L’éco-aventurière Vorlette Fakhri va traverser du 24 au 30 novembre le Massif central pour réconcilier la laine française avec la mode et les vêtements de sport.
Parmi les éco-aventuriers de l’équipe Sport Planète, Vorlette Fakhri (26 ans) se démarque assez nettement. Diplômée en sciences sociales, politiques et environnementales, la jeune éco-aventurière a une forte appétence pour les enjeux de la mode et des textiles éthiques. Ce sont ces deux sujets qui vont l’amener sur la « Route de la laine ». Cette aventure à vélo de 270 kilomètres – avec 4600 mètres de dénivelé positif – se déroulera du 24 au 30 novembre prochain, au coeur du Massif central.
Vorlette Fakhri y rencontrera plusieurs acteurs emblématiques de la laine française entre Clermont-Ferrand, Saint-Pierre-Roche, Felletin et Aubusson « pour pouvoir documenter leur travail et sensibiliser le public à ces modes de fabrication et ces alternatives meilleures de production qui existent déjà en France », précise l’éco-aventurière, aussi coordinatrice du tremplin Mode à impact au Campus Mode Métiers d’Arts Design.
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Le lien avec le sport ne s’arrête pas à ces centaines de kilomètres à parcourir à deux-roues. La laine est une fibre naturelle animale trop peu valorisée, dont les propriétés ont bien des vertus pour les vêtements de sport, et notamment les vêtements techniques.
« Depuis une petite dizaine d’années, les vêtements techniques sportifs ont envahi notre vestiaire du quotidien » remarque Vorlette Fakhri. « Je ne suis pas contre cette tendance, mais nous portons des vêtements qui ont des fonctions qu’on ne va pas forcément utiliser, et ces technicités, nous les atteignons aujourd’hui avec des fibres synthétiques, type polyester. Nous avons une augmentation de cette production, et ces vêtements en polyester ont un énorme impact environnemental, tant au moment de leur production qu’au moment de leur fin de vie.
Des vêtements en monomatière comme idéal
Tout le contraire de la laine qui, lorsqu’elle n’est pas mélangée à ces fibres synthétiques, est entièrement biodégradable. La jeune femme promeut justement cet « idéal » : le monomatière. La laine produite en France est isolante, protège du froid et du chaud, peut absorber 30% de son poids en eau, maintient au sec malgré un effort physique prononcé. Elle est aussi antibactérienne, peu odorante et résistante. La fibre parfaite, d’autant plus si elle est produite en France.
Ce n’est pas toujours le cas de la laine mérinos, « la laine la plus technique » selon Vorlette Fakhri. Elle est souvent utilisée pour des vêtements techniques sportifs. « C’est l’une des plus fines de toutes les fibres textiles existantes. Elle a des qualités exceptionnelles. Elle est loin devant. Mais l’immense majorité de la laine mérinos dans le monde vient d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Il y a donc un sujet sur l’importation » et leurs émissions de CO2, commente t-elle, tout en précisant que si elle reste minime, la production française existe.
Son rêve ? Que l’industrie du textile travaille main dans la main avec les éleveurs. Parce que les différentes façons d’élever un mouton ont des répercussions sur la qualité des fibres de laine. Et parce qu’aujourd’hui, « il y a une partie extrêmement faible de la laine française qui est utilisée, le reste est jeté. On perd de la ressource. Quand elle est vendue, elle l’est à un coût inférieur à celui de la tonte de l’animal, sachant que l’animal doit être tondu tous les ans. On a donc une perte de ressources, et on a une perte économique pour les éleveurs. Il faut inverser cette tendance. » Et elle compte bien y contribuer.