Manque de temps, désespéré par ce sport spectacle cherchant le toujours plus et qui, à l’image de la société, n’a toujours pas pris la mesure et l’ampleur du dérèglement climatique. Dans le même temps, les scientifiques et de nombreux économistes sont unanimes, pour sauver l’humanité d’une extinction proche, il est nécessaire de réinventer notre économie et nos modes de vivre de façon radicale et drastique. Heureusement, face à ce désarroi, la vie apporte toujours son lot de bonnes surprises, au coin d’une rue ou sur un chemin de randonnée dans mon cas.
Revenant d’une superbe sortie sur le GR10, me menant du Pont d’Espagne au pied du Vignemale, je croise un randonneur portant sur lui un sac à dos très imposant. Dans les premiers instants, je me dis que c’est peut être un parapentiste qui aurait mal rangé son matériel. Mais en m’approchant, je me rends compte que le contenu est loin d’être une toile de voltige. Le contenant est plus que surprenant en réalité puisqu’il n’y a que des branchements électroniques/électriques et des bouteilles plastiques vides.
Intrigué, je lui demande s’il est un éco-aventurier voulant sensibiliser sur la pollution plastique.
Ce à quoi il me répond qu’il porte une partie de lui, ou plutôt de nous…. l’homo economicus. Celui qui, aveuglé par les publicités et certaines normes, ne cesse de consommer encore et toujours au point d’être dans le déni total alors que sa maison brûle, préférant continuer à alimenter le brasier.
Nous prenons le temps d’échanger, je lui parle d’Ecolosport et lui demande s’il est sur les réseaux sociaux ou s’il a un numéro de téléphone pour que je le recontacte dans le cadre d’une interview.
Une invitation qu’il décline gentiment, m’expliquant qu’il est juste un personnage et qu’il n’est pas connecté, les autres se chargeant de faire le relais de son initiative comme c’est le cas actuellement. Son objectif : marcher avec sa charge sur le dos, interpeller, sensibiliser et échanger sur ces sujets. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne puisque d’autres randonneurs feront un brin de causette avec lui.
Il profite aussi de son expédition pour enregistrer les sons de la nature, de notre vrai habitat. Au moment de nous quitter, il me demande si je veux me délester de sons (entendez par là, exprimer mon humeur du moment) et qu’il m’enregistre, ce à quoi je réponds à mon tour par la négative, lui expliquant que me retrouver en pleine nature et notamment courir/marcher en montagne est le meilleur moyen d’évacuer tous les mauvais sentiments et surtout de comprendre que nous ne sommes qu’un infime élément de la biodiversité (mais dont l’impact est beaucoup trop fort). Bref, s’émerveiller encore est toujours devant la beauté de la nature.
Je salue alors ce mystérieux éco-aventurier que je nommerais « le délesteur de son » en me disant que finalement, il est plus intéressant de passer son énergie à mettre en avant ces belles initiatives plutôt que de s’attarder sur les sorties médiatiques et loufoques de stars, pur produits du sport business, totalement déconnectées de la nature et donc de la vraie vie.