Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 doit trouver 400 millions d’euros d’économies pour parer aux incertitudes provoquées par la COVID-19. Malgré ce contexte brumeux, Tony Estanguet réaffirme sa volonté de ne rien toucher à l’héritage des Jeux.
Les Jeux Olympiques de Tokyo illustrent bien le casse-tête à venir pour les JO de Paris 2024. Pris de court par l’épidémie de COVID-19 l’été dernier, l’événement est pour l’instant reporté à l’été prochain. L’organisation souhaite absolument éviter l’annulation du plus grand événement sportif au monde. Problème supplémentaire : les prix augmentent fortement en cette période de récession économique inédite depuis les années 30. Le leitmotiv est donc de « rationaliser et simplifier » au maximum la compétition. Sauf que pour le moment, on ne parle officiellement que d’une cérémonie d’ouverture petit format…
Le COJO de Paris 2024 veut prendre les devants et s’active pour préparer une version plus économique des JO. Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France et Tony Estanguet Président du Comité d’Organisation se sont exprimés sur le sujet ces dernières semaines. La première déclarait mercredi dernier dans le journal l’Equipe : « Il faut que ce soit des Jeux sobres. Pour la Région, ç’a toujours été un leitmotiv« . Mais alors quels postes seront « sacrifiés » ? La formule des « Jeux les plus durables de l’histoire » tient-elle toujours ? Tour d’horizon des dossiers « héritage » de Paris 2024 qui sont discutés en ce moment :
1) Le site d’Élancourt
Avant même la crise du COVID-19, le site d’Élancourt a essuyé de nombreuses critiques émanant des défenseurs de l’environnement. Le point le plus culminant de l’Île-de-France (237m) est prévu pour le VTT. Le COJO souhaitait profiter de cet avantage pour l’aménager avec un projet de construction (voir ci-dessous). Pour réaliser le parcours et « habiller » la colline, il faudrait déforester. Chose que ne comprennent pas les élus écologistes alors que les JO se veulent irréprochables sur le plan environnemental. Pour couronner le tout, des représentants du VTT ne voudraient pas voir leur image de sport nature associée à ces projets d’aménagement…
Sur ces questions, Valérie Pécresse s’est montrée ferme : « On veut une région zéro artificialisation nette : dès qu’on coupe un arbre quelque part, il faut en planter un autre ailleurs. Il faut qu’on fasse de la compensation écologique […] Si on avait choisi un site de province, le bilan carbone en aurait pris un coût ».
2) Des partenariats moins verts …
Avant la crise sanitaire, l’idée d’associer son image à celle de JO annoncés propres et écoresponsables intéressait le plus grand nombre. Les sponsors se bousculaient à l’entrée, à tel point que l’organisation s’est offert le droit de choisir. Le cas du partenariat avec Total en est le parfait exemple : sous la pression de la maire de Paris Anne Hidalgo, le COJO a renoncé à s’associer au géant pétrolier, privilégiant EDF dans l’idée de se fournir en électricité verte.
En 2017, à l’époque de la candidature, Jérôme Lachaze, responsable Développement Durable de la candidature de Paris 2024 déclarait : « Coca-Cola, on va leur expliquer que nous mettrons des fontaines à eau de Paris, qu’ils le souhaitent ou pas. On les forcera à changer un peu leur modèle, parce que justement, c’est les JO ! ».
Ces temps semblent aujourd’hui révolus : les JO viennent d’officialiser un nouveau partenariat avec Orange. L’objectif ? Connecter les 40 sites des Jeux (Tahiti inclus) en déployant 400 000 km de câbles fibres optiques. En plein débat sur la 5G, les préoccupations d’image des JO écoresponsables ne semblent plus être la priorité…
3) Tony Estanguet : « Une carte des sites réduite »
La semaine dernière, le président de Paris 2024 a confirmé le resserrement de la carte des sites, sans pour autant la dévoiler. Il faudra encore patienter pour savoir à quoi vont ressembler les JO de Paris version post-COVID.
« On ne touche pas au programme sportif mais on essaie de tout faire rentrer dans moins de sites »
Nous en parlions lors d’un précédent article dédié aux JO de Paris, l’un des engagements verts de l’événement est de ne pas construire de nouveaux sites sportifs : 95% des enceintes sportives qui accueilleront des épreuves existent déjà. Tony Estanguet veut s’appuyer sur ces engagements pour réduire la note : « Réussir à garder le même nombre d’épreuves sportives à organiser dans moins de sites car c’est une source d’économie importante pour nous ». Les sites temporaires de la natation et du volley sont supprimés en Seine-Saint-Denis mais le département gagne deux épreuves : le rugby à 7 au Stade de France et l’escalade au Bourget.
Le concept définitif sera entériné au prochain conseil d’administration du 17 décembre prochain.