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Le Tour de France réduit son impact environnemental

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Les amateurs de vélo s’en réjouissent : le Tour de France est de retour ! Plus tardivement qu’à l’accoutumée – Covid-19 oblige – la plus célèbre course cycliste du monde est reparti sur les routes françaises le week-end dernier. Le Tour veut réduire son impact environnemental. Entretien avec Karine Bozzacchi, responsable RSE du Tour.

Le Tour de France est reparti sur les routes le week-end dernier. Troisième événement mondial après les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football, le Tour de France porte un lourd bilan carbone et donc un sacré paradoxe. En effet, par essence, le cyclisme est l’un des sports les plus propres et le vélo le moyen de transport le moins polluant. À contrario, les grandes courses cyclistes comme le Tour sont très coûteuses pour la planète. Trop, sûrement, même si l’organisation fait des efforts pour réduire ce coût.

Principal problème du Tour de France, la fameuse caravane. Souvent pointé du doigt, elle distribue 18 millions de goodies chaque année, parfois laissés par les spectateurs et les organisateurs en bord de route. Il est aussi fréquent de voir ces mêmes bords de routes jonchés de déchets, produits par les coureurs et les spectateurs. « Nous sommes un événement itinérant, nous nous déplaçons chez le spectateur, nous explique Karine Bozzacchi, responsable RSE du Tour. Cela fait 10 ans que nous avons développé une vraie expertise sur la gestion des déchets, avec l’association Les Connexions. Le dispositif prend de l’ampleur chaque année : nous avons cette année 9 coordinateurs environnement qui diffusent des messages aux spectateurs du Tour, tout au long de chaque étape. »

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La Caravane distribue 18 millions de goodies chaque Tour. Crédits photo : Julien Muguet.

« Sur la gestion des déchets, nous travaillons depuis le mois de mars avec les collectivités et notre association partenaire. Il s’agit de mettre en place les dispositifs de containers. La gestion des déchets dans une ville comme Lyon ou sur un col en pleine nature n’est pas la même. Il faut trouver des solutions et des ressources aux différentes problématiques. » L’objectif est bien entendu de sensibiliser et d’impliquer le grand public au respect de l’environnement. « L’association Les Connexions est présente sur chaque étape pour faire en sorte que ce soit le sujet de tous les spectateurs, pas pour ramasser ces déchets. »

« L’histoire est en marche ! »

Autre axe d’amélioration pour le Tour : les émissions de CO2, qui tendent aussi à réduire au fil des années. Dépendant de Skoda, leur partenaire automobile, le Tour de France propose depuis cette année des véhicules hybrides pour les voitures officielles en course. « C’est une avancée que nous attendions ! Nous aurons aussi un test sur quelques étapes avec des véhicules 100% électriques. L’histoire est en marche ! Je pense que, dans les prochaines années, nous allons passer un cap.«  Un autre test sera aussi effectué sur la dernière étape du parcours avec des camions qui rouleront au GPL.

« Nous essayons aussi, depuis longtemps, d’inciter le public à venir sur les étapes du Tour avec des moyens de transports doux, en navette, en covoiturage ou en télésiège sur les étapes de montagne. Nous travaillons aussi avec la SNCF sur certaines étapes. Nous savons, enfin, que lorsque les distances sont raisonnables, notre public vient à pied ou en vélo. Nous essayons de trouver des solutions et de nous améliorer chaque année. »

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Les zones Natura 2000, priorité de l’organisation

Diffusé dans plus de 190 pays, le Tour de France essaye autant que possible de diffuser les plus belles images des paysages français. Le recours aux hélicoptères est alors nécessaire selon l’organisation. « Nous essayons toujours de trouver le moyen de passer par ces zones sensibles en ayant le moins d’impact sur la nature, la faune et la flore, tout en préservant la possibilité de faire des images du Tour, car c’est important pour le tourisme. » Ces zones sensibles traversés par le Tour de France sont, pour la plupart, classés Natura 2000, réseau européen d’espaces naturels remarquables protégés. « Sur 32 départements traversés, nous analysons toutes les zones Natura 2000 – il y en 115 cette année – et de sensibilisation majeures. »

La sensibilisation du public est, bien sûr, au coeur du dispositif d’ASO. De nombreuses signalétiques sont installés lors de chaque étape en zones sensibles pour avertir le public. « Sur le Mont Aigoual, par exemple, il y a des prairies sommitales très sensibles. Nous avons fait en sorte, avec le Parc National des Cévennes, que le public n’aille pas piétiner ces zones très sensibles.« 

Rennes a refusé le Grand Départ du Tour 2021 en août dernier

Cela avait fait grand bruit, dans le courant du mois d’août. À la recherche d’une nouvelle ville-départ pour le Tour 2021, Rennes a refusé l’organisation du Grand Départ. Les élus EELV avaient notamment justifié cette décision en mettant en cause « la gestion catastrophique des déchets par le Tour de France. C’est une course qui a eu son temps, mais qui peine à se renouveler. » Un épisode qui n’est pas sans rappeler le refus de Grenoble, en 2014, d’accueillir le Tour.

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Pas assez écolo, alors, le Tour de France ? « Nous avons signé la Charte des 15 engagements éco-responsables du Ministère des Sports et du WWF France. Nous étions dans les premiers autour de la table. Nous faisons tout pour respecter ces engagements et cette Charte. »

Dès lors, que pensent les responsables du Tour de la décision de Rennes ? Karine Bozzacchi nous amène quelques éléments de réponse. « C’est triste et dommage pour les Rennais. Le Tour est un très gros événement et nous ne ferons jamais l’unanimité. Dans le cas de Rennes, ce sont les élus écologistes qui n’ont pas voulu du Grand Départ. Nous avons aussi eu affaire à d’autres villes où les écologistes voulaient le Tour, grâce notamment à notre politique de promotion du vélo pour tous » (voir plus haut).

« Je sais ce que nous faisons, nous n’avons pas à rougir de nos actions » conclut Karine Bozzacchi. Il peut y avoir des ratés, ça arrive. Mais chaque année nous nous améliorons, nous progressons. J’invite les plus sceptiques à venir sur le Tour et à regarder plus précisément ce que nous faisons.« 

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