Alors que la Formule 1 ne cesse de déchainer les passions et de conquérir de nouveaux fans à travers le globe, les décideurs préparent l’avenir du sport avec en ligne de mire la volonté de tendre vers la neutralité carbone. Le carburant des monoplaces est le premier chantier auquel la FIA et Liberty Media, propriétaire de la catégorie, ont décidé de s’attaquer.
La prochaine saison de Formule 1 devrait être placée sous le signe des grands changements. En complément du changement de règlement technique des monoplaces, la discipline va introduire progressivement des bio-carburants dès 2022, pour atteindre son objectif annoncé d’utiliser exclusivement du carburant durable d’ici 2025.
Sport spectaculaire, la F1 a su conquérir de nouveaux fans après des années de baisse d’intérêt du grand public. En 2020, dans un championnat du monde inédit en raison de la pandémie, près de 90 millions de personnes ont suivi le sacre de Lewis Hamilton pour la 7e fois de sa carrière. Une nouvelle audience composée majoritairement de la jeune génération, réputée très sensible aux questions climatiques. Le sport automobile peut paraître aux antipodes de la protection de l’environnement, et les dirigeants souhaitent faire rentrer la Formule 1 dans une ère durable.
Une réduction de l’empreinte carbone sans conséquence sur la performance
Dès le début de saison 2022, les monoplaces fonctionneront avec un mélange de carburant composé à 90% de combustible fossile, et à 10% d’éthanol renouvelable, contre 5,75% actuellement. La transition vers les 100% de bio-carburants devra attendre 2026 et l’entrée en vigueur des nouveaux moteurs. Ces carburants, d’abord testés à petite échelle dans une usine, comporteront un composant avancé provenant d’un système de capture du carbone ou d’une « biomasse », qui comprendrait des éléments comme les algues, les déchets agricoles et les cultures non-alimentaires cultivées sur des terres impropres à la production alimentaire.
Ces carburants ne génèrent pas de CO2 supplémentaire, comme l’explique Pat Symonds, directeur technique de la F1 : « C’est un phénomène totalement circulaire. Nous ne produisons pas de CO2 qui ne soit pas déjà dans l’atmosphère. Nous le retirons de l’atmosphère, nous l’utilisons et nous le remettons dans l’atmosphère ». Une réduction de l’ordre de 65% des émissions de gaz à effet de serre est espérée en comparaison aux carburants fossiles actuels. Les performances des monoplaces ne devraient pas baisser pour autant.
L’arbre qui cache la forêt ?
Bien que la pollution liée au carburant des voitures soit régulièrement pointée du doigt, puisque plus visible et médiatique, il est bon de rappeler qu’elle ne représente que 0,7% des émissions totales de CO2 de la discipline sur une saison sportive. Pour rendre la F1 véritablement durable, il faudra repenser tout son écosystème. Les changements les plus importants planifiés par la FIA dans ce domaine concerneront le transport et la logistique des équipes entre les week-end de courses, en devenant plus efficients sur le calendrier. Les bureaux et usines des écuries devront utiliser 100% d’énergies renouvelables en 2025 et un plan de développement durable sera appliqué à chaque course dans l’optique de collecter et recycler les déchets, gérer au mieux le transport des spectateurs…
Des intentions clairement énoncées, preuves d’une prise de conscience des décideurs de la F1 sur la question climatique. Reste désormais à conjuguer intérêts économiques et écologiques, deux thèmes qui apparaissent plus que jamais éloignés, alors que deux nouvelles courses sont venues alourdir un calendrier déjà très dense et peu optimisé : le Qatar et l’Arabie Saoudite, deux pays engagés dans une concurrence géopolitique croissante et choisis sur l’aspect financier uniquement. Une nouvelle qui ne devrait pas faciliter la tâche de la Formule 1 pour rendre la logistique et les transports plus durables.