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Le tour des stations de ski, le nouveau défi de Guillaume Koudlansky de Lustrac !

Le tour des stations de ski, le nouveau défi de Guillaume Koudlansky de Lustrac
© Guillaume Koudlansky de Lustrac
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L’éco-aventurier Guillaume Koudlansky de Lustrac relie les presque 300 stations de ski françaises pour observer leur démarche d’adaptation au dérèglement climatique. Ecolosport s’est entretenu avec lui.

Recordman mondial du marathon couru à l’envers (3h25), inscrit au Guinness Book dans la catégorie du plus grand dessin GPS réalisé à vélo – en représentant les anneaux Olympiques sur une distance de 2 196 kilomètres, Guillaume Koudlansky de Lustrac n’en est pas à son premier exploit ! Depuis le 14 avril, le consultant en transition écologique et sportif aguerri (triple ironman, ultra-cyclisme, ultra-trail…) a décidé de se lancer dans un nouveau défi : relier les presque 300 stations de ski françaises à vélo en moins de 100 jours, soit 7 000 kilomètres et 170 000 mètres de dénivelé positif parcourus.

L’objectif de Guillaume Koudlansky de Lustrac : aller à la rencontre des différents acteur(rice)s de la montagne, échanger pour identifier les actions à mettre en place, les modèles possibles, les freins ainsi que les leviers à débloquer afin d’adapter du mieux possible ces territoires au dérèglement climatique. Entretien.

Ecolosport : Quel a été le déclic pour lancer cette aventure ?

Guillaume Koudlansky de Lustrac : J’ai constaté que mes précédents défis sportifs ont toujours eu de bonnes retombées médiatiques, je me suis alors demandé comment glisser des réflexions sur les sujets écologiques lors de mes prochains challenges. Je trouve ça plutôt pertinent que ce soit l’athlète d’ultra-endurance qui va faire le tour des stations et en profite pour parler de ces sujets, en plantant subtilement des petites graines. Aujourd’hui, on sait que d’ici 2050 très peu de stations pourront encore proposer des activités de glisse sur de la neige naturelle. En tant que passionné de montagne, je me suis donc demandé comment ces territoires s’adaptent au dérèglement climatique.

Comment s’est passée la préparation de ce nouveau défi ?

Ce fut 3 mois de dur labeur, où j’ai frisé le surmenage sur la fin. J’enchainais ma journée de travail en qualité de consultant puis quasiment 8h de façon quotidienne pour préparer le Tour des Stations. Concernant les interlocuteur(rice)s des stations, les rendez-vous sont calés depuis 2 mois déjà. Ce sont toutes et tous des spécialistes des territoires montagnards (maires, gestionnaires de domaine, associations locales, collectifs citoyens…). Au niveau des partenariats, je collabore avec Mountain Riders, l’Institut du Sport Durable et Protect Our Winters. Je peux aussi compter sur le soutien matériel et/ou financier d’entreprises dont les valeurs sont proches des miennes à l’image de CMT Bike (fabriquant artisanal français de vélos en titane), Vélor (textile cycliste à base de déchets collectés dans la mer), Take[air] ou encore les paysagistes Belbéoc’h . De plus, un financement participatif est aussi disponible pour celles et ceux qui souhaite aider le projet.

Pour en venir à ce tour de France, vous avez déjà parcouru les Vosges, le Jura, le Massif Central et les Pyrénées, est-ce que tu vois une différence d’approche entre les stations de basse et moyenne montagne qui ont représenté la majorité des sites visités jusqu’à présent et les stations situées au-dessus de 2000m (Guillaume n’avait pas débuté les Alpes lors de l’interview, ndlr) ?

Ce que l’on sait, c’est qu’un nombre restreint de stations continueront à avoir de la neige naturelle pour proposer du ski au moins jusqu’en 2050 (quasiment toutes dans les Alpes, ndlr). Pour certaines, les exploitant(e)s et acteur(rice)s territoriaux misent sur la forte économie liée au ski alpin pour financer la transition, en investissant notamment dans de nouvelles activités touristiques et sportives. Mais d’autres sont encore dans le prisme de l’exploitation démesurée via la bétonisation et l’artificialisation des sols, ce qui n’est clairement pas la bonne direction à prendre. Concernant les stations de moyennes montagnes, elles sont déjà fortement impactées par le manque de neige. Certaines ont déjà fait faillite et ce, malgré des plans d’investissement importants pour tenter de les relancer. Je pense par exemple au Puigmal dans les Pyrénées Orientales. Pour ces domaines, 60% de la population vit du tourisme. Le problème est qu’on continue à se tourner les pouces pour trouver des solutions plutôt que passer à l’action. Mais heureusement, quelques stations ont passé la vitesse supérieure et proposent des modèles fort intéressants.

Vous pouvez nous citer des exemples ?

Il y a Métabief dans le Doubs qui est une référence en termes d’adaptabilité, où la régénération est au cœur du projet.  Ils s’appuient sur leur catalogue d’activités pour sensibiliser et/ou reconnecter les touristes à la nature. Du côté de Loudenvielle, dans les Hautes-Pyrénées, ils misent à fond sur le VTT et les thermes. Il y a une belle dynamique je trouve. Quoi qu’il en soit, pour amorcer cette transition, il faut avoir une approche systémique sur le territoire. Comment passe-t-on d’un lieu touristique à un lieu habitable à l’année. Le collaboratif est très important en travaillant avec les stations et villages voisins afin de proposer des offres complémentaires et attirer des publics variés. C’est d’ailleurs une des recommandations émises par la Cour des Comptes.

© Guillaume Koudlansky de Lustrac
Et quid des mobilités qui représentent, comme dans beaucoup de domaines, la plus grosse part de l’impact carbone ?

Certains villages se tournent vers des centres 100% piéton, ce qui est plutôt réjouissant. Pour en revenir à Loudenvielle, et même si je n’ai pas les chiffres en tête, l’ascenseur valéen menant jusqu’à Peyragudes a permis de réduire considérablement le trafic automobile entre les deux sites. Mais malgré tout, nous sommes encore très en retard sur ces questions de mobilité et beaucoup de stations en sont encore à peine au stade de la réflexion. Il y a aussi un autre paramètre à prendre en compte : celui des infrastructures ferroviaires où, pour le coup, les villégiatures de montagne dépendent des décisions prisent par la SNCF, Réseau Ferré de France, les Régions ou encore l’État.

Pour en revenir à votre aventure, j’ai cru comprendre que vous êtes vegan. Pas trop dur d’enchaîner autant de kilomètres et de dénivelé sans l’apport de protéines carnées ?

Alors déjà, sur un tiers du parcours, des cyclistes viennent m’accompagner en se renseignant sur mon itinéraire, via mon compte Instagram ou l’application MadCap, c’est déjà une belle source de motivation. Pour en revenir au fait que je sois vegan, quand je parle de ces petites graines plantées, ce point en fait partie. Les gens sont surpris de voir l’effort physique fourni et mon régime alimentaire. Ça permet de déconstruire les vieux mythes et cela est nécessaire si nous souhaitons réussir cette transition écologique. Et en parlant de déconstruction justement, j’ai une anecdote assez drôle : vous saviez que la tartiflette n’est pas un plat traditionnel haut-savoyard ? Il aurait été inventé sur demande de l’État là l’occasion d’un des plans neige (entre 1964 et 1977) dont le but était de créer et aménager des stations de sports d’hiver en France. À l’époque, il avait donc été demandé à des chefs locaux de créer un plat « phare ».

La transition est toute faire ! Vous allez débuter la dernière partie de votre aventure dans les Alpes pour terminer à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie. Quelle est la suite, après le 14 juillet ?

Un podcast et un documentaire retraçant cette aventure seront produits. Ensuite, je pense donner des conférences et animer des tables rondes pour parler de ces 3 mois… Puis je me tournerai vers de nouveaux défis, pour continuer à sensibiliser à l’écologie par le biais du sport.

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