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« Break The Floor » : le hip-hop se bouge pour la planète !

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Début 2020 à Cannes, le prestigieux festival international « Break The Floor » a fait rimer break dance avec écologie. Un message inédit qui a fait du bruit sur la planète hip-hop !

Jasim était déjà là en 2007 à l’occasion de la 1ère édition du festival. Il en est le fondateur, mais aussi l’organisateur chaque année et présentateur au micro pour l’animer. Depuis, « Break The Floor » a bien grandi ! C’est devenu LA référence des compétitions de hip-hop. Pour y participer aujourd’hui, il faut désormais passer par des présélections Amérique du Sud, Europe ou Asie. Le festival réunit l’élite de la danse urbaine qui se produit chaque année devant quelques 2 500 personnes au Palais des Festivals de Cannes.

Pour l’édition 2020, Jasim décide d’engager son festival sur le thème de la planète, et il ne fera pas les choses à moitié : gourdes, créations artistiques, transports, repas, sensibilisation, partenaires, animaux, communication, etc. Rien n’est laissé au hasard et tout est calculé pour réduire son empreinte carbone au maximum et pour sensibiliser le plus grand nombre ! En plein doute quant à la tenue de l’édition 2021, Jasim se remémore avec passion les journées de son festival engagé.

Racontez-nous Jasim, comment vous est venue l’idée d’organiser « Break The Floor » sur le thème de la protection de la planète ?

Le hip-hop a l’avantage d’être à mi-chemin entre le sport et la culture, l’art. Quand on organise une compétition, on a l’opportunité de faire passer des messages avec beaucoup de force. Chaque année, mon équipe et moi choisissons une cause qui nous tient à cœur. Les éditions précédentes ont mis en valeur les femmes, les enfants, les personnes en situation de handicap… Nous avons vite décidé d’aller sur le thème de la protection de la planète qui est devenu LE combat de notre génération. On a été largement soutenus par La Fondation Cannes, nos mécènes qui ont cru en nous et en ce projet. Ils nous ont soutenu dès le début. Encore un grand merci à eux !

Notre objectif était clair : devenir un événement le plus écoresponsable possible. Je voulais faire partie des précurseurs de l’écologie dans le hip-hop, tout en évitant absolument de tomber dans le greenwashing.

Je ne suis pas un expert, alors j’ai pris le temps de bien étudier la chose. J’ai appris notamment à quel point notre alimentation pouvait être destructrice pour l’environnement. Toutes ces choses que j’ai lues m’ont un peu bouleversé, j’ai donc mis beaucoup de cœur à préparer l’événement en essayant de n’oublier aucun secteur.

On a initié beaucoup d’actions le jour J, mais nous avions aussi prévu bon nombre d’actions de sensibilisation la veille, à l’occasion du « Before » où 250 invités étaient présents, dont les danseurs. Les sensibiliser à ce moment-là était très important pour nous. Les intervenants sont de vrais leaders d’opinion, ils inspirent des générations de danseurs à travers le monde. Leur parler d’écologie, de la nécessité de protéger notre planète aurait forcément un impact sur eux mais aussi sur leurs fans !

Qu’avez-vous mis en place pour la soirée « Before » ? Et pour le festival le lendemain ?

La 1ère idée, c’était de bannir le plastique. Pour les deux jours, nous n’avons utilisé aucune bouteille en plastique. Nous avions fait produire une centaine de gourdes isotherme, 50 pour les artistes et 50 à la vente pour le public.

Les danseurs qualifiés arrivaient du monde entier, par avion forcément. On a fait un gros travail de synchronisation pour faire en sorte d’organiser des trajets groupés entre l’aéroport et le Palais des Festivals. Quand les danseurs ou autres venaient de France, on les a poussés à prendre le train.

Le Before

Pour la soirée du « Before », nous avons offert un repas végétarien à tout le monde et avions aussi repensé tous les autres : tous étaient écoresponsables, avec des produits locaux et servis dans une vaisselle compostable en amidon de maïs.

Alors que des gens meurent de faim tous les jours, on rase des forêts en Amazonie pour planter des céréales qui viendront nourrir les bovins qui finiront dans nos assiettes. Personne ne peut rester insensible à ça ! Alors, on a simplement ouvert le débat en leur proposant d’essayer de passer à au moins un ou deux repas végétariens par semaine, pour essayer. Il se trouve que moi, personnellement, j’ai commencé comme cela et aujourd’hui je n’en mange presque plus. Ça enclenche quelque chose je pense.

En plus de ce repas, nous avions imaginé plein de petits dispositifs de sensibilisation grâce à nos partenaires. Avec l’agglomération de Cannes pays de Lerins, nous avions présenté un stand pour expliquer le tri sélectif, le processus de recyclage et le compostage. L’association Méditerranée 2000 présentait un atelier pour éviter la cellophane et le remplacer par des emballages en cire d’abeille. Palmaurea était aussi présent pour présenter ses SPA écologiques.

Le festival

Nous avions aussi revu toute notre communication avec des affichages de sensibilisation un peu partout et on a même réussi à diviser notre distribution de flyers par deux ! J’ai aussi fait beaucoup d’annonces au micro, toute la soirée, pour interpeller le public sur l’urgence climatique.

Côté artistique, on avait prévu plusieurs choses. D’abord, une grosse création chorégraphie pour notre spectacle intitulée « Ici commence la mère ». C’est un double sens : « mer » au sens de la méditerranée et « mère » comme mère nature ! En fait, j’avais remarqué depuis un moment que c’était la phrase inscrite à côté des bouches d’égout un peu partout à Cannes.

Photo du spectacle « Ici commence la mère »

Pour la musique de la création, on a tout composé nous-mêmes en intégrant un conte pour enfants et un décor numérique (la nature saine, puis endommagée par la pollution, enfin finissant en fin ouverte). On avait joué à l’envers une fleur qui fanait pour redonner vie à la fleur, comme un symbole de ce qui se passe avec le dérèglement climatique, on peut tous encore agir !

Pour illustrer sa composition musicale engagée, Break The Floor a joué avec le symbole d’une fleur qui s’ouvre petit à petit

En étudiant tout cela, on s’est vite rendu compte aussi que l’écologie, la défense de la planète sont des sujets hyper importants mais on occulte pas mal de sujets, comme le mal qu’on fait aux animaux ! On avait à cœur de parler de ça aussi, on a donc monté toute une exposition sous forme de décor de scène avec des animaux en voie de disparition habillés en « B-Boy » et « B-Girl », un beau clin d’œil pour montrer notre engagement pour la cause animale aussi !

Comment tout cela a-t-il été perçu par les danseurs mais aussi le public ?

La communauté des danseurs hip-hop a toujours fait très attention à son hygiène de vie et donc à son alimentation. Sinon, c’est inévitable : on se blesse. Et puis on est là parce qu’on veut donner de l’émotion aux gens, nos messages se veulent d’utilité publique ! Tout cela a été très bien accueilli par les danseurs, certains étaient déjà végétariens, voire végans !

Au niveau du public, l’accueil a été formidable. L’écologie, ça touche tout le monde au cœur ! Sur les réseaux, on a reçu des messages privés d’écolos pour nous remercier. On a aussi pas mal de sollicitations d’événements, villes et organisateurs qui voulaient avoir plus d’infos, savoir comment on avait géré telle ou telle mesure prise pour l’événement. Quand on voit tout ça, on se dit qu’on a réussi quelque chose et qu’on a été les 1ers à le faire, c’est gratifiant.

Allez-vous alors reconduire ce même dispositif respectueux de la planète pour les prochaines éditions de « Break The Floor » ?

Ah, c’est sûr ! Nous allons faire en sorte de pérenniser cet aspect écoresponsable.

Mais les prochaines éditions, oui on va faire attention à ne plus voir de bouteilles en plastique, on va faire en sorte de faire venir les danseurs par TGV et de continuer sur le même élan la restauration !

Cette expérience a-t-elle changé votre façon de vivre personnellement ?

J’avais déjà commencé à faire quelques changements. J’en parlais tout à l’heure, les repas végé, j’avais commencé petit à petit et maintenant c’est presque la norme ! Mais oui, je ressentais un mal-être quand je voyais les gens autour de moi qui continuent leur vie sans se soucier de rien, je constatais le diabète chez les jeunes, le septième continent, l’augmentation des allergies chez les jeunes, les abeilles en voie d’extinction, les ours polaires… J’ai ressenti un besoin, une envie d’agir ! Donc oui maintenant repas végétariens, tri…

C’est pour cela que je me suis servi de la notoriété de l’événement !

Quel rôle a votre sport dans tout ça pour vous ? Comment imaginez-vous le Break à l’avenir ?

C’est sûr qu’un festival comme « Break The Floor » a un gros impact carbone. Mais en même temps, c’est une super opportunité de sensibiliser tout le monde. C’est ce que je disais, au micro : « si chaque personne ici présente s’engage désormais à avoir au moins un repas végétarien par semaine, c’est déjà beaucoup ! ».

On ne va pas demander aux gens d’aller vivre en forêt, mais par contre, changer les mauvaises habitudes qui sont à notre portée, ça oui ! Je crois beaucoup à l’effet papillon, grâce à l’éducation, on apprend aux gens à penser différemment.

Les vainqueurs partagent leur joie avec les 2 500 spectateurs
Jasim est à la fois l’organisateur et le directeur artistique de l’événement. Pour monter chaque année son festival, il travaille avec 8 étudiants de L3 en OME (Organisation et Management des Événements), 15 bénévoles et un stagiaire. Sans oublier tout le staff technique, la direction des événements culturels du palais des festivals et les intermittents du spectacle. Bravo à eux pour leur formidable investissement, on vous laisse en découvrir encore plus sur leur chaine YouTube ici.
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