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Temps réglementaire – L’utilisation des eaux usées pour l’arrosage des stades et des golfs autorisée

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L’utilisation des eaux usées pour l’arrosage des stades et des golfs autorisée Temps réglementaire Ecologie Sport Ecolosport
© Maxim Hopman - Unsplash
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Voté le 14 décembre 2023, un arrêté permet désormais le recours aux eaux usées traitées pour arroser les stades et les golfs. Un changement qui va permettre d’économiser une grosse quantité d’eau.

Le long épisode de sécheresse de 2022 a marqué les esprits au fer blanc tant le monde du sport, notamment amateur, a été impacté. Douches interdites, terrains asséchés pour cause de restriction d’arrosage jusqu’au mois d’octobre, entraînements et compétitions reportés, voire même annulés…Malheureusement, ce qui, auparavant, aurait pu être qualifié de phénomène exceptionnel est désormais un scénario voué à se répéter, et même à s’intensifier d’année en année. Face à ces enjeux de raréfaction de l’eau, un arrêté datant du 14 décembre 2023 autorise le recours des eaux usées traitées pour l’arrosage  d’espaces verts, dont les golfs et et les stades.

Des sites encore très gourmands en eau !

Lors de la sécheresse de 2022, l’arrosage des stades et des golfs avaient fait débat, pour ne pas dire indigné une frange de la population. Ainsi, un reportage de TF1 consacré à l’Orange Vélodrome détaillait que 25 000 à 30 000 litres d’eau était nécessaire quotidiennement pour entretenir les terrains de 800 mètres carrés. Au-delà des impacts sur la santé des joueur(se)s, les clubs professionnels doivent aussi faire face à la pression des diffuseurs pour avoir une pelouse « télégénique ». Si on s’appuie sur les estimations de la Fondation du Football, ce sont 100 milliards de litres qui seraient utilisés annuellement pour arroser les quelques 30 000 stades de football français en gazon naturel (soit 3171 litres par seconde).

Pour le golf, un rapport du Sénat estimait en 2003 la consommation totale annuelle des golfs en eau à 36 millions de mètres cubes, tandis qu’une étude publiée en 2013 par la Fédération Française de Golf tablait plutôt sur une quantité avoisinant les 29 millions de mètres cubes, ce qui représente tout de même la consommation annuelle d’une ville comme Lyon.

Des autorisations encadrées

Dans cette situation, le recours aux eaux usées et traitées semble être une réponse logique, d’autant plus que, pour le moment, elles sont rejetées principalement dans le milieu naturel. Pour le gouvernement, l’objectif est d’atteindre la barre des 10% d’eaux usées réutilisées d’ici 2030, tous secteurs concernés confondus. Comme le précise le texte, l’utilisation de ces eaux pourra être autorisée à condition de respecter des normes sanitaires et environnementales strictes. Un système de contrôle est également mis en place afin de protéger les ressources en eau mais aussi la sécurité sanitaire des hommes et des animaux.

Il y a tout de même certains freins à souligner, d’abord sur les coûts engendrés pour les aménagements. Concernant les tarifs à l’utilisation, ils varieraient entre 0,80€ et 1 € le m3, contre 0,05 à 0,20 € le m3 pour une irrigation classique selon un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) datant de 2022. À cela, s’ajoute le coût environnemental (risque d’assèchement de rivières, utilisation d’énergie pour traiter les eaux…). Pour le moment, la France exploite moins de 1% de ces eaux usées quand des pays voisins comme l’Italie ou l’Espagne se situent plutôt autour des 14%. Et dans des pays arides comme Israël, on est proche des 80% d’utilisation des eaux recyclées.

Certains stades et golfs précurseurs en France

Certaines collectivités avaient déjà commencé à autoriser le recours à ce type d’arrosage pour les terrains de sport, avant la publication de l’arrêté. C’est le cas de la ville de Cannes qui arrose le stade Pierre de Coubetin avec des eaux usées depuis août 2023. On peut également citer le stade Louis-Chevé, situé à Loudéac dans les Côtes d’Armor, où la municipalité a adopté cette solution dès l’été 2022.

Du côté des golfs, celui du Cap d’Agde avait un temps d’avance. Les services de la ville ont travaillé pendant plus de 5 ans pour finaliser ce projet. Après des travaux d’agrandissements de la station d’épuration et l’installation d’un système de filtration novateur, permettant d’utiliser les eaux usées, regroupant tous les critères en termes de qualité de baignade en sortie de station d’épuration, ou encore l’aménagement de 3km de canalisation, le « green » est arrosé à 70% avec des eaux recyclées depuis 2021. Bien que le coût de l’opération se soit élevé à 5,5 millions d’euros, ce sont environ 200 000 m3 d’eau potable et 120 000 € qui sont désormais économisés annuellement selon le média irrigazette.com.

Bien entendu, le recours à ces eaux usées n’est pas la solution miracle mais elle apparaît comme un début de réponse aux nombreux enjeux liés à la crise climatique et aux tensions hydriques.

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