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Exclusif – Élections FFR : quels programmes RSE pour les candidats ?

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© SIPA/Mourad ALLILI

À quelques jours des élections pour la présidence de la Fédération Française de Rugby, du 12 au 14 juin 2023, les deux listes ont évoqué, pour Ecolosport, leur programme RSE et l’importance qu’ils accordent aux enjeux environnementaux et sociétaux.

Du lundi 12 au mercredi 14 juin, le rugby français élira le nouveau Président de la Fédération Française de Rugby (FFR). À quelques jours de l’ouverture des votes, un élément des programmes n’a que trop peu été évoqué par les deux listes : la stratégie RSE de la FFR. Ecolosport s’est ainsi entretenu avec Florian Grill, qui porte la liste Ovale Ensemble, puis avec Guilhem Guirado de la liste Tous unis derrière le XV de France porté par Patrick Buisson. Première question posée aux deux camps : tenez-vous compte des enjeux environnementaux et sociétaux dans votre projet ?

« La vision que nous avons d’un club de rugby, c’est qu’il est un acteur de citoyenneté locale avec trois dimensions : sportive, éducative et sociétale » développe Florian Grill, tête de liste de l’opposition, qui souhaite par ailleurs transformer la FFR en fédération à mission. « Dans cette ère post-Covid, ce dernier enjeu me semble fondamental. Le modèle fondé sur les droits marketing et TV n’est plus suffisant. Il faut donner du sens et ce n’est pas antinomique avec la performance sportive. » Ovale Ensemble prévoit ainsi de donner plus d’importance au rugby adapté et au rugby-santé – en appuyant notamment sur les luttes contre le cancer et l’obésité. Grill insiste aussi sur le travail à effectuer dans les QPV (Quartier Prioritaire de la Ville) et sur l’emploi. « On parle beaucoup des valeurs du rugby, c’est mieux de les concrétiser avec des actions réelles et sérieuses. »

Ces fameuses valeurs, Guilhem Guirado, ancien capitaine du XV de France et pressenti pour être le vice-Président de la FFR si Patrick Buisson est élu, souhaite aussi « les démontrer sur le terrain », notamment avec le projet « Club du XXIe siècle ». « Nous aimerions développer un label fédéral des clubs engagés. Il faut former à la citoyenneté les jeunes joueuses et joueurs des clubs, leur inculquer ces valeurs. J’y accorde énormément d’importance. » De nombreux sujets seront étudiés par la FFR version Buisson, parmi lesquels la transition écologique, la gestion de l’eau, les déchets, la diversité, la santé ou encore l’éducation.

> Lire aussi : La FFR se veut plus éco-responsable et signe la Charte des 15 engagements

L’écologie au coeur des programmes RSE

Guirado précise notamment l’importance de la transition écologique dans la stratégie RSE que sa liste porte. « Il faut prendre en compte la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Nous avons un gros problème, le climat se dérègle » alerte t-il, avant de prendre la gestion de l’eau comme exemple. « Nous allons forcément nous demander comment arroser les terrains à l’avenir. Certains ont des terrains hybrides ou synthétiques, mais sans arrosage il y a des risques de brûlures. Nous devons avoir deux temps d’avance sur ce qui nous attend. À nous d’anticiper au maximum. » Autre exemple cité par l’ancien talonneur : la gestion des déchets par les clubs. « Chaque équipe peut prendre 15 minutes à la fin de l’entrainement pour ramasser les déchets présents dans les stades et autour des terrains » imagine t-il. « Nous devons avoir des enceintes propres, et cela permet de former des citoyens responsables. »

Côté Ovale Ensemble, l’écologie n’est pas en reste, bien aidé par Julien Pierre, proche du candidat Florian Grill. La stratégie tourne principalement autour de trois gros enjeux. La consommation d’énergie, d’abord. « Nous avons la chance d’avoir de grands espaces, avec parfois des tribunes couvertes et des parkings. J’aimerais donc mettre en place des ombrières pour ces parkings et utiliser les toits pour des panneaux photovoltaïques. Cela demande des investissements, mais ces clubs peuvent fournir de l’électricité ! » La gestion de l’eau est le deuxième sujet ciblé. « Il y a un gros travail à faire sur l’arrosage des pelouses, elles doivent être moins gourmandes en eau et ces eaux doivent être récupérées et réutilisées. Diriger, c’est prévoir, et c’est un chantier considérable qu’il va falloir engager. »

Enfin, dernier sujet : les transports, coupables de la plupart des émissions de CO2 des événements sportifs. Concernant le temps des championnats et des matchs de poule, « il doit être le plus à proximité possible » argumente Grill, pour limiter le nombre de kilomètres parcourus. Lors des Championnats de France, en fin de saison, les clubs sont amenés à voyager plus loin. « Dans cette deuxième partie de saison, il doit y avoir un accompagnement fédéral. »

> Lire aussi : France 2023 : quelle empreinte carbone pour la Coupe du Monde de rugby ?

Un retard à rattraper

À l’image d’autres sports, le rugby français et mondial semble assez en retard sur les enjeux environnementaux, sociétaux et de gouvernance actuels. Les affaires judiciaires autour de l’ancien Président de la FFR Bernard Laporte et de son bras droit Serge Simon, dont la suite est assurée par la liste portée par Patrick Buisson et Guilhem Guirado, en sont le symbole. L’intégration des franchises sud-africaines à la Champions Cup et les discussions autour de l’intégration de l’Afrique du Sud aux Six Nations ont aussi déclenché de vives polémiques. « Mon poil s’est hérissé ! » prévient Florian Grill, pas d’accord avec cette intégration. « Je m’étais élevé contre Bernard Laporte quand il a fait entrer le fonds d’investissement CVC dans le Tournoi des Six Nations et quand il a évoqué la possibilité d’y intégrer l’Afrique du Sud. Ce serait un non-sens historique, géographique, écologique et pour la santé des joueurs. » Il poursuit en prévenant : « A faire n’importe quoi et à ne pas tenir compte des enjeux de notre siècle, nous aurons tort devant l’histoire et les générations futures. »

Alors, le rugby en fait-il assez pour le climat et la société ?« Il y a une prise de conscience progressive qui s’opère, elle n’est pas assez forte selon moi. Ce sera une des priorités de nos mandats si nous sommes élus » promet le candidat d’Ovale Ensemble.« Non » répond, aussi, clairement Guilhem Guirado. « Nous ne sommes qu’à l’amorce, au tout début. Nous devons êtres responsables et montrer la voie, montrer l’exemple. Il faut aussi être transparents vis-à-vis de certaines valeurs. Sur les sujets de RSE, il n’y a pas de limite, nous pouvons toujours aller plus loin ! » Celui qui s’est engagé récemment sur la liste Tous unis derrière le XV de France conclut : « Tout le monde a pris conscience de l’urgence et des enjeux, mais cela ne se traduit pas forcément au quotidien, dans les gestes. Il faut transmettre, que cela soit transversal, que chacun agisse, des dirigeants aux tout-petits. » Car les ruisseaux font les grandes rivières.

Photo à la Une : © Sipa/Mourad ALLILI

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