Dans une ville où la concurrence sportive et culturelle est immense, le Paris Volley se démarque par son engagement dans la protection de l’environnement. Nous avons interrogé Arnaud Gandais, Directeur général du Paris Volley sur ce que met en place son club.
Avec son programme Envolley Verte, le Paris Volley est aujourd’hui une des références dans ce qui lie le sport au développement durable. De quoi s’agit-il ?
Nous souhaitions être en cohérence avec la ville de Paris. Nous sommes dans une ville très dynamique sur l’éco-responsabilité et la plus grosse part de notre subvention provient des collectivités. Quand je suis arrivé, il me paraissait logique de mettre la politique du club en cohérence avec la volonté de l’équipe municipale en place. Nous avions donc cette volonté d’être un acteur fort de l’éco-responsabilité. C’est pour cela que nous avons mis en place cette campagne Envolley Verte. Son but est de montrer la voie et d’être exemplaire sur notre propre pratique au quotidien.
Quelles sont les actions éco-responsables mises en place au quotidien par le club, justement ?
Il y a plusieurs secteurs. Sur la mobilité, par exemple : aucun joueur n’a de voiture, tout le monde vient en transport en commun. Avant que j’arrive au club, l’équipe se déplaçait 4 fois par an en avion, nous avons divisé ça par 2, le reste des trajets sont faits en train pour limiter notre empreinte carbone. Nous incitons aussi notre communauté à être plus vertueuse : nous avons offert des places ou des bons de réduction à ceux qui venaient au match en mobilité verte.
Sur le plan de l’alimentation, l’ensemble de nos buvettes, de nos espaces de restauration et de nos hospitalités sont gérés par un partenaire traiteur qui n’utilise que des produits bio et les circuits courts. C’est un message fort que nous voulions porter. Il y a aussi le volet tri sélectif. À l’époque, il n’y avait pas de tri organisé. C’est le cas désormais, dans nos locaux, nos bureaux et notre salle. Nous avons la volonté d’être le plus zéro déchet possible. Nous avons donc retiré les bouteilles en plastique et les sacs en plastique par exemple.
Le dernier sujet très important, c’est la transmission de cette philosophie. À chaque match, nous avions soit une animation de solidarité – car l’éco-responsabilité, c’est aussi la solidarité – soit une action de sensibilisation éco-responsable : ateliers de tri sélectifs pour les enfants, ateliers de recyclerie où le public venait avec un vieux t-shirt pour lui apprendre comment en faire un sac… Nous avons donc de nombreuses initiations et pratiques vertueuses pour sensibiliser notre public.
Nous avons, enfin, des tournées éco-citoyennes sur Paris et en région. Il y a de l’initiation aux premiers secours, au tri sélectif, à la nutrition… Nous essayons d’être un acteur du changement !
Vous parliez des joueurs tout à l’heure. Ils sont aussi impliqués dans cette démarche ?
Ce n’était pas forcément le plus simple car ce sujet n’a pas une forte appétence pour eux, au départ. Il a donc fallu montrer de la pédagogie. Nous avons aussi eu la bonne idée de les impliquer dans nos campagnes de communication. Ce sont donc eux qui transmettaient la bonne parole et ils ont fini par adhérer. Dans l’ensemble, et la crise du Coronavirus a accentué ce sentiment, tout le monde est convaincu qu’il faut changer les comportements et les habitudes au quotidien.
« De nombreuses entreprises cherchent à mettre en avant leur politique RSE à travers des actions qui ont du sens. »
Est-ce que vous avez rencontré des obstacles lors de cette transition écologique ? Et lesquels ?
Bien sûr. Le premier obstacle est le changement des mentalités. Avoir une pratique responsable nécessite quelques aménagements. Quand un intendant amène une bouteille d’eau pleine aux joueurs, ils sont bien contents. Alors qu’avec une gourde, c’est aux joueurs de la rincer, de la remplir, de la vider. C’est un peu plus de contraintes… C’est valable pour tellement de choses… Dès qu’il y a du changement, les gens pensent que c’était mieux avant.
Un autre obstacle concernait les déplacements. Paris-Toulouse, c’est 1h en avion et 4h en train, par exemple. Il a fallu batailler sur certaines choses et, sur certains dossiers, passer en force. Sur d’autres, on a pris le temps d’échanger, d’expliquer et de voir comment nous pouvions nous adapter.
Est-ce que la démarche verte qui est la vôtre au Paris Volley vous a permis de nouer de nouveaux partenariats ?
Nous avons de nouveaux partenaires qui sont avec nous uniquement parce que le club est éco-responsable. De nombreuses entreprises cherchent à mettre en avant leur politique RSE à travers des actions qui ont du sens, pas juste pour faire de l’image. Ce qui est très intéressant, c’est notre étape 2, car nous passons la vitesse supérieure…
C’est-à-dire ?
Fini « Envolley verte », bienvenue « Smash for Green » ! Smash for Green est une marque à part entière, avec sa propre communication. Comment le sport peut véhiculer un message porteur d’espoir et comment peut-il être un acteur du changement des comportements de demain ? Voilà l’enjeu de Smash for Green. Il y a trois éléments : la volonté d’associer la plus grande communauté à cette volonté de changement, la volonté d’y associer des sportifs de haut niveau qui ont envie de faire bouger les lignes, et la volonté de réunir sur un seul canal de communication toutes les initiatives géniales mais peu relayées.
@SmashForGreen, une initiative engagée du @ParisVolley75 ! L’objectif : fédérer une communauté qui souhaite construire avec nous un monde plus solidaire et responsable. Rejoins-nous et aide-nous à partager les bonnes pratiques du quotidien🌱#marque #écologie #responsable #sport pic.twitter.com/pgvb8ew7ct
— Smash For Green (@SmashForGreen) May 28, 2020
Aujourd’hui, le sport a besoin de dirigeants convaincus. C’est cette conviction personnelle qui a permis cette transformation au Paris Volley ?
J’ai trois enfants et je les vois grandir. Je vois le monde qui change. Je n’étais pas aussi convaincu il y a trois ou quatre ans. Ce sont plein de petits phénomènes qui m’ont fait comprendre que je pourrais rendre mon mode de consommation plus harmonieux. Ma femme est aussi très importante dans ce changement-là, car elle en est complètement convaincu. Chez moi, aujourd’hui, je limite le plus possible mon empreinte carbone, je vais en vélo au travail. Chacun peut faire en sorte que ça aille mieux et surtout, nous ne vivons pas plus mal, il ne s’agit pas de se sacrifier !