manger de la viande et avait fait part de sa vive émotion lors des incendies en Australie en 2019, en faisant notamment don de 500.000$ pour la lutte contre ces incendies et la sauvegarde des koalas. Sa collaboration avec la marque Tommy Hilfiger a également évolué : « Presque 70% de tous les vêtements que j’ai faits sont écologiques, soit en tissu recyclé, soit en simili cuir, soit en faux daim. L’objectif est d’arriver à 100%. » Le Britannique avait aussi ajouté, de manière plus radicale : « Je n’autorise personne au bureau ou chez moi à acheter de l’emballage plastique, on se dirige au maximum vers les emballages recyclés et recyclables, même les brosses-à-dents. J’ai aussi changer mon alimentation et j’ai même acheté une Smart électrique. »
L’engagement du pilote est réel et concret, et désormais connu de tous. À l’époque, les réactions du paddock et des réseaux sociaux avaient été vives.
Des monoplaces électriques, l’avenir de la Formule 1 ?
Nous le disions, 0,7% des émissions de la F1 seulement proviennent des monoplaces. Les efforts de la Formule 1 se concentrent pourtant sur l’amélioration de ces monoplaces et des technologies et carburants utilisés. Le développement d’énergies moins polluantes comme l’essence synthétique ou l’électrique permettrait à la F1 de réduire son empreinte et de redorer par la même son image. Sébastian Vettel expliquait à Motorsport.com que « la F1 est une opportunité pour développer des formules moteur, des technologies etc. Cela nous aidera, ça aidera la mobilité et les transports à l’avenir, pour que ce soit plus efficient. »
Malgré tout, certains pilotes ne sont pas très enthousiastes à cette idée. « Je n’aime pas l’électrique, explique Max Verstappen, pilote RedBull. Enfin, j’aime ma mobylette électrique chez moi. Mais pas pour une F1. Je sais que l’environnement est très important, mais la F1 est là depuis longtemps et je ne pense pas qu’il faille surréagir ou en faire des tonnes. Il faut faire avec. Si vous n’aimez pas la F1, ne la regardez pas. »
Fusion de la Formule E et de la Formule 1 à venir ?
L’électrique est pourtant l’une des options d’avenir de la Formule 1, qui doit forcément se réinventer. Mais il y a un mais ! « La Formule E a une licence d’exclusivité de 25 ans (jusqu’en 2039, ndlr) pour une monoplace 100% électrique. » Par ces mots, le PDG de la Formule E, Alejandro Agag, explique que la F1 ne pourra être 100% électrique que si les deux disciplines fusionnent. Une solution qui interviendrait, selon lui, uniquement si les niveaux de performance des monoplaces électriques atteignent ceux des monoplaces thermiques.
Réinventer ses monoplaces, ses technologies, son carburant, sa lourde logistique, ses déplacements, ses usines, ses évènements. En somme, son train de vie, pour une Formule 1 plus durable !