Les villes françaises s’ouvrent à la réutilisation de l’eau des piscines municipales afin de réduire leur consommation et leur facture. Plusieurs méthodes de collecte et de réemploi existent afin d’économiser une ressource vitale de plus en plus rare.

Alors que l’été 2022 fût particulièrement chaud, le Gouvernement français a notamment alerté sur une possible pénurie d’eau potable et sur l’augmentation massive du coût de l’énergie, et a ainsi recommandé aux particuliers, entreprises et collectivités de prendre des mesures de diminution voire de restriction de la consommation d’énergie. Une des méthodes appliquées par certaines villes a été la fermeture des piscines municipales, privant les habitants d’un point d’eau, mais aussi les sportifs d’un lieu d’entrainement et de compétition.

Si ces mesures sont quelques peu radicales, comme nous l’évoquions avec le champion olympique Alain Bernard cette semaine, elles permettent de réduire la dépense énergétique des piscines. Si tempérer l’eau d’un bassin est relativement peu gourmand en énergie – l’eau a la capacité de conserver la chaleur bien plus facilement que l’air, nos confrères du Monde précisent que chauffer l’air ambiant est bien plus énergivore, notamment parce que les piscines sont fortement ventilées. D’autant plus quand avec un parc de piscines municipales vieillissants et plus toujours aux normes.

Réutiliser l’eau des bassins

Réutiliser l’eau des vidanges annuelles obligatoires des piscines publiques est de plus en plus fréquent, pour réduire la facture d’eau et préserver une ressource qui se fait de plus en plus rare. À titre d’exemple, cette année, les piscines Alfred Nakache de Toulouse, une des plus grandes d’Europe, et Jean Bron de Grenoble ont pour la première fois récupéré l’eau des bassins dans le but de la réutiliser dans les services municipaux. D’autres collectivités ont également installé des cuves qui récoltent les eaux de rinçage des filtres – qui auparavant partait dans les égouts – auxquels les véhicules de la ville n’ont qu’à venir se brancher pour remplir leurs réservoirs. Afin de rendre l’eau adéquate à une utilisation courante, les bassins sont fermés au public pour laisser le chlore s’évaporer naturellement au contact de l’air.

Les litres d’eau de ces piscines se retrouvent alors dans des balayeuses municipales, mais aussi dans les tuyaux d’arrosage des espaces verts. A Châtellerault, près de Poitiers, ces stocks d’eau ont même permis de sauver les 4000 jeunes pousses d’arbres de la ville pendant la sécheresse estivale, malgré les arrêtés préfectoraux limitant l’utilisation d’eau potable. Subissant également la pression sur l’eau cet été, la station balnéaire d’Antibes a même avancé sa vidange pour récupérer les milliers de litres d’eau de cette réserve hydraulique.

Précisons quelques ordres de grandeur. La piscine toulousaine est garnie de près de 6 millions de litres d’eau, soit l’équivalent de 200 camions citernes de 30m3, de 1 000 balayeuses de 6m3 ou de 120 000 douches d’un français moyen. Il serait en effet quelque peu absurde de rejeter toute cette ressource dans les égouts alors qu’elle pourrait revenir dans le cycle naturel de l’eau tout en étant utile à nos activités humaines.

Si les municipalités semblent être sur la bonne voie, il reste encore beaucoup de travail à faire pour rendre les piscines plus durables : les moderniser et les mettre aux normes actuelles, installer des circuits hydrauliques fermés, limiter la température de l’air ambiant ou encore arrêter de chauffer les piscines à ciel ouvert… Quelques investissements et beaucoup de bon sens !