Environ 80% de l’empreinte carbone d’un événement sportif est lié aux transports des spectateurs. Une problématique majeure qui doit amener à un certain nombre d’évolutions. De multiples solutions existent pour réduire ces émissions. Parmi elles : la mobilité active. Deuxième épisode de notre série “Mobilités”.
Nos jambes. Elles sont véritablement le meilleur moyen de réduire les émissions de CO2 de nos transports, tout en limitant les risques pour la santé que représente la sédentarité. On ne trouvera donc pas mieux que la mobilité active, c’est-à-dire la marche et le vélo, qui émettent environ 0kg de CO2 quand, sur 20 kilomètres, une voiture seule émet 4,35 kg. Pour les citadins, se rendre à un événement sportif à pied ou en pédalant n’est probablement pas la concession la plus difficile à faire, mais il existe des obstacles. La sécurité en est un premier pour les cyclistes.
“Avoir un parking sécurisé sur un événement permet de multiplier par 3 l’usage du vélo” prévient d’emblée Mathieu Labey, fondateur de Wheelskeep, solution flexible et sécurisée de parking à vélos. “Ces statistiques ont été vérifiées lors des Jeux olympiques puisque le COJOP a questionné les usagers. À la question : « S’il n’y avait pas de parking sécurisé, seriez-vous venu à vélo ? », 70% des spectateurs ont répondu que non, ils ne l’auraient pas pris.” Pour éviter les déconvenues de vol et de dégradation, Wheelskeep fait donc du gardiennage à proximité de certains stades comme le Parc des Princes (PSG) ou le Stade Ernest-Wallon (Stade Toulousain), et certaines grandes salles comme l’Adidas Arena à Paris.
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L’entreprise française propose aussi un service d’atelier de réparation. “Pour nous, quelqu’un qui va crever et qui va décider de laisser son vélo sur l’espace public, il va se le faire voler. Et on n’aura pas rempli notre mission” poursuit le dirigeant. Preuve que l’accessibilité au stade participe pleinement à la fan expérience. Du côté du Vendée Globe, on est sur la même ligne. “Nous avons lancé une campagne de communication dédiée : « Pour rejoindre le Vendée Globe, ne venez pas aux Sables Alone ». Le message est que l’aventure Vendée Globe du visiteur ne démarre pas à son arrivée sur le village, nous voulions intégrer son trajet pour les Sables d’Olonne à son expérience” nous explique Alain Leboeuf, Président du Vendée Globe et du département de Vendée.
Fan expérience et décarbonation : ce duo a de quoi séduire les événements sportifs, en recherche constante de progression sur ces deux sujets. Wheelskeep propose d’ailleurs la quantification réelle du gain carbone aux organisateurs, qui peuvent aussi conserver le matériel sur site pour déployer le service rapidement sans avoir recours à une logistique carbonée.
Côté usagers, la priorité ne semble pas être la même. “Les organisateurs doivent s’adapter à la nouvelle génération qui veut venir à vélo” avance Mathieu Labey. Pour quelles raisons ? Éviter le stress lié aux embouteillages, par exemple. “Selon moi, il s’agit d’un mélange de liberté, d’habitude, de vitesse et de flexibilité pour les gens. En deuxième point, évidemment, ce n’est pas désagréable de se dire qu’on décarbone.” Si la demande créée parfois l’offre, l’inverse est aussi possible. “Au Stade Toulousain, au départ, on nous disait qu’il n’y avait pas de vélo, que ça n’existait pas. Mais c’est parce qu’il n’y avait pas de parking ! Et maintenant, on se retrouve avec des parkings qui explosent, avec plus de 800 vélos.” Et autant (ou presque) de voitures en moins.
La mobilité active en complément d’autres mobilités
Pour celles et ceux qui viennent de plus loin, la marche ou le vélo se couple souvent au train ou au covoiturage. C’est le cas aux Sables d’Olonne qui accueille dans quelques semaines le départ du Vendée Globe, et son village d’animations. “Si nous souhaitons éviter que les visiteurs viennent de manière carbonée, il faut qu’une fois sur place ils n’aient pas besoin de leur voiture” poursuit Alain Leboeuf. L’organisation, qui s’est récemment lancée dans un grand plan environnemental, a érigé les déplacements comme priorité de l’édition 2024, et la mobilité active y prend naturellement place.
“Nous avons notamment travaillé avec l’Agglomération des Sables d’Olonne pour mettre en place un ensemble de solutions accessibles et décarbonées. Le village est accessible à pied depuis la gare des Sables d’Olonne, qui se situe à moins de 900m, et à vélo avec 800 places de stationnement installées aux entrées, en navette gratuites depuis les parkings relais, en bus avec une offre journalière et une offre pour 3 semaines, en navette maritime électrique, etc.“
Cette multimodalité s’applique aussi bien sur de grands événements dont les spectateurs viennent souvent de loin, qu’en zone péri-urbaine ou rurale, des endroits où le lieu de l’événement (stade, arena, etc…) perd en proximité, est moins bien desservi par les transports en commun et où les routes ne sont pas toujours adaptées à la pratique du vélo. Ici, le deux-roues et la marche permettent alors de décarboner le fameux “dernier kilomètre”, obsession de bien des organisateurs d’événements.