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Anthony Belleau à la bouche, mais sans viande 

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© ASM Clermont Auvergne
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Anthony Belleau, rugbyman professionnel à l’ASM Clermont évoque dans un entretien pour Ecolosport la réduction de sa consommation de viande.

Dans le bilan carbone d’un Français moyen, l’alimentation joue pour 23% aux émissions totales de gaz à effet de serre. Ce qui porte le total à 1,9 tonne de CO2 émis par an, et par Français via son alimentation. Et sur ces 1,9 tonne, 60% sont associés à la consommation de produits animaux. L’alimentation pèse donc presque la totalité de ce que l’on devrait émettre à l’horizon 2050 – et les fameuses 2 tonnes. S’il est établi que la viande, rouge en particulier, a un impact délétère sur le climat, il est encore communément admis qu’elle est indispensable à la croissance d’un enfant ou à la performance d’un sportif.

Du haut de ses 27 ans, Anthony Belleau fait partie d’une génération qui entend parler de dérèglement climatique depuis les bancs d’école. Devenu rugbyman professionnel, il joue à l’ASM Clermont Auvergne, il a été international à 12 reprises. Et pourtant, il a décidé de réduire sa consommation de viande, accompagné par son club dans sa démarche. Un témoignage précieux, qui vient tordre le cou à bien des idées reçues.

Ecolosport : Quel est ton rapport personnel à l’écologie ?

Anthony Belleau : Disons que je vis avec mon époque, donc je suis forcément plus sensible au sujet, un peu comme tout le monde. A titre personnel, j’essaye de faire les petits efforts au quotidien dans la vie sans forcément faire de grande manifestation. Mais à ma propre échelle j’essaye d’agir. L’information circule bien aujourd’hui autour de cette thématique, que ce soit avec les réseaux sociaux et les médias. On est régulièrement confronté à ces sujets et à toutes les questions que ça peut soulever. J’apprends régulièrement des choses et je fais évoluer ma manière de faire au quotidien.

En juin dernier, on t’a aperçu dans une vidéo Brut où tu expliquais avoir réduit ta consommation de viande. Peux-tu nous raconter ?

Anthony Belleau : J’aimerais préciser à nouveau la démarche car depuis l’interview de Brut j’ai reçu énormément de messages me demandant si j’étais devenu vegan etc. Donc non, je ne suis pas vegan mais étant sensible à la thématique de l’hygiène de vie du sportif, c’est plutôt dans ce cadre-là que je suis venu à m’intéresser à mon alimentation à la consommation de viande. Mon club, l’ASM, est très sensible à la question et a récemment reçu le label Fair Play For Planet. Ça touche à plein de thématique : au stade, à la manière d’entretenir la pelouse, l’éclairage, mais en interne, ils cherchaient aussi un joueur avec qui tester quelque chose et je me suis prêté au jeu. Je n’ai pas arrêté de consommer de la viande pour autant.

Comment ça s’est passé concrètement avec le club ?

Anthony Belleau : J’échangeais beaucoup avec le diététicien, le nutritionniste ou le chef cuisto autour de la mise en place d’une sorte de protocole. Mais c’est super difficile de dire « on fait comme ça et pas autrement » quand on a 60 rugbymen à nourrir tous les jours. L’idée c’est d’aiguiller chacun vers le régime qui peut lui convenir au mieux.

En tant que sportif, on essaye de tout optimiser. Et on entend souvent que manger de la viande rouge, c’est bon pour la santé alors qu’en manger moins, c’est tout aussi bien. Le plus important ce n’est pas de chercher une réponse à la question de savoir ce qui est mieux ou pas, c’est d’être curieux et d’essayer. Chacun doit tester le régime qui va lui convenir. Moi j’avais déjà testé de ne manger pendant une semaine que des légumes, pour voir ce que ça pouvait m’apporter ou pas. C’est de l’ouverture d’esprit, il ne faut pas être réfractaire. Une fois qu’on sait ce qu’on aime et ce qu’on veut, on peut essayer à son échelle d’améliorer du mieux possible sans forcément se dénaturer.

Tu continues ce régime moins carné ?

Anthony Belleau : Je n’appelle pas forcément ça un régime dans le sens où je ne me prive de rien. En tout cas, ça me convient bien. Quand je mange du poisson, je l’ai beaucoup moins sur le ventre qu’une part de viande rouge. Donc je me réserve les repas avec viande rouge pour les occasions, en famille ou au restaurant. J’en mange encore au club mais rarement d’autant qu’on reprend les entraînements très tôt en début d’après-midi et que donc c’est bien mieux pour la digestion de manger léger.

Tu saurais dire le nombre de repas avec viande avant et après l’accompagnement par ton club dans ta démarche ?

Anthony Belleau : Je suis incapable de dire combien de fois je mange de la viande par semaine car c’est assez variable, ça peut être cinq fois, deux fois, des fois pas du tout (en 2016, la moyenne en France était de 10 repas carnés par semaine, NDLR). Je n’en mange clairement pas tous les jours.

Jeune, je ne mangeais presque pas de légumes… mais depuis que je suis devenu professionnel, je me suis penché sur le sujet de mon alimentation. Pour pouvoir enchaîner 20 ou 30 matchs par saison, il faut savoir comment mieux encaisser la charge de travail et d’effort !

Y a-t-il eu un changement sur les performances sportives ?

Anthony Belleau : Je n’ai pas senti de réel changement sur la performance. Je l’ai plus senti sur le confort, dans la digestion. En termes de performance, je ne pense pas être un prototype physique sur lequel on peut tester diverses choses, je suis pas le genre de type qui va battre des records (rires).

Tu te fais chambrer par les coéquipiers ?

Anthony Belleau : Non pas du tout. Les gens qui me connaissent savent et comprennent ma démarche. Suite à l’interview sur Brut, j’ai reçu quelques messages en effet mais on est en 2023, si tu as envie de manger de la viande, tu en manges sinon, tu n’en manges pas, tu fais ce que tu veux. Les coéquipiers ne sont pas du tout lourd avec ça, certains en mangent peut-être encore moins que moi, d’autres plus évidemment. Chacun fait ce qu’il veut. Ça ne pose aucun souci.

Un message à passer aux jeunes sportifs autour de la consommation de viande ?

Anthony Belleau : L’important c’est d’apprendre à se connaitre et à savoir ce qui vous fait du bien. Pour cela, il faut être curieux, s’ouvrir à de nouvelles choses. Quand j’étais jeune, je n’avais aucune notion sur la nutrition et j’ai décidé d’ouvrir un peu mon champ de vision d’en apprendre plus et j’ai trouvé ce qui me correspondait. Il faut trouver un juste milieu. J’encourage vraiment tout le monde à se renseigner sur le sujet, à tester des choses différentes pour savoir ce qui te rend plus performant et surtout plus heureux.

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