La BBC a publié son second rapport sur la place de l’écologie dans les clubs de football anglais de première division. Ex-aequo avec Arsenal et les deux clubs de Manchester en 2019, Tottenham prend seul la tête du classement en 2020 et est élu club le plus écologique de Premier League.
Les Spurs de Tottenham ont obtenu la note maximale dans ce « championnat vert » du football anglais, grâce à leurs actions éco-responsables variées et de leur participation au programme de l’ONU « Sports for Climate Action Framework ».
Le président du club londonien, Daniel Levy, se félicite de cette reconnaissance : « Nous regardons au-delà de la pandémie actuelle pour dessiner notre futur. Notre message est que le changement climatique doit être une préoccupation de premier plan dans tous nos esprits. Nous avons vu des personnes prendre un bon parti en agissant pour l’environnement pendant les confinements l’an dernier. Quand nous retrouverons une vie normale, nous ne pourrons pas revenir en arrière, reprendre nos mauvaises habitudes et perdre tout le bénéfice de cela. »
Un impact conséquent de la crise sanitaire sur les actions écologiques des clubs anglais ?
À la lutte avec Arsenal, Manchester United et Manchester City en 2019, le club du Nord de Londres est la seule équipe de Premier League à atteindre la note maximale cette année. Le constat général en Angleterre est la nette amélioration des habitudes écologiques des clubs en un an, malgré l’apparition de la pandémie du coronavirus, qui aurait pu freiner leur développement, comme l’explique Claire Poole, créatrice de ce classement : « L’année passée a été très éprouvante pour tout le monde, pour les clubs de football également. Mais quand nous étudions leurs initiatives en détail, nous nous apercevons qu’ils ont continué leurs engagements environnementaux malgré l’impact de la Covid-19 ».
En plus d’intensifier leurs programmes éco-responsables, les clubs d’Outre-Manche mettent en place des plans ambitieux sur le long terme. « En réalité, beaucoup d’entre-eux ont placé la barre d’exigence plus haut. 4 clubs ont signé la convention Sports for Climate Action Framework des Nations Unies (Arsenal, Tottenham, Southampton et Liverpool) et deux clubs viennent de lancer des stratégies incroyablement ambitieuses qui porteront leurs fruits sur le long terme : Southampton avec The Halo Effect et Liverpool avec The Red Way » poursuit Claire Poole.
Oriol Romeu : « Nous voulons tous aider »
Par l’intermédiaire de son programme The Halo Effect, les Saints de Southampton ont annoncé que 250 arbres seront plantés au sein du centre d’entrainement dès qu’un joueur de l’académie ferait ses débuts en professionnel, et souhaite ainsi respecter des engagements conclus avec les Nations Unies en faveur du climat, ainsi que l’atteinte d’une neutralité carbone d’ici 2030.
Pour le milieu de terrain espagnol de Southampton, Oriol Romeu, un des rares joueurs de Premier League à prendre la parole publiquement sur les conséquences du réchauffement climatique, l’implication totale de son club en faveur de l’environnement est une fierté et une source de motivation : « Les joueurs sont à 100% concernés par ces enjeux, et nous voulons tous aider. À mon niveau, la première des choses a été de n’acheter que des choses utiles, pas du superflu. Je sais que c’est compliqué parce que nous sommes dans une société très tournée vers la consommation, mais je pense que c’est à la portée de tout le monde. »
« Nous sommes dans le temps additionnel »
Pour David Goldblatt, auteur et journaliste spécialisé dans le sport et l’environnement, l’évolution des mentalités en Angleterre sous l’impulsion du football est une vraie opportunité pour la préservation de la planète : « Le football est le sport le plus populaire dans le monde entier. L’essence même du succès des politiques climatiques dans les prochaines années passera par l’implication de chaque personne, chaque institution, dans chaque pays. Par sa popularité, le football peut fédérer. Voir les clubs de Premier League, qui est le championnat le plus regardé au monde, prendre conscience de la situation et s’engager est fantastique. Les résultats de l’étude montrent que nous ne sommes qu’au commencement, mais des choses sont faites».
Des actions médiatisées qui doivent appeler à des mesures symboliques, principalement au niveau partenarial d’après l’expert : « Le football peut aider à normaliser la lutte contre le réchauffement climatique. Leurs actions sont très bonnes mais il faudrait être encore plus radical. Je pense que les clubs ne devraient plus accepter les partenariats avec des entreprises qui exploitent les énergies fossiles par exemple. Le temps est compté, nous sommes dans le temps additionnel. Le football anglais s’est réveillé, cela doit apporter des opportunités extraordinaires à la société pour relever le défi climatique » conclut-il.
Comment est calculé ce « championnat vert » ?
Publiée pour la première fois fin 2019 par BBC Sport en collaboration avec les Nations Unies, la méthodologie de notation a été revue afin de pondérer les 8 critères retenus pour évaluer la performance des 20 meilleurs clubs Outre-Manche sur l’aspect écologique. Ainsi, 18 points sont en jeu, avec 3 points de bonus possibles, soit une note totale de 21.
Critères d’évaluation :
- Utilisation d’énergies vertes (2 points)
- Optimisation énergétique (2 points)
- Utilisation de transports responsables (2 points)
- Réduction drastique ou suppression du plastique à usage unique (2 points)
- Gestion des déchets (2 points)
- Optimisation de la gestion de l’eau (2 points)
- Recours à une nourriture locale, nourriture à base de végétaux (vegan, végétarienne) (3 points)
- Communication et implication du public (3 points)
Points bonus :
- Si le club encourage activement ses fans à adopter un comportement responsable pour réduire l’impact environnemental dans leur vie quotidienne
- Si le club est signataire de Sports for Climate Action Framework des Nations Unies
- Si le club analyse et donne le pourcentage de ses fans utilisant tel ou tel moyen de transport pour venir aux matches à domicile.
En respectant l’ensemble des critères d’évaluation et en remplissant les trois critères bonus, Tottenham totalise 21 points, le nombre de points maximum, notamment en raison de la signature du programme de l’ONU, que Manchester United et Brighton and Hove Albion n’ont pas encore rejoint. À noter que Burnley et Aston Villa n’ont pas communiqué leurs données de 2020. Leur note est par conséquent la même qu’en 2019.
Photo à la Une : The Telegraph