Média positif et engagé pour un sport durable

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Eric Piolle (EELV – Grenoble) : « L’écologie et le sport ont des valeurs communes »

Eric Piolle Grenoble EELV Sport Ecolosport
© Crédits photo : Ville de Grenoble
Twitter
LinkedIn
Facebook
WhatsApp
Email

Féru de sport, le maire EELV de Grenoble Eric Piolle nous a accordé un entretien exclusif. Il y parle de sa passion, du lien étroit entre écologie et sport et de ce qu’il prévoit pour la ville de Grenoble.

Eric Piolle, vous êtes un passionné de sport. Quels sports aimez-vous et qu’est-ce que vous aimez dans le sport ?

J’aime tous les sports, avec une préférence pour les sports de balle et de ballon ! J’ai pratiqué un certain nombre de sports également : j’ai été pongiste à un bon niveau (Nationale 2). Je fais aussi du squash, du badminton, du tennis, de la pelote basque. J’ai aussi fait du football, du rugby, du basket et du handball… Le seul sport de ballon que je n’ai jamais pratiqué est le volley, j’avais peur de me retourner un doigt et de ne pas pouvoir jouer au ping-pong. J’ai aussi fait beaucoup de vélo et je pratique également les sports de montagne : escalade, ski, randonnée, etc… Je lis L’Équipe de A à Z depuis toujours, je lis aussi les pages sports des grands quotidiens, comme Sud Ouest quand j’étais jeune.

Dans la pratique du sport, j’aime la compétition, le jeu ou l’effort solitaire ! J’aime aussi regarder le sport car cela vient nourrir ce goût de l’effort. Il y a une forme de rite laïc très fort dans les stades. Je fréquente les stades depuis tout petit. J’allais à la Moutète à Orthez, à Lescure à Bordeaux, à Roland Garros, par exemple. J’y vais aussi quand je suis à l’étranger ou en déplacement professionnel, que ce soit à Glasgow, à Rome, à Prague ou même à Boston pour voir les Celtics.

J’ai aussi un goût prononcé pour les chiffres et les stats. Quand j’étais petit, j’avais reproduit un Championnat de France entier, en inventant des équipes complètes, avec des classements, avec des goal-averages. Ma mère m’a ressorti quelques cahiers pleins de résultats et de classements du Championnat de France (rires).

L’écologie et le sport professionnel ne sont pas toujours allés de pair. Vous trouvez que c’est davantage le cas aujourd’hui ?

L’écologie et le sport ont des valeurs communes. L’écologie politique comprend une forme dynamique d’éducation populaire et d’émancipation, comme le sport. Ce sont dans les clubs aujourd’hui que nous apprenons l’émancipation du milieu familial, les règles collectives, le dépassement de soi, la relation à autrui. Le sport est intrinsèquement au coeur du projet écolo, grâce aussi à sa dimension de santé mentale et physique.

Petit à petit, le monde du sport s’adapte aux enjeux climatiques.

Eric Piolle

Pour le sport professionnel, c’est différent. Il y a un certain nombre de gens dans la société qui dénoncent l’évolution du sport business. Quand on compare les revenus des tennismen ou des footballeurs des années 80 à ceux d’aujourd’hui, on ne peut que constater ces dérives.

Mais le sport professionnel, grâce à sa caisse de résonance, peut aussi être capable d’aider la cause environnementale…

On ne peut pas dissocier le sport du sport professionnel, parce qu’il y a de l’identification et de la culture. Les Jeux Olympiques antiques servaient aussi à faire des relations et de la géopolitique.

L’élite n’est pas dissociable du reste du sport, à la fois dans cette dimension d’identification et de dépassement de soi, mais aussi dans des logiques purement financières. Si vous enlevez Roland Garros à la Fédération Française de Tennis, vous enlevez 240 millions d’euros des 300 millions d’euros de chiffre d’affaires ! Roland Garros sert à financer le tennis toute l’année. C’est la même chose concernant le Tour de France. Dans le football aussi, même si les financements sont davantage cloisonnés et qu’il y a peu de redistribution entre le secteur professionnel et le secteur amateur, l’identification est importante.

Eric Piolle Grenoble EELV Sport Ecolosport
Crédits : Grenoble Alpes Métropole
La Ville de Grenoble possède de nombreux clubs de haut niveau (football, rugby, hockey-sur-glace). Comment la Ville peut les accompagner et les inciter à accélérer leur transition écologique ?

Il y a trois axes. Dans nos conventions avec ces clubs, il y a une dimension sociale, où l’ancrage territorial auprès de la jeunesse et des milieux populaires est primordial. Il y a aussi une dimension de féminisation. Enfin, il y a une dimension écologique, qui doit permettre aux clubs d’organiser des éco-événements : transports en commun gratuits avec le billet du match, qualité de la nourriture distribuée lors des événements, gestion des déchets. Petit à petit, le monde du sport s’adapte aux enjeux climatiques.

Leur rôle de sensibilisation est important dans la stratégie de la Ville ? Est-ce que vous vous appuyez sur ces clubs-là pour sensibiliser le grand public ?

Non, car le monde professionnel n’est pas à la pointe…

Mais il pourrait le devenir…

Il pourrait le devenir, mais nous nous appuyons sur des personnes qui sont à la pointe. L’évolution du sport est nécessaire, on le leur demande, mais ce n’est pas le pilier de notre stratégie. Nous nous appuyons davantage sur le milieu associatif, qui est extrêmement riche.

Eric Piolle, le vélo est indissociable de la ville de Grenoble, grâce au travail mené sous votre 1er mandat, bien aidé aussi par le fait que la ville est la plus plate de France. Quelle est votre stratégie pour ce 2e mandat, concernant le vélo et la mobilité ?

Il y a deux stratégies. La première est autour des mentalités qui évoluent, avec une dimension culturelle, de mode de vie et d’identification. On adopte nos moyens de transport en fonction de ce qu’on considère comme cool ou ringard. Si vous considérez que c’est cool d’être seul dans votre SUV à écouter la radio pendant 1 heure dans les bouchons, vous allez continuer. S’il devient plus cool d’aller au travail en vélo parce qu’on prend l’air, on fait une activité physique, on respecte la nature et on voit la ville différemment, vous allez faire évoluer votre équilibre. Si Grenoble est devenu la première ville cyclable en France, c’est qu’il y a eu cette évolution culturelle.

La deuxième stratégie est qu’il faut accompagner l’évolution culturelle d’infrastructures. C’est plus long. Au delà des pistes cyclables, nous avons développé des axes ChronoVélo qui structurent l’espace public et qui permettent de se déplacer de manière sécurisée et rapide entre les communes de la métropole. Sur ces axes, il y a des stations pour regonfler les pneus de son vélo, des arceaux à vélo, des éléments de sécurité routière.

Il y a une donc une politique culturelle et une vraie politique d’infrastructure intercommunale.

Eric Piolle Grenoble EELV Sport Ecolosport
Eric Piolle est un féru de sport, et notamment des Boston Celtics – © Crédits photo : Libération
La mixité, l’écoconditionnalité, l’accès à la montagne  et la rénovation des équipements sont les piliers « sport » de votre 2e mandat. Quel est votre objectif pour Grenoble ? À quoi doit ressembler la ville de Grenoble en 2026 ?

Ce que nous cherchons à accompagner, c’est la pratique sportive et l’éducation populaire. Avec le programme « Jeunes en montagne », nous voulons que l’ensemble des Grenoblois et Grenobloises puissent être en lien avec la montagne, dans sa dimension d’effort et d’humilité.

La politique féministe est au coeur de notre projet politique. Dès lors, développer le sport féminin est, pour nous, important. Nous le faisons à tous les niveaux d’ailleurs. À la fois, nous accompagnons la pratique dans les clubs au quotidien, et à la fois nous accueillons de grands rendez-vous, comme la Coupe du monde de football féminine en 2019, ou des matchs du XV de France féminin, comme face à la Nouvelle-Zélande ou à l’Angleterre. Nous avons d’ailleurs, lors de ces matchs, réalisé les deux records d’affluence au monde pour un match de rugby féminin.

Il y a aussi une partie patrimoine. Notre premier mandat a été extrêmement orienté sur les écoles, mais nous avons un patrimoine très vétuste. Nous rénovons petit à petit nos écoles, mais il faut également rénover nos équipements sportifs. Nous l’avons fait pour la Halle Clémenceau, qui est aujourd’hui à nouveau en capacité d’accueillir des gros matchs de handball si notre équipe venait à remonter.

Twitter
LinkedIn
Facebook
WhatsApp
Email
Michaël Ferrisi
Michaël Ferrisi

Ecolosport le PODDCAST explore la façon dont le sport peut contribuer à la réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU et comment ceux-ci peuvent soutenir le développement du sport.