Depuis ses débuts, Paris-La Défense Arena s’inscrit dans une forte démarche environnementale. Ecolosport s’est entretenu avec Bathilde Lorenzetti, Vice-Présidente de la salle de spectacles de Nanterre, notamment résidence du Racing 92.
Paris-La Défense Arena s’est engagée dans une politique RSE et Développement durable importante. Pouvez-vous nous parler de vos engagements et de vos ambitions ?
Bathilde Lorenzetti : Notre engagement dans une politique RSE est aujourd’hui une priorité. Nous avons identifié plusieurs axes. Nous faisons un gros travail sur les économies d’énergie et d’eau de l’arena, nous sommes dans une logique de réduction des coûts d’électricité, en utilisant par exemple les panneaux solaires installés sur le toit de Paris-La Défense Arena. Nous récupérons aussi les eaux de pluie pour arroser la pelouse, que nous avons développé spécifiquement pour l’arena. C’est un soft grass, fait de matières recyclables. Cela nous permet de ne l’arroser que pour les matchs, sinon le terrain deviendrait très abrasif pour les joueurs. Nous avons aussi des ruches et fabriquons du miel made in Nanterre !
Dans le cadre de notre expérience fan, nous essayons de faire en sorte que les spectateurs puissent prendre part à notre engagement éco-responsable. Nous leur demandons de venir en transports en commun pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ou d’utiliser les « coronapistes » cyclables qui vont être conservées à proximité de l’arena. Nous essayons de nouer des partenariats avec des entreprise de location de trottinettes et de vélos électriques et ainsi encourager les spectateurs qui viennent à être dans cette démarche.
Nous nous engageons aussi sur le gaspillage alimentaire. Nous sommes très vigilants sur les quantités servies dans les espaces VIP : nous voulons jeter le moins possible. Dans nos buvettes grand public, nous nous fournissons en alimentation biologique. Nos pommes de terre sont par exemple certifiées bio. Nous faisons ce même travail sur l’ensemble des matières premières dont nous avons besoin.
Enfin, nous nous engageons aussi sur l’aspect social. Il est très important et nous tient à coeur. Tout d’abord, nous avons souhaité recruter en priorité des habitants de Nanterre pour favoriser l’insertion sociale. Lors des plans Grand froid, nous recueillons de nombreux sans-abris en transformant la salle polyvalente et y installons des lits. Avec l’association Le Chainon Manquant, nous assemblons aussi des colis-repas pour les sans-abris et les personnes en difficulté. Nous agissons enfin en fonction de l’actualité puisque depuis ce lundi 3 mai, l’arena est devenu aussi un vaccinodrome, où 3.000 personnes par semaine seront vaccinées.
Il y avait donc l’ambition d’être le plus éco-responsable possible au moment où le projet d’arena a été lancé en 2013 ?
Bathilde Lorenzetti : Absolument. Nous avons obtenu le label HQE (Haute Qualité Environnementale) dès le départ. Nous avons fait le maximum à l’époque, mais les technologies évoluent, donc nous continuons à faire évoluer notre démarche. Les panneaux solaires, dont je parlais tout à l’heure, ont été installés à la construction de l’arena et il me semble que nous sommes la seule salle à avoir des panneaux solaires sur le toit. Notre ambition est d’être les premiers et les meilleurs.
Dès la construction de l’arena, nous nous sommes aussi engagés à réduire les nuisances sonores. Nous avons donc une acoustique particulière qui permet de ne pas avoir d’émergences sonores, pour ne pas gêner le voisinage. Enfin, il n’y a pas de climatisation au sein de l’arena : nous avons un système de renouvellement d’air avec un rafraichissement qui permet de maintenir la température entre 20 et 21 degrés.
Paris-La Défense arena a aussi choisi de se faire certifier par la norme ISO 20121. En quoi consiste cette norme et que fait l’Arena pour respecter cette norme ?
Bathilde Lorenzetti : La norme ISO 20121 nous permet de valider, tous les deux ans, nos points d’amélioration. C’est un engagement de la société envers les nombreux points évoqués précédemment. Dans le cadre de notre gestion, de notre stratégie et de notre management et vis-à-vis de nos collaborateurs et de la société, cela nous permet d’être bien axé sur l’éco-responsabilité.
Par exemple, aucun de nos collaborateurs n’a de poubelle individuelle, nous avons des poubelles de tri sélectif dans les bureaux. Aucun collaborateur n’a le droit d’avoir de bouteilles en plastique, chacun d’entre eux a une tasse et une gourde avec des fontaines à eau à disposition. Avec le Racing 92, nous avons banni l’ensemble du plastique pour l’organisation sportive de leurs matchs. Nous travaillons aussi, par exemple, sur nos panneaux solaires, peut-être que nous allons en rajouter. Nous travaillons activement à développer notre démarche RSE et environnementale.
Très récemment, Paris-La Défense Arena est devenue la première arena à rejoindre « Sports for Climate Action », le programme de lutte contre le changement climatique de l’ONU. Quelle est votre volonté et quels sont les objectifs liés à cet engagement ?
Bathilde Lorenzetti : Le réchauffement climatique est un sujet qui ne date pas d’aujourd’hui et, malheureusement, les gens dans leur ensemble n’ont pas été assez sensibilisé à ce sujet. À l’aube des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le fait de sensibiliser la population par le sport et par les sportifs nous semble pertinent. Lorsqu’une star du rugby ou du football s’engage dans cette démarche, cela a plus d’impact sur la population : le sport est un grand vecteur de communication et de sensibilisation car il est populaire !
Le sujet est grave… De nombreux navigateurs comme Yvan Bourgnon nous ont alerté en allant dans le Grand Nord pour démontrer l’effondrement de la calotte glaciaire. Je trouve cela dramatique de voir des pans entiers de montagnes rocheuses à la place de la glace. La population n’a pas assez conscience des conséquences du réchauffement climatique. Les navigateurs nous ont prévenu et je crois que c’est bien que tout le monde participe à cet élan – dont les sportifs car l’impact sera plus fort.
Y a t-il des synergies déjà trouvées ou des collaborations futures possibles sur ces sujets éco-responsables avec le club du Racing 92 ?
Bathilde Lorenzetti : Le groupe Ovalto, dont ma famille est actionnaire (Jacky Lorenzetti, son père, est le Président d’Ovalto, qui gère cinq activités : le rugby avec le Racing 92, le spectacle avec Paris La Défense Arena, la viticulture, la gestion financière, et l’immobilier, ndlr) est dans une logique RSE avec l’arena ainsi qu’avec toutes ses filiales. Nous sommes passés en bio sur une bonne partie de nos châteaux pour nos activités viticoles. Nous sommes dans une logique d’agriculture raisonnée au sein de notre ferme agricole, en supprimant progressivement les produits phytosanitaires.
Avec le Racing 92, nous avons installé des arbres à vent dans leur centre d’entrainement, au Plessis, et avons supprimé le plastique au sein de l’équipe. J’ai une anecdote à ce sujet : mon père, le Président du club, ne voulait plus de plastique et cela a été difficile à mettre en place car nous avons tous des réflexes de consommation. Un jour, il a donc pris toutes les bouteilles, les a mises dans des sacs qu’il a empilés devant la porte des vestiaires et leur a dit : « Qu’est-ce que nous faisons de toutes ces bouteilles en plastique ? Je n’en veux plus ! » Le processus a démarré de cette manière. Aujourd’hui, nous sommes dans une logique de zéro plastique dans le groupe, pour les collaborateurs et pour les joueurs.
Sur quels axes d’amélioration ou sur quels projets vos équipes doivent ou peuvent travailler pour atteindre vos objectifs : être la salle de spectacle la plus éco-responsable d’Europe ?
Bathilde Lorenzetti : Si nous avons supprimé le plastique au sein du groupe du Racing 92, pour nos collaborateurs et dans les espaces VIP, nous souhaitons le mettre en place pour le grand public. Nous travaillons actuellement avec plusieurs partenaires pour trouver des solutions alternatives au plastique. Nous rencontrons par exemple un problème : les spectateurs ne peuvent pas venir avec des gourdes pour des raisons évidentes de sécurité… C’est une difficulté supplémentaire mais l’idée est d’avoir, à terme, des bouteilles ou des verres en carton avec une mise à disposition de fontaines.
Notre démarche s’inscrit aussi dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 puisque Paris-La Défense Arena est un site olympique. Nous voulons poursuivre nos efforts sur les économies d’énergie, sur le gaspillage alimentaire, sur la gestion de nos déchets – qui n’est pas évidente avec 40.000 spectateurs à gérer – et sur les achats responsables – où nous souhaitons être le plus français possible. Tout est améliorable, cela fait partie de nos priorités.
© Photo à la une : Delphine Goldsztejn