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Les NFTs, nouvelles sources de revenus… et de pollution ?

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Depuis quelques saisons, de plus en plus d’entités sportives de premier plan se lancent dans les NFTs. Constamment à l’affût de nouvelles sources de revenus,  ces certificats numériques pourraient être synonymes de croissance additionnelle, dans un contexte économique perturbé. À l’heure où les clubs s’engagent contre le réchauffement climatique, le développement des NFTs menace-t-il de saborder leurs efforts écologiques ?

Tout d’abord, qu’est ce que sont les NFTs ? De quoi parle t-on ? NFT signifie Non Fongible Token, c’est-à-dire des jetons non fongibles, et découle de la blockchain. Le terme économique fongible désigne les biens s’échangeant à une même valeur monétaire, par exemple échanger un billet de 5 euros contre un autre billet de 5 euros ou 5 pièces de un euro. Par opposition, non fongible fait référence aux biens ou actifs qui n’ont pas d’équivalent de valeur car ils possèdent leurs propres caractéristiques. L’art en est la meilleure illustration, puisque la valeur est subjective et les œuvres uniques.

Les NFTs sont des certificats d’authenticité numériques et ne peuvent être échangés contre d’autres NFTs. Dans la réalité, cela pourrait revenir à acheter un maillot dédicacé et personnalisé de son équipe préférée et de poster la photo sur ses réseaux sociaux : tout le monde pourra observer le cliché, mais il est authentifié pour son détenteur. Les NFTs peuvent être revendus à prix d’or selon la popularité et la rareté de l’actif.

Les NFTs mettent un pied dans l’univers du sport

Ces derniers mois, plusieurs organisations sportives ont annoncé leur arrivée dans ce domaine. Fidèle à ses objectifs d’internationalisation et de diversification, le Paris Saint-Germain a lancé une collection de figurines virtuelles aux couleurs du club en collaboration avec un artiste parisien, dont une partie des bénéfices a été reversée au Fonds de dotation du club de la Capitale.

Les Lucky Buddys de l’artiste Ludo ont été mises en vente sous forme de NFTs par le PSG. © PSG

La NBA, toujours à l’affût de nouveautés, avait lancé les cartes Top Shot en partenariat avec l’entreprise canadienne Dapper Labs. C’est désormais le cas pour le football avec Sorare, un jeu de Fantasy Football qui a conclu des partenariats avec les 5 principaux championnats européens. Sorare met en vente les cartes de joueurs dans l’esprit de Panini, avec des degrés de rareté. Les cartes peuvent être des pièces de collection ou servir à aligner une équipe de 5 joueurs dans des compétitions, la performance des cartes dépendant des statistiques réelles des joueurs sur le terrain.

Plus surprenant encore, la joueuse de tennis Oleksandra Oliynykova a mis en vente… son bras ! La 382e joueuse au classement WTA a vendu son avant-bras aux enchères sous la forme d’un NFT.

Mi-décembre, le Kraken de Seattle, franchise NFL, a annoncé la mise en vente d’un nombre extrêmement limité de NFTs, dont des avantages exclusifs en réalité comme l’obtention d’un maillot dédicacé ou la possibilité d’assister à l’échauffement d’avant-match depuis le bord de la pelouse. Une communication qui a fait grand bruit.

Les NFTs peuvent-ils saper les efforts écologiques des entités sportives ?

Car oui, le Kraken de Seattle évolue au sein de la Climate Pledge Arena, qui espère devenir la première enceinte sportive neutre en carbone, et multiplie les actions en faveur du climat. L’annonce de la commercialisation de NFTs par une franchise qui se veut pionnière de la lutte contre le réchauffement climatique sonne comme antithétique.

Les NFTs ont recours majoritairement aux crypto-monnaies, très gourmandes en électricité, bien souvent produites à partir de charbon. À titre d’exemple, une étude menée par l’université de Cambridge démontrait que l’écosystème du Bitcoin était plus énergivore que des pays comme la Norvège ou l’Argentine sur une année entière.

L’estimation de l’impact réel des NFTs sur l’environnement est encore très complexe, notamment à cause des technologies utilisées pour les enchères. Certains projettent tout de même une facture environnementale pharaonique, comme l’artiste français Joanie Lemercier, qui a abandonné la vente de ses œuvres par ce biais : « Sans déplacement et avec une distribution principalement numérique, ce nouveau modèle semble avoir le potentiel de devenir une pratique durable pour les artistes. C’est jusqu’à ce que vous compreniez l’ampleur des impacts environnementaux de la blockchain actuelle : c’est une catastrophe. »

Sur son blog, il explique que la mise en ligne de 6 de ses œuvres a consommé plus d’énergie en 10 secondes que son studio en 2 ans et qu’il faudrait plus de 10 ans à un arbre pour compenser l’impact environnemental d’un seul NFT. Memo Atken, professeur à l’université de Californie et artiste, évoque le chiffre de 100 kg de CO2 émis dans l’atmosphère pour la création d’une seule oeuvre.

La majorité des plateformes actuelles ne sont pas engagées dans un processus de durabilité. Cependant, certaines sociétés proposent des solutions plus écologiques grâce au recours aux énergies renouvelables et à une consommation d’énergie plus efficiente. C’est le cas de la société canadienne OARO et d’Orange Comet, le studio qui collabore avec le Kraken : « Orange Comet est convaincu qu’il faut rendre toutes les transactions de la blockchain neutre en carbone. Les serveurs d’Orange Comet sont alimentés en énergie par des parcs éoliens. Notre partenariat avec Avalanche, une blockchain neutre en carbone, permet à Orange Comet de travailler sur des serveurs verts et de construire une solution neutre en carbone » a expliqué la franchise de Seattle.

Au départ cantonnés à l’art numérique et aux jeux vidéos, les NFTs irriguent de nouveaux segments dont le sport professionnel, qui y voit une opportunité de croissance économique et de développement de la fan experience. Engagés dans la réduction de leurs déchets et de leur empreinte carbone, les organisations sportives pourraient se laisser tenter un peu plus par cette nouvelle source de revenus malgré les craintes énoncées de pollution conséquente au carbone et de consommation d’électricité excessive liées à l’écosystème des NFTs. L’engagement, à ce jour limité, d’une poignée d’entreprises de ce secteur pour la proposition de solutions plus responsables pourrait-il, à terme, mener à une croissance économique additionnelle découlant des NFTs sans faire augmenter pour autant le bilan carbone des organisations sportives, plongées dans des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2030 ?

Photo à la Une : Shutterstock

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