La Fédération Française de Football (FFF) a présenté le 2 juin dernier son premier bilan carbone. Réalisé sur la saison 2022-2023, ce rapport montre que le principal poste d’émission reste la mobilité, des joueurs comme du public.
1.2 millions de tonnes de CO2e : c’est ce qu’a émis la Fédération Française de Football (FFF) sur la saison 2022-2023. Il s’agit de l’équivalent de la consommation moyenne d’une ville française moyenne de 130 000 habitants en une année. Ce premier bilan carbone réalisé par la FFF, avec le cabinet UTOPIES, montre que des marges de progression sont possibles. Le football, sport le plus pratiqué en France, reste loin devant le handball (18 700 tonnes d’équivalent CO2e), dont la fédération a publié en début d’année son bilan carbone.
Dans son bilan, la FFF englobe les émissions carbone de son siège social à Paris, celles du CNF (Centre National du Football) à Clairefontaine, et les dotations d’équipements sportifs. Les émissions de l’ensemble des sélections nationales, des compétitions organisées par la FFF (Coupes de France et championnats de National 1 jusqu’au plus bas niveau amateur) et les émissions des clubs amateurs sont aussi inclues.
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Les déplacements, le secteur qui produit le plus d’émissions CO2e.
Sans surprise, 57 % des gaz à effet de serre produits par la Fédération sont liés aux déplacements des joueurs, du staff, des organisateurs et des spectateurs. La FFF prévoit ainsi de mettre en place diverses actions pour réduire ces émissions : privilégier des transports moins carbonés (train au lieu de l’avion par exemple), le financement de bornes de recharge pour les voitures électriques, ou encore la création d’une plateforme de covoiturage destinée aux supporters.
La Fédération mène aussi des actions de sensibilisation aux enjeux du changement climatique. D’ici 2030, tous les licenciés devront y avoir été sensibilisé, dans le but de “permettre à tous les pratiquants d’agir pour minimiser leurs propres émissions”.
Chaque licencié produit donc en moyenne 0,5 tonnes CO2e par an. Cela équivaut à la fabrication de 20 jeans, mais cela reste faible comparé aux 1 130 tonnes de CO2e émises lors de chaque match de l’équipe de France. Sur ce type d’événement, 38% des émissions proviennent des déplacements des supporters. La FFF fait d’ailleurs une comparaison intéressante : en moyenne, un téléspectateur produit en effet 0,1kg de CO2e, contre 13kg de CO2e pour un spectateur au Stade de France.
À la suite des déplacements, vient l’énergie et le fonctionnement (18%), qui inclut chauffage, climatisation ou encore gestion des déchets. Sur le point énergétique, la FFF pourra compter sur son partenaire EDF et son programme Demain Football Club, lancé en février dernier. Les équipements textile et le merchandising, très présents dans le football, complètent le podium, avec 17 % du bilan carbone.
Un bilan carbone auquel doit succéder une feuille de route concrète
Avec ce premier bilan carbone, la FFF se dote d’une vision claire de ses différents postes d’émissions de gaz à effet de serre. Des données quantitatives qui permettent d’identifier les principaux leviers d’actions pour décarboner le football français. Un plan d’action concret reste encore à mettre en œuvre, en accord avec le Plan national d’adaptation des pratiques sportives au changement climatique 2024-2030 (PNACC Sport).
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Cependant, la FFF ne peut pas réduire certains postes d’émission aussi facilement. Seulement 20% des émissions relèvent de la responsable directe de la fédération. Les 80 % restants sont d’une responsabilité indirecte, partagée avec les partenaires, les licenciés et les publics. Un travail collectif, en concertation avec tous les acteurs du football français, devra donc être mené dans les prochaines années pour réduire les émissions.
D’autant plus que le football est déjà impacté par les conséquences du réchauffement climatique. Une étude anglaise estime même que certains terrains pourraient perdre entre 3 et 13 semaines d’utilisation par an à cause des précipitations plus intenses. Pour la durabilité même du sport et du football, il faut agir.
*CO2e : les équivalents CO2 (CO2e) sont une unité de mesure visant à uniformiser l’effet climatique des différents gaz à effet de serre.
Martin Bertrand et Théo Boissonneau