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Les Shifters alertent sur les émissions de CO2 générés par Paris 2024

Les Shifters alertent sur les émissions de CO2 générés par Paris 2024 Stade de France
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Un rapport des Shifters remet en question les estimations de CO2 générés par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Ils proposent une alternative innovante : les fan zone décentralisées.

Les Shifters, association d’intérêt général travaillant sur la transition bas carbone en France et en Europe, a présenté des travaux éclairants sur le bilan carbone des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La conclusion ? Selon leurs estimations, les déplacements des spectateurs auront un impact carbone 2 fois plus élevé que celui des prévisions du COJOP, autour des 1,1 millions de tonnes de CO2eq.

Paris 2024 tiendra t-il son objectif climatique ?

Ce rapport – intermédiaire car il ne dispose évidemment pas des chiffres réels – évoque les déplacements internationaux durant les JOP de cet été. Ce poste représente la majeure partie des émissions de CO2 des évènement sportifs – 86% de l’empreinte carbone de la Coupe du monde 2023 de rugby par exemple.

Pour estimer cet impact potentiel, le collectif s’est basé sur 3 facteurs : le nombre et la provenance des visiteurs, la distance parcourue par ces derniers, et le mode de transport utilisé. Pour le nombre de spectateurs et leur provenance, les Shifters se sont basés sur les Jeux de Londres 2012, puisqu’ils sont les Jeux « les plus proches en terme géographique et de spectateurs avec ceux de Paris« , et ont extrapolé ces chiffres, Paris 2024 ayant vendu 10% de billets supplémentaires. Pour calculer l’empreinte selon les différents modes de transports, les ordres de grandeur de l’ADEME et du DEFRA ont été utilisé – un kilomètre parcouru en avion génère par exemple 110 fois plus de CO2 qu’un kilomètre parcouru en TGV.

Si l’association a d’abord tenu à saluer l’organisation parce qu’elle est la première à fixer un objectif d’émissions de CO2 et à construire un plan d’actions, elle a ensuite rappelé l’objectif global du COJOP : émettre 50% de CO2 en moins que la moyenne des 10 dernières éditions, soit 1,5 millions de tonnes de CO2. Pour les déplacements internationaux, le « budget CO2 » alloué par Paris 2024 est de 540 000 tonnes.

> Lire aussi : Benjamin Lévêque (Paris 2024) : « Ne pas dépasser les 1,5 millions de tonnes de CO2 »

Le COJOP sera t-il dans les clous ? Selon les Shifters, pas du tout. Les déplacements internationaux dépasseraient selon eux de 108% le budget carbone du COJOP. Différents chiffres sont annoncés, en fonction des 6 scénarios élaborés. Si l’on retient le scénario le plus proche de la méthodologie du CIO, le chiffre est de 1 120 000 tonnes de CO2. Le bilan explose pour une raison simple et évidente : l’avion. Les visiteurs extra-européens représenteront environ 40% des visiteurs et ils émettraient 83% du total des émissions des déplacements internationaux. Le groupe d’experts nuance néanmoins : selon leurs calculs, Paris 2024 émettrait 36% de CO2 en moins que Londres 2012.

Des fan zone décentralisées comme alternative

La deuxième partie du rapport propose une alternative pour réduire drastiquement les émissions carbone liées au transport des spectateurs : la mise en place de fan zone décentralisées sur chaque continent, en remplacement des déplacements des visiteurs lointains et non pas en plus des flux habituels.

À quoi cela ressemblerait-il ? À un genre de festival culturel pour découvrir la culture du pays hôte : nourriture, spectacles, musique et bien sûr retransmission des épreuves. Le tout couplé à une stratégie de mobilité bas-carbone qui permettrait aux spectateurs de se rendre sur ces fan zone de manière décarbonée. L’intérêt est triple.

Il est avant tout climatique. Avec la mise en place de ces fan zone, les simulations du groupe d’experts correspondent à l’objectif initial de Paris 2024. Pour l’atteindre, il ne faudrait pas plus de 3% des spectateurs qui prennent l’avion pour se rendre à Paris et pas plus de 50% des spectateurs qui prennent la voiture.

L’intérêt est ensuite social. Dans le scénario des Shifters, les fan zone couvrent les 5 continents, sont présentes dans 9 pays différents, et accueillent plus de 2 millions de personnes. Cette alternative permet aussi d’ouvrir l’évènement à un public plus large et moins aisé, avec un prix d’entrée moindre et des économies importantes sur le transport et le logement.

Le troisième intérêt est économique et est aussi crédible. Selon leur scénario médian, ces fan zone – gérées comme des sites olympiques officiels avec un budget de 20 millions d’euros par site – permettraient au COJO d’être à l’équilibre financier.

Dans L’Equipe, le COJOP a montré son désaccord avec la méthode utilisée : « Tandis que le rapport de l’association The Shifters fait le choix d’utiliser comme seule référence des données issues de l’édition de Londres 2012, et d’intégrer à son calcul la venue de visiteurs sans ticket, l’estimation de l’empreinte carbone de Paris 2024 se base sur la venue de visiteurs directement imputables aux Jeux, donc des spectateurs munis d’un billet. » Chacun publiera son rapport final à l’issue des Jeux.

> Lire aussi : The Shift Project veut décarboner le sport

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