Environ 80% de l’empreinte carbone d’un événement sportif est lié aux transports des spectateurs. Une problématique majeure qui doit amener à un certain nombre d’évolutions. De nombreuses solutions existent pour réduire ces émissions. Parmi elles : le covoiturage. Premier épisode de notre série « Mobilités ».
La voiture. Symbole de liberté, elle est aussi la cause de bien des émissions de CO2 dans le sport, et le moyen de transport qui représente une bonne partie des bilans carbone, toujours trop élevés, des organisateurs d’événements. Environ 80% de l’empreinte carbone d’un match ou d’un événement proviennent des mobilités, selon l’ADEME. De nombreux clubs, ligues et fédérations tentent de faire évoluer les habitudes du grand public qu’elles maitrisent assez peu. Le covoiturage est l’une des solutions privilégiées car elle apparait comme idéale : elle permet de réduire le nombre de voitures – et donc les émissions de CO2 -, tout en permettant aux supporters de faire quelques économies et quelques rencontres.
La Ligue Nationale de Rugby l’a bien compris et vient de lancer sa plateforme pour offrir à ses clubs un outil de covoiturage clé-en-mains et personnalisé. Pour cela, elle a collaboré avec la start-up StadiumGO, qui a su faire son trou dans le secteur du sport, puisqu’elle travaille avec de très nombreux clubs professionnels et événements sportifs. La LNR est néanmoins sa première ligue. « C’est un projet-pilote pour nous, un vrai test » explique Romain Lauvergnat, le co-fondateur de l’entreprise, qui espère pouvoir dupliquer ce modèle avec d’autres ligues.
Inciter les fans, la clé du succès
Pour le moment, plus d’une quinzaine des 30 clubs de la LNR ont rejoint la plateforme de la LNR. « On accompagne les clubs individuellement sur la communication auprès des supporters ou sur la mise en place de programmes d’incitation. » Inciter ou récompenser semble d’ailleurs être la clé pour convertir certains réfractaires, selon le dirigeant. « Le but n’est certainement pas que le covoiturage devienne une usine à cadeaux parce que ça desservirait le message qu’on essaie de faire passer » prévient-il. Néanmoins, la place de parking, payante dans beaucoup de clubs, est « un peu le Saint-Graal, parce qu’on sait toutes et tous à quel point il est difficile de se garer aux abords des stades. »
Le stationnement sauvage, qui gêne les riverains, est de plus en plus sanctionné par les préfectures et le covoiturage avec place de parking offerte et sécurisée participe donc à une fan expérience sans mauvaise surprise ni surcoût. « On est convaincus du sujet depuis plus de 5 ans. C’est dommage de penser que la fan expérience commence uniquement une fois qu’on est arrivé au stade et qu’elle s’arrête une fois qu’on en ressort. Il y a tout l’avant et l’après-match. Quand on covoiture, on se met déjà dans l’ambiance » poursuit Romain Lauvergnat. Au delà de la place de parking, certains clubs ou fédérations offrent des expériences money-can’t-buy, des réductions à la buvette ou à la boutique, ou même des maillots dédicacés sur tirage au sort.
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Le besoin d’une solution de covoiturage dépend évidemment des villes et de l’environnement du stade. Il n’est pas le même selon que vous alliez au Stade de France, particulièrement accessible en transports en commun, ou dans une plus petite enceinte d’une ville moyenne, plus difficilement accessible sans voiture.
Plusieurs centaines de tonnes de CO2 économisées
Les considérations écologiques liées au covoiturage sont au coeur des préoccupations des organisateurs d’événements, un peu moins des fans, qui y voient d’abord l’aspect économique et parfois pratique. Le Tour de France depuis 2 ans, les 24 Heures du Mans ou l’UTMB par le passé : les plus grands événements français ont bien compris l’intérêt de pousser ce mode de transport et la plupart font désormais appel à StadiumGO.
La start-up a déjà accompagné 10 organisateurs d’événements sportifs et culturels majeurs à travers la marque blanche comme la Fédération Française de Football ou la Coupe du Monde de Rugby 2023, et 50 clubs, ligues et organisateurs d’événements accompagnés en direct avec la plateforme, qui compte aujourd’hui plus de 30 000 utilisateurs. Pour quelles économies d’émissions de CO2 ? « Plusieurs centaines de tonnes de CO2 » communique l’entreprise, qui travaille à une mesure plus précise avec l’entreprise Sami.
D’autres solutions de covoiturage existent aujourd’hui. Certaines ne rencontrent pas encore le même succès, à l’image de Popsleigh, qui travaille avec quelques clubs professionnels. D’autres ne sont pas spécialisées dans le sport mais travaille avec de nombreux acteurs de l’événementiel comme Mobicoop, Karos ou encore Caroster. Et d’autres, enfin, comme CoolRool, se lancent à peine mais plutôt sur le sport amateur, autre chantier de la mobilité et de la décarbonation du secteur.
Toutes participent à la baisse des émissions de CO2 autour des événements sportifs, comme le font aussi les solutions de mobilités actives ou de transports en commun, sujets de nos deux prochains épisodes.