C’est bientôt le grand jour pour les joueuses du XV de France : la Coupe du Monde de Rugby 2025 débute ce vendredi 22 août, en Angleterre. En attendant le premier match de poule des Bleues face à l’Italie, Ecolosport s’est penché sur les engagements portés par les organisateurs du Mondial et ses stades.
Les Jeux olympiques de Paris de 2024 se voulaient “les Jeux les plus verts de l’histoire”. La Coupe du Monde de rugby féminin 2025, qui débute cette semaine outre-Manche veut aussi servir de “référence pour les futurs tournois, notamment la Coupe du monde de rugby féminin 2029 en Australie”. L’heure est en effet à la baisse – drastique – des pressions exercées par les Grands Événements Sportifs Internationaux (GESI) sur la planète, et World Rugby le sait et agit. L’instance mondiale a structuré sa démarche dans sa Stratégie Environnementale 2030, et s’appuie ainsi sur 3 piliers : favoriser une gouvernance solide ; traiter les impacts directs ; et promouvoir le partage des connaissances.
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“Nous préparons la Coupe du monde de rugby féminin 2025 depuis trois ans avec un objectif clé en tête : organiser un événement responsable et porteur de changements positifs” précise Sarah Massey, directrice générale de la Coupe du monde de rugby féminin 2025. L’événement, en plus d’apporter un “impact positif et durable sur les femmes et les filles dans le sport”, a notamment pour objectif d’avoir “70 % des produits achetés accompagnés d’une trajectoire de fin d’utilisation définie et la réalisation d’évaluations de la durabilité des sites dans chacune des huit villes hôtes”.
Énergie, eau, biodiversité : des stades engagés
Du mythique stade de Twickenham jusqu’au nord de l’Angleterre, à Sunderland, ce Mondial prévoit en effet d’agir sur chacun des 8 stades hôtes, sur des sujets de protection de la biodiversité, de consommation d’énergies, de mobilité des spectatrices et spectateurs et de production des déchets.
4 stades sont concernés par la sobriété énergétique et la réduction de consommation d’énergie pour les installations sportives. À Twickenham, la Coupe du Monde compte privilégier l’utilisation de radiateurs électriques en écartant ceux à gaz. Comme le soulignait le Shift Project, en France, “si 17 % de l’énergie consommée directement par les établissements est du gaz fossile, [cela représente] 40 % de l’empreinte carbone de l’énergie”.
À York, ce sont des systèmes de contrôle intelligents qui sont mis en service afin de limiter la consommation pour les différents postes d’usage. À Exeter et Sunderland, l’éclairage LED a été modernisé. Ces transformations sont facilitées par le mix énergétique du Royaume-Uni, un des seuls pays au monde à produire de l’électricité majoritairement d’origine renouvelable – environ 50% contre 41% pour le fossile, selon Enerdata.
L’enceinte de Northampton sera équipé de bornes de recharge pour les véhicules électriques. Cela répond à une demande de plus en plus forte au Royaume-Uni. Le pays compte 1,5 million de véhicules électriques en circulation (19,6% du marché), un nombre qui a presque doublé en deux ans, rapporte le Climate Change Committee. Bristol et Salford seront équipés de fontaines à eau. Quant à Brighton, le site s’attachera à coordonner des programmes de plantation d’arbres, l’installation de nichoirs et l’engagement des communautés locales.
Toutes ces initiatives s’inscrivent sur le long-terme et perdureront sur les installations après l’événement. Ces initiatives veulent donner “la priorité à la réduction des émissions, à l’approvisionnement local et à l’utilisation circulaire des ressources”.
Quel bilan carbone pour cette Coupe du Monde ?
World Rugby évoque moins l’un des postes les plus émetteurs d’un événement sportif : les déplacements. Celui des équipes pour se rendre dans le pays-hôte (la majorité du temps en avion) ou se rendre dans chacune des villes-hôtes. Mais aussi celui des fans, qui, en France à titre d’exemple, représente environ 80% de l’empreinte carbone d’un événement.
Pour l’édition 2023 de la Coupe du Monde masculine en France, et malgré les bonnes actions entreprises avec la SNCF notamment, les déplacements représentaient 94% des émissions carbone de l’évènement. Cela inclut les transports des équipes et des fans pour venir en France (86%) et tous les déplacements effectués entre et au sein des villes (8%). Un document de EY rapportait que “80% des équipes participantes et un tiers du public viennent de pays insulaires et/ou non européens, ce qui explique la part du trafic aérien (82%) dans les émissions de l’évènement”.
La Coupe du Monde de Rugby féminin 2025 n’attirera pas autant de public que son pendant masculin, et en verra donc son empreinte carbone plus limitée. Les actions mises en place dans chacun des 8 stades favorisent également un bilan carbone allégé. L’événement ambitionne de promouvoir “l’innovation durable dans tous les sites officiels d’accueil” et au vu de l’ampleur de l’événement, cela peut être une formidable opportunité pour sensibiliser le plus de spectatrices et spectateurs possibles aux impacts du dérèglement climatique et aux efforts que nous devons tous faire face à ce problème majeur.
Une caisse de résonance bienvenue alors que la majorité des pays participants au Mondial sont déjà menacés par les conséquences du dérèglement climatique. Que ce soit par la montée des eaux pour les pays insulaires (Fidji, Samoa), les méga-feux (États-Unis, Canada, Australie), les périodes de sécheresses et d’inondations (Espagne, France, Italie) ou le manque de ressources en eau (Afrique du Sud, Brésil). Il est donc urgent de garder en tête qu’un événement de cette ampleur exerce, sur une courte période, des pressions importantes sur les ressources et génère de grandes quantités de gaz à effet de serre. World Rugby ne le sait que trop bien : en juin 2024, l’instance a publié un rapport – salué car assez inédit dans le monde du sport – sur le rugby dans un monde à +2°C.
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