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Avec 2 millions de kilomètres en avion par saison, la NBA pèse lourd

Avec 2 millions de kilomètres par saison en avion, la NBA pèse lourd écologie basket sport ecolosport
© JC Gellidon / Unsplash
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Les finales de la NBA, meilleur championnat de basket au monde, ont débuté la nuit dernière entre Dallas et Boston. Avec un calendrier de matchs très fourni et beaucoup d’équipes, l’impact de la ligue sur l’environnement est colossal. Pour y faire face, la NBA et les franchises s’activent-elles ? Est-ce suffisant ? Éléments de réponse.

La NBA, c’est 82 matchs par saison régulière pour chacune des 30 franchises, sans compter les play-offs, qui s’achèvent cette saison dans quelques jours… La moitié de ces matchs se jouent donc à l’extérieur, et dans un pays grand comme les Etats-Unis, l’écrasante majorité des déplacements se font en avion. En 2019, la NBA était la ligue la plus polluante des 4 ligues majeures américaines (NFL, NHL, NBA et MLB). Chaque équipe parcourt à elle seule environ 69 000 kilomètres en avion chaque saison, soit un total de plus de 2 millions de kilomètres en avion par saison !

Si, à juste titre, vous trouvez ce chiffre énorme, sachez que cela ne représente pourtant que 5% de l’empreinte carbone de la NBA, selon Justin Zeulner, président de The Wave Foundation. Le plus grand facteur d’émissions de CO2 reste, comme en France, les déplacements des fans et représente entre 65 et 80% des gaz à effet de serre de la ligue.

Des efforts ont été faits… mais sont-ils vraiment pour la planète ?

En 2022, la NBA a fait un pas pour diminuer cette empreinte carbone significative, en réduisant de 5% la distance totale des voyages en avion de ses équipes. Cela a permis d’économiser 90 000 kilomètres en avion. Comment ? La ligue a modifié le calendrier en augmentant le nombre de matchs qui ne nécessitent pas de déplacements. En 2023, 88 rencontres n’en nécessitaient pas contre 53 la saison précédente. Parmi ces 88, 55 étaient des « back-to-back », c’est-à-dire 2 mêmes équipes qui s’affrontent 2 soirs d’affilée. Les 33 autres étaient elles disputées à New York et Los Angeles, deux villes qui disposent de deux équipes différentes. Chacune d’elle faisant le déplacement affrontait l’ensemble des franchises de la ville, sur deux jours consécutifs.

Si ces (petites) avancées font du bien à la planète, elles en font aussi à la santé des joueurs. Comme l’explique cet article d’ESPN, la réduction des trajets en avion a pour origine la crise du Covid. En effet, en 2020, les phases finales de la ligue se sont toutes déroulées dans une « bulle », près d’Orlando, afin de minimiser le contact avec l’extérieur et donc éviter les potentiels cas de Covid. Les performances et états de forme des joueurs, dispensés de longs et fastidieux déplacements, étaient bien plus intéressants. Il n’en fallait pas plus pour que les dirigeants réduisent le nombre de trajets par les airs. L’écologie n’en était clairement pas la raison principale.

NBA Cares et NBA Green Week : réel virage ou greenwashing ?

En 2005, la NBA a lancé son programme NBA Cares, pour lever des fonds et mettre en place des actions sur un large spectre d’enjeux : justice sociale, santé mentale, diversité et environnement.

En son sein, le programme NBA Green a été élaboré pour traiter spécialement les enjeux environnementaux. Sa principale action est la mise en place de la « NBA Green Week », basée sur le principe des 3 R : réduction, réutilisation, recyclage. Sur le volet énergie, les 64 matchs de la semaine sont alimentés par de l’énergie renouvelable, et la communication incite les fans à venir en transports en commun ainsi qu’à installer des LED chez eux. Côté biodiversité, chaque utilisation du hashtag #NBAGREEN durant cette semaine permet la plantation d’un arbre, et chaque « 3 points » marqué rajoute un arbre dans le calcul.

Plus récemment en avril dernier, à l’occasion du « Earth Month », NBA Cares a fait un nouveau pas dans la lutte contre la pollution plastique en autorisant, dans certaines salles, les fans à venir avec des gourdes ou gobelets réutilisables. Cela paraît (très) banal, mais rappelons que cette interdiction avait été mise en place pour des raisons de sécurité, afin d’éviter le risque de jet de bouteilles lourdes sur les joueurs.

Ces actions sont évidemment largement insuffisantes pour réduire significativement le bilan carbone de la NBA et participent de ce fait à renforcer la sensation de greenwashing de la ligue, qui reste bien loin des enjeux climatiques. Comme un pansement sur une jambe de bois.

Avec 2 millions de kilomètres par saison en avion, la NBA pèse lourd écologie basket sport ecolosport
Le Staples Center des Los Angeles Lakers – © David Vives / Unsplash

Les franchises se mouillent à peine

Le naming est un phénomène très présent en NBA, et certaines salles mettent ainsi en lumière des firmes actrices de la transition. C’est d’abord le cas de la « Ball Arena » de Denver, Ball étant – comme son nom ne l’indique pas – une entreprise spécialisée dans le recyclage de l’aluminium. Les Suns de Phoenix se sont associés à Footprint pour leur arena, une entreprise qui produit des emballages à partir de plantes et qui sont donc biodégradables, compostables et recyclables. La future salle des Clippers, l’Intuit Dome, censée être inaugurée cet été, sera dotée de nombreux panneaux solaires, tout comme le Golden Center de Sacramento qui en dispose déjà.

La franchise qui semble la plus avancée sur ces enjeux est celle des Trail Blazers de Portland. Le Moda Center offre de la nourriture locale et de saison à leurs fans, tout en proposant des alternatives végétales. La nourriture non-consommée les jours de match est redistribuée aux familles dans le besoin. À côté de cela, la franchise upcycle ses maillots en coussins, sacs ou cravates.

> Lire aussi : Les Portland Trail Blazers veulent réduire leur empreinte

Au total, les Trail Blazers ont réussi à réduire de 25% leur empreinte carbone et ne souhaitent pas s’arrêter là : ils visent la réduction de 50% des émissions de CO2 liées aux transports. Pour atteindre cet objectif, la franchise a installé des parkings à vélos et des bornes pour les véhicules électriques – alors que la voiture individuelle est reine aux États-Unis.

Côté joueurs, c’est le grand désert. Ceux qui essayent de porter des messages dans le sens de l’environnement se comptent sur les doigts d’une main. Parmi eux : Rudy Gobert, le pivot français jouant pour Minnesota, élu quatre fois meilleur défenseur de la ligue. Il participe notamment à la campagne de sensibilisation « Terre au Centre », créée par Planet SC, et publie ainsi sur Instagram des infographies sur l’alimentation, l’eau, les équipements et textiles ou encore le digital. Il n’a néanmoins pas souhaité traiter la question des transports, ne se sentant pas légitime au vu des nombreux déplacements en avion effectués avec son équipe.

> Lire aussi : « Terre Au Centre », la campagne d’influence de Game Earth Fund

Réduire de 50% l’empreinte carbone de la NBA de d’ici 2030, réalisable ?

Des efforts, il n’y en a pas vraiment. Malgré ça, la ligue est ambitieuse et souhaite réduire de 50% ses émissions carbone d’ici 2030. L’une des solutions est d’agir sur la nourriture proposée dans les salles, avec plus de circuits courts et des fournisseurs locaux.

Agir sur la mobilité, des équipes autant que des fans, semble surtout primordial pour espérer atteindre cet objectif. Avec quelles solutions ? Repenser le calendrier, avec moins de matchs. Cela permettrait aussi de rendre ces rencontres plus compétitives et d’agir concrètement sur la santé des joueurs. Il est aujourd’hui récurrent de voir des équipes lâcher un match à l’occasion d’un « back-to-back » à l’extérieur.

Sans surprise, cela ne semble pas dans les petits papiers de la NBA, qui a préféré rajouter une compétition cette saison : le NBA In-Season Tournament. Récompense à la clé ? 500 000 dollars pour chaque joueur de l’équipe victorieuse. « Money money money »…

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