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Paris 2024 – À Teahupoo, la future tour des juges pour les épreuves de surf ne passe pas

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© Vai Ara O Teahupoo
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À Teahupoo, lieu de l’épreuve de surf olympique, à Tahiti, les locaux s’inquiètent de la construction d’une nouvelle tour des juges, qui serait nocive pour les fonds marins.

Une manifestation et une vidéo ont déclenché une nouvelle polémique autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. La cause ? La construction d’une nouvelle tour des juges dans le récif, face aux vagues de Teahupoo. Alors qu’une tour en bois existe déjà et est utilisée par la World Surf League chaque année depuis 15 ans, le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) a décidé d’en construire une nouvelle, en aluminium. Cette tour – qui coûtera 4,4 millions d’euros – doit amener un certain confort pour les juges : climatisation, toilettes, électricité, point d’eau, connexion haut-débit…

Dans une vidéo vue plus de 7 millions de fois sur Instagram, le surfeur et spécialiste de la vague de Teahupoo, Matahi Drollet, alerte. « Cette nouvelle construction va détruire une grande partie du récif. Les risques sont simples et mauvais : la destruction du récif et un impact négatif sur l’écosystème marin vont perturber l’ensemble de la vie marine et venir propager ce que l’on appelle la ciguatera, une maladie qui contamine les poissons. Teahupoo est une ville de pêcheurs qui mangent leurs poissons et vivent de leur vente. »

Le coeur du problème est une canalisation sous-marine qui doit passer dans le lagon sur 800 mètres pour alimenter la tour depuis le rivage. « Les risques sont trop importants pour seulement 3 jours de compétition » poursuit Matahi Drollet dans la vidéo. Les fondations actuelles de la tour en bois sont recouvertes de coraux. Pour cette nouvelle tour, 12 plots en béton seront donc installés, sous l’eau. Le surfeur et la communauté locale redoutent notamment, dans le pire des scénarios, que la fragilisation du récif vienne entraîner une modification voire une disparition de la mythique vague de Havae, dans les prochaines années, si la faille à l’origine de sa formation venait à être touchée. Il conclut la vidéo en posant une question au COJO : « Vous promouvez un événement engagé pour l’environnement. Allez-vous le respecter ? »

En amont de la publication de la vidéo, dimanche 15 octobre, une manifestation organisée par l’association Vai ara o Teahupoo a réuni entre 400 et 500 personnes. Tous regrettaient qu’aucune étude d’impact environnemental n’ait été réalisée, ce que conteste Paris 2024, qui en aurait transmis les résultats au lendemain de la manifestation, selon Le Parisien. Le 8 août dernier, la responsable du site de Tahiti pour les Jeux, Barbara Martins-Nio, s’était déjà exprimé sur la chaîne de télévision, la 1ère. « La tour des juges, les Polynésiens la voient aujourd’hui comme un élément des JO. Mais c’est une œuvre architecturale inédite, personne n’a construit une tour des juges de la sorte. (…) C’est une première dans le monde. Elle va rappeler au monde entier que la Polynésie est le berceau du surf. »

Le collectif Mata Ara Ia Teahupoo a souhaité proposer des alternatives au COJO pour éviter les dégradations : l’installation de panneaux photovoltaïques sur l’actuelle tour en bois, l’utilisation de wifi pour la transmission des informations ou encore l’installation d’une plateforme surélevée, sur terre, pour les journalistes. Une pétition a été lancée, elle a reçu plus de 55 000 signatures.

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