La procédure avait été lancée fin décembre 2022 à l’encontre de la Fédération Internationale de football (FIFA) pour « fausses promesses climatiques » pendant la Coupe du Monde au Qatar. 6 organisations européennes avaient porté plainte pour concurrence déloyale devant les instances de contrôle publicitaire de leur pays respectif. Réunies en une seule procédure à Zurich, elles ont obtenu gain de cause devant la Commission suisse pour la loyauté.
Nous vous en parlions déjà dans un article en janvier 2023. Notre Affaire A Tous (France), l’Alliance Climatique Suisse (Suisse), Carbon Market Watch (Belgique), le New Weather Institute (Grande-Bretagne) ainsi que Fossil Free Football et Reclame Fossietvrij (Pays-Bas) ont déposé plainte en novembre 2022 auprès des instances de contrôle publicitaire de chaque pays. Elles se sont appuyées sur le rapport de l’ONG Carbon Market Watch, elle-même plaignante, qui pointait du doigt l’appellation « neutre en carbone » trompeuse de la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar.
Les organisations plaignantes ont dénoncé un caractère « neutre en carbone » qui n’a été certifié par aucun organisme indépendant, la sous-estimation des émissions de CO2 pour l’événement (la FIFA annonçait 3,6 millions de tCO2e, tandis que le rapport de Carbon Market Watch estime les émissions à au moins 5 millions de tCO2e), et enfin la très basse qualité des crédits carbones achetés par les organisateurs de la Coupe du Monde pour compenser les émissions de l’événement. Le contenu détaillé de la plainte par Carbon Market Watch peut être trouvé ici.
La FIFA, quant à elle, a réfuté les accusations de greenwashing.
Issue de la décision
Les plaintes déposées par les organisations dans les 5 pays européens ont été traitées par l’organisme de contrôle de la publicité suisse, via le mécanisme de coordination européen. En effet, dans le cas où les propos sur la neutralité carbone de l’événement sont prouvés comme trompeurs, cela équivaudrait à de la concurrence déloyale, ce qui peut constituer une infraction pénale.
Dans une décision notifiée aux parties du 6 juin 2023, l’organisme a écarté les objections formulées par la FIFA : « La [FIFA] a parfois travaillé en recourant à des messages formulés en termes absolus et a ainsi suscité l’impression erronée et fallacieuse selon laquelle la Coupe du monde de football 2022 au Qatar aurait déjà atteint la neutralité climatique ou la neutralité carbone avant et pendant le tournoi ». L’autorité estime que les preuves apportées par la FIFA ne sont pas assez crédibles.
Il est finalement « recommandé à la partie défenderesse [la FIFA] de renoncer à l’avenir aux allégations contestées, en particulier que la Coupe du monde de football organisée en 2022 au Qatar serait neutre pour le climat et le CO2 ».
Et maintenant ?
Si elle est jugée coupable de greenwashing, il ne s’agit pas d’un jugement contraignant puisque la FIFA n’est ni contrainte à retirer sa publicité ni à payer une amende.
C’est cependant un signal fort qui est envoyé aux organisateurs de grandes compétitions internationales sur le thème du greenwashing. Pour Jérémie Suissa, délégué général de Notre Affaire A Tous, l’une des organisations plaignantes, « il n’est plus possible de concevoir des événements climatiquement absurdes tout en prétendant être neutre en carbone. » Enfin, la décision peut encore être contestée par la FIFA.
Photo à la Une : © FIFA
